«On a voulu attenter à ma vie», dixit Cellou Dalein Diallo. Comme attendu, le président de l’Union des Forces démocratiques de Guinée, s’est rendu au Tribunal de première instance de Conakry 2, Dixinn. Avec une foule nombreuse de militants et de sympathisants. Pour répondre à la plainte de «diffamation et d’incitation à la haine par voie de presse», déposée par Malick Sankhon, actuel Directeur général de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale, CNSS.
Informé que la partie plaignante a décidé de retirer la plainte pour passer à la «médiation pénale» au lieu de la procédure pénale, Cellou Dalein Diallo a rejoint son domicile, aux environs de 10 heures, heure locale, avec ses militants dont le nombre ne cessait d’augmenter. Au point que la circulation a été paralysée. Parvenu chez lui, l’opposant a vu son domicile pris à partie par des jeunes surexcités, armés de pierres.
Selon l’opposant, au moins 17 blessés ont été enregistrés dans les rangs de ses militants, les agents de police déployés en nombre, sont quasiment restés indifférents.
Une dizaine de véhicules, ont vu leurs vitres voler aux éclats. Les voitures notamment de Fodé Oussou Fofana, Alimou Koundara Diallo, Kenda Diallo, tous de l’UFDG. Des injures proférées par les militants de Cellou Dalein Diallo, les policiers en ont entendu. Un journaliste a été pris à partie par la police, votre serviteur est blessé à la jambe gauche.
Cette scène qui se situe après exactement dix jours de l’enregistrement «d’avancées significatives» dans le dialogue politique inter-guinéen, sous les auspices des Nations Unies, des Etats-Unis d’Amérique, de la France, de l’Union européenne, de la CEDEAO, risque de faire perdurer la crise socio-politique guinéenne.
Cellou Dalein Diallo a menacé de se retirer de ce dialogue, piloté par Saïd Djinnit, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en Afrique de l’Ouest et facilitateur désigné du dialogue inter-guinéen.
AfricaLog a recueilli la réaction du leader de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo:
«Le matin, comme vous le savez, nous avons décidé d’aller répondre à la convocation du Tribunal. Et des militants étaient venus pour nous accompagner. On a pu partir, tranquillement, dans la discipline, sans aucune violence. Les usagers de la route que nous avons rencontrés peuvent le témoigner. Au tribunal, nous nous sommes entretenus avec le Procureur, en présence des avocats des deux parties. Lorsqu’on a fini, on a pris le chemin de la maison avec toujours le petit cortège qui nous avait accompagné. Arrivé au niveau du Lycée technique de Donka, malheureusement, la Police nous a rejoints, en essayant de disperser le cortège avec des gaz lacrymogènes. Les jeunes ont riposté. Il y a eu bagarre qui s’est rapidement calmée. Les policiers sont partis du côté de la Corniche-Nord, et nous, on a continué sur la route Leprince. Mais lorsqu’on a dépassé le Stade du 28-Septembre, ils nous ont rejoints encore, un peu renforcés. Ils ont commencé à pulvériser le cortège de gaz lacrymogène. C’est ainsi qu’on est arrivé un peu difficilement. Au niveau de la station Shell, avant d’arriver à mon domicile, j’ai dû essayer de leur parler. J’ai demandé aux militants de se calmer. J’ai demandé aux policiers de se calmer et d’arrêter à nous pulvériser du gaz lacrymogène et aux jeunes d’arrêter de jeter les pierres.
Malheureusement, la Police n’a pas obtempéré. Moi-même j’ai reçu ma dose du gaz lacrymogène et difficilement, on a pu arriver dans mon domicile. Je m’attendais à ce que, une fois dans le domicile, je sois protégé. Puisque le droit propose la résidence privée. Malheureusement, c’est là qu’ils se sont acharnés sur ma résidence qu’ils ont rapidement encerclé. Je dis ils au pluriel: les Policiers et les loubards civils, fort nombreux. Ils ont entouré la maison du côté de la mer et du côté de la Corniche et ils ont continué à jeter des pierres et des bombes lacrymogènes dans le domicile. A un moment donné, c’était la panique. Personne ne pouvait voir personne à côté, du fait de la fumée du gaz lacrymogène. Finalement, il y a eu beaucoup de blessés. Lorsque les jets de pierres ont commencé tout le monde était dans la cour et il y a eu plusieurs blessés.
Nous avons essayé d’appeler la Gendarmerie, malheureusement, personne n’a voulu réagir. Hélas, nous avons dit que nous allons faire les enquêtes. Nous sommes dans une situation où nos vies sont menacées. Au plus haut niveau de la Gendarmerie, on nous a dit: Non, le Chef d’état-major est en réunion, c’est son aide de camp. Mais dites-lui que c’est urgent, il y a la vie des gens qui est en danger ici. Parce que ceux qui étaient venus nous agresser, avaient l’intention d’attenter à la vie des militants et sympathisants ici. Ils étaient venus du côté de la mer et de partout, ils ont cassé les véhicules et fait au moins 17 blessés.
C’est inacceptable. Cette violation de mon domicile ne peut avoir lieu que si Alpha Condé a donné des instructions. Les gens ne peuvent pas me traiter comme ça dans ce pays. J’ai été un partisan de la paix, un partisan du dialogue, ce n’est pas en ce moment-là qu’on va m’agresser dans mon domicile si les instructions ne viennent pas d’Alpha Condé. C’est lui qui est responsable de cette situation. Encore une fois, on a voulu attenter à ma vie, on a violé mon domicile. On ne peut pas continuer comme ça. Je vais faire une réunion du Bureau politique demain et on verra l’opposition républicaine. On va suspendre notre participation au dialogue, parce qu’on ne peut pas dialoguer dans ces conditions. Parce qu’on n’a pas de respect pour les gens qui veulent que la paix règne dans ce pays, qui prennent à leur corps défendant des décisions pour qu’on trouve le moyen de nous entendre et d’aller à des élections apaisées. Si c’est comme ça qu’on les traite, ils n’ont qu’à continuer leur processus. En tout cas l’UFDG ne participera plus à ce dialogue, tant que cette situation n’est pas clarifiée et que les coupables ne sont pas identifiés.
Nous allons continuer les manifestations. Je vais lancer un appel à mes militants de sortir et exprimer leur ras-le-bol, exprimer leur indignation face à ce qui est arrivé ici. A partir de demain, on va prendre les dispositions. Nous allons exprimer notre indignation face aux agressions dont nous avons fait l’objet. Puisqu’ils n’ont pas de respect pour les partisans de la paix, pour les partisans du dialogue et on va aussi exprimer notre désaccord par les moyens légaux, notre indignation et notre désaccord avec ces pratiques d’un autre âge.
Il y a eu beaucoup de blessés par balles, beaucoup d’arrestations quand on revenait. Alors que nous sommes allés tranquillement au Tribunal, et nous y sommes revenus aussi tranquillement. Nous n’avons fait que répondre à la convocation de la Police, pour marquer notre attachement au droit, même si on sait que c’est Alpha Condé qui utilise Malick Sankhon et la Justice pour nous intimider, peut-être même nous condamner. Mais, on sait que c’est politique.»
AfricaLog.com