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Claude Pivi inculpé pour le massacre du 28 septembre 2009

Jun 30, 2013
Claude Pivi inculpé pour le massacre du 28 septembre 2009

«Ce qui nous touche, nous victimes, c'est que, les personnes citées dans cette affaire, sont toujours libres et font ce qu’ils veulent. Nous attendons toujours que justice soit faite, c’est ce qui nous préoccupe», déclarait, il y a quelques mois, Mme Asmaou Diallo, Présidente de l'Association des victimes, parents et amis du 28 septembre.

Elise Keppler, Juriste senior au programme justice internationale à Human Rights Watch se voudra plus précise: «Les juges doivent encore interroger au moins deux suspects principaux, notamment, le capitaine Dadis Camara, qui était Président au moment où les crimes ont été commis, et le capitaine Claude "Coplan" Pivi, ainsi que des témoins qui ne sont pas suspects mais sont membres des services de sécurité guinéens».

Aujourd’hui, c’est chose faite. Depuis le 27 juin, date de son audition, lieutenant-colonel Claude Pivi alias "Koplan", a été inculpé des événements du 28 septembre 2009 au stade du même nom.

On l’appelle affectueusement "Koplan" avec "K", comme il l’écrit, lui-même, car il est d’un niveau d’étude approximatif.

Il a été révélé au grand jour à la suite de la série de mutineries lors desquelles il s’était montré en chef de file. Naturellement, il couvrait [dans le sens de protéger] un certain Moussa Dadis Camara qui préparait sa propre venue au pouvoir.

Ainsi, une fois le pouvoir entre les mains de ce dernier, il fera de "Koplan" le Ministre chargé de la Sécurité présidentielle dès le gouvernement qui sera formé par le Premier ministre Kabiné Komara.

Depuis, en dépit des dérapages et autres failles intervenus au niveau de la garde présidentielle, Claude Pivi est demeuré inamovible. Parce qu’il sera reconduit par l’élu du 7 novembre 2010, en l’occurrence, Pr. Alpha Condé. Ce dernier va même le décorer suite à l’attaque du domicile privé du Président à Kipé.

Mais, ce que beaucoup ont feint d’ignorer, c’est que Koplan trainait derrière lui une boule qui était le massacre du stade du "28 septembre", pour avoir été, lors des incidents regrettables, le bras armé du CNDD, la junte au pouvoir à l’époque. Et il vient d’être rattrapé par la justice.

En effet, notre fameux Ministre de la Sécurité présidentielle vient d’être inculpé. C’était le jeudi 27 juin par le pool de trois (3) juges d'instruction chargés de l'enquête sur le massacre du 28 septembre 2009 perpétré au stade du même nom.

On parle de massacre car le bilan finalement admis par l’opinion est de 150 personnes tuées à la suite de manifestation convoquée par les Forces vives pour s’opposer à la candidature du Chef de la junte, capitaine Moussa Dadis Camara.

Claude Pivi se voit inculpé aujourd’hui pour des chefs qui seraient: meurtres, viols, pillages, incendies, coups et blessures volontaires.

Selon des indiscrétions, Koplan aurait simplement confié aux juge: «je ne reconnais pas les faits qui me sont reprochés».

Nombreux sont cependant les Guinéens qui semblent surpris de cette décision judiciaire tant l’homme passe pour "fort" depuis qu’il s’est signalé lors des mutineries pendant les derniers mois du régime de feu le général Lansana Conté. On l’appelle d’ailleurs affectueusement au sein de la troupe, «Chef du village».

Et ce n’est pas pour rien que le Président de l’OGDH avait affirmé: «Depuis le début de l’instruction, les victimes que nous accompagnions dans cette procédure, craignaient que Claude Pivi, en raison des fonctions qu’il occupe et de sa place dans la hiérarchie militaire, échappe à la justice». Thierno Maadjou Sow de se réjouir aujourd’hui de cette inculpation de Pivi: «Hier [26 juin 2013, NDLR], les juges d’instruction ont apporté un premier élément de réponse en l’inculpant formellement. M. Pivi est présumé innocent et il va désormais pouvoir préparer sa défense, mais c’est déjà une première victoire pour les parties civiles et plus largement dans la lutte contre l’impunité en Guinée».

Le lieutenant-colonel Claude Pivi est encore attendu le jeudi 4 juillet par le pool de juges d’instruction.

Même satisfaction au niveau de la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l'Homme (FIDH) qui se réjouit de cette décision de justice à travers son responsable du bureau Afrique, Florent Geel: «Les juges d’instructions ont convoqué, entendu Claude Pivi, et l’ont inculpé pour des crimes qu’il aurait lui-même commis le 28 septembre et dans les jours qui ont suivi».

De son côté, Me Drissa Traoré, Vice-président de la FIDH estime que: «cette affaire est une opportunité pour la justice guinéenne de juger les responsables de graves violations des droits de l’Homme. La Guinée doit saisir cette occasion pour restaurer les victimes dans leurs droits et pour renforcer un système judiciaire qui a souffert de cinq décennies d’arbitraire».

Certains trouvent que cette inculpation constitue le moindre mal pour Pivi qui est dans le viseur de la Cour Pénale Internationale depuis le massacre du 28 septembre 2009. Et on sait que la CPI qui suit de près l'évolution de l'enquête sur les événements du stade du "28 septembre", à travers les nombreux séjours de ses magistrats à Conakry, n’avait cesse de réclamer l’inculpation de l’homme.

AfricaLog.com

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