Saïd Djinnit au Président de la République: «L'accord conclu ce jour vous honore et honore l'ensemble des acteurs politiques». Au terme du dialogue politique inter-guinéen le mercredi 3 juillet et qui s’est soldé par la signature de l’Accord sur la préparation et l'organisation des élections législatives de 2013, dès le sortir de la Salle des Actes du Palais du peuple, l’ensemble des parties prenantes a été reçu dans la soirée par le Président Alpha Condé au Palais présidentiel.
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On notait la présence du Premier ministre, des Membres du Gouvernement, des leaders de la Mouvance présidentielle et de l'opposition, de représentants d’autres partis politiques, du président et des autres membres du Bureau de la CENI, des Co-facilitateurs, des représentants des partenaires bilatéraux et multilatéraux de la Guinée ainsi que des femmes leaders qui n’ont cesse d’œuvrer pour la restauration de l’entente au sein de la classe politique.
A cette occasion, l’auditoire a eu droit à deux adresses. La première, celle de Saïd Djinnit, facilitateur international. La seconde, celle du Président Alpha Condé.
Ainsi, il était 19 heures 30, lorsque le Facilitateur de la Communauté internationale, Saïd Djinnit, a pris la parole pour s’adresser au Chef de l’Etat et lui faire le compte-rendu du déroulement du dialogue politique qui a abouti à la signature de l’accord entre les acteurs politiques guinéens sur l'organisation des élections législatives 2013.
AfricaLog a suivi les deux discours:
«Permettez-moi tout d'abord de me féliciter de la signature cet après-midi de l'accord conclu entre les acteurs politiques guinéens sur l'organisation des élections législatives 2013. L'esprit de compromis qui a prévalu au cours des semaines de dialogue politique augure positivement du climat apaisé que nous souhaitons tous voir s'instaurer pour la poursuite du processus électoral, en vue de la tenue d'élections libres et transparentes.
Au nom de mes collègues facilitateurs nationaux et au nom de la communauté internationale que j'ai l'honneur de représenter au sein du Collège, je tiens à vous exprimer toute notre gratitude pour la sagesse dont vous avez fait preuve en initiant ce dialogue politique, Monsieur le Président.
L'accord conclu ce jour [mercredi 3 juillet, NDLR] vous honore et honore l'ensemble des acteurs politique de tout bord et le peuple guinéen. En effet, comme j'ai eu a le dire hier [mardi 2 juillet, NDLR] à l'issue de la réunion du dialogue, au-delà de toutes considérations politiques, la Guinée s’est enrichie du fait qu’elle a renoué avec la tradition séculaire de dialogue qui a fait toute la grandeur et l’unité de ce pays.
A l'heure où le Gouvernement, la CENI, ainsi que les partis politiques s'engagent dans la mise en œuvre des dispositions de l'accord vers la tenue des élections législatives, vous pouvez compter sur le soutien indéfectible des partenaires internationaux, soucieux d'accompagner la Guinée dans la consolidation de ses institutions démocratiques. Nous sommes conscients que la tenue des élections législatives et la mise en place de l'Assemblée Nationale ouvriront la voie a une phase plus propice a la mobilisation de toutes les énergies du pays vers le redressement et le développement socio économique avec le soutien des partenaires bilatéraux et multilatéraux.
Je tiens à remercier chaleureusement mes collègues facilitateurs nationaux avec lesquels nous sommes employés à soutenir les parties tout au long du dialogue. Je tiens également à saluer la parfaite symbiose entre les acteurs politiques guinéens, ainsi que la contribution importante de la CENI et des partenaires internationaux. Je salue également le Ministre d’Etat François Fall pour sa présidence efficace des travaux du dialogue, ainsi que le Premier Ministre sous la direction duquel le dialogue a été placé.
En conclusion, permettez-moi de nouveau de vous féliciter, Monsieur le Président, Chef de l’Etat, pour cette avancée significative dans la recherche de la cohésion sociale et nationale et le renforcement de la démocratie.
Tout cela a été possible grâce au dialogue que vous avez mis en place et qui a permis de parvenir à cet accord. Je vous remercie».
En prenant la parole, le Président de la République a commencé par remercier l’ensemble des partenaires qui ont rendu possible le dialogue: «je dois d’abord remercier nos partenaires bilatéraux et multilatéraux et particulièrement notre frère Saïd Djinnit, qui a presque, abandonné ses hautes fonctions de Représentant des Nations Unies pour venir s’installer à Conakry. Et, je crois qu’il a fait preuve de très grande patience. Il a déjà montré lors de l’élection présidentielle [de 2010, NDLR] l’amour qu’il a pour notre pays. Donc, je ne suis pas surpris qu’il ait consacré tant de temps pour qu’on arrive à cette situation.
Nous allons remercier aussi nos partenaires multilatéraux (le PNUD, l’Union Européenne) et bilatéraux (l’ambassade de France, l’ambassade des Etats-Unis, etc.) pour toute la contribution qu’ils ont apportée pour que ce dialogue réussisse.
A mes compatriotes, je dirais que la Guinée a besoin de reformes et des reformes très profondes parce que nous venons de loin. Mais la réalisation de ces reformes aussi permet de renforcer l’unité. Enrichissons de nos différences. La Guinée de paix, de tranquillité et de concorde nationale. Beaucoup de pays voisins ont connu la guerre. Nous y avons envoyé nos soldats. Dieu merci, la Guinée n’a jamais connu la guerre.
Donc, je dois féliciter tous les acteurs du dialogue. Chacun a fait preuve de bonne volonté ; chacun a pu se surpasser, se dépasser pour qu’on arrive à cet accord. Et je crois que cela honore la Guinée. Nous avons besoin de développer notre pays parce que si nous étions appelés à être le pays-moteur de l’Afrique de l’ouest, nous sommes aujourd’hui les derniers. Donc, c’est un défi qui interpelle tous les Guinéens ; particulièrement la classe politique. La bataille politique n’est pas la guerre, c’est une compétition. Malheureusement, en Afrique…
Vous voyez en France, les gens s’accrochent au Parlement, ils s’invectivent. Après, ils vont au buffet du Palais Bourbon [Assemblée nationale française, NDLR] et ils vont boire ensemble.
Il faut donc que l’on ait une vision de la démocratie. La compétition est normale. Mais, la compétition, ce n’est pas la guerre.
Et comme nous sommes un pays à majorité musulman, même si la Guinée est un pays laïc, nous disons que le Pouvoir, c’est Dieu qui le donne, c’est Dieu qui le retire. Donc, nous devons être fidèles à nos traditions. Je souhaite donc que la campagne [qui va s’ouvrir, NDLR], soit une campagne civilisée. En tout cas, au niveau du pouvoir, nous prendrons toutes les dispositions pour assurer la sécurité de tout le monde. Je souhaite aussi que chacun pense à la sécurité de l’autre ; parce que la liberté de chacun s’arrête là où commence celle de l’autre».
Le Chef de l’Etat va aborder d’autres sujets dans le sens de l’apaisement. Invite a été faite pour que les média guinéens ne soient pas des média pyromanes. Il a souhaité que chacun observe dans son quotidien, l’éthique et la déontologie du métier. Le Président de la République a terminé en adressant un hommage aux braves dames qui ont œuvré à leur façon pour que les acteurs politiques voient plutôt le pays dans leurs différentes considérations. Il a souhaité que les prochaines élections législatives soient libres, inclusives et transparentes.
AfricaLog.com