Le village de Moussa Dadis Camara en ébullition
Jul 17, 2013
Deux communautés de la Guinée-Forestière se sont violemment affrontées tôt ce lundi 15 juillet, dans la sous-préfecture de Koulé, préfecture de N’Zérékoré, située à environ 900 kilomètres au sud-est de Conakry. C’est du moins ce qu’a appris AfricaLog de sources concordantes. L’accrochage a eu lieu entre les peuples Koniankés et Guérzés. Le bilan fait état d’au moins quatre morts, une trentaine de blessés et d’importants dégâts matériels, selon un citoyen de Koulé, cité par des sources dignes de foi.
«C’est aux environs de 5h du matin que tout a commencé, quand un jeune mécanicien est passé devant une station d'essence pour aller déjeuner. En ce mois de ramadan, les musulmans se lèvent la nuit pour manger, avant de jeûner dès les premières heures de la journée. Tout à coup, l’un des gardiens de l’essencerie a pensé au voleur et a abattu le jeune qui était avec un de ses amis qui a été blessé. Mais il se trouve que le jeune tué est un konianké et l’essencerie appartient à un guérzé. Le matin, les jeunes koniankés mis au courant de la nouvelle par la victime blessée, se sont soulevés contre les guérzés. Et ça a dégénéré entre les deux communautés armées de machettes, de couteaux et de fusils artisanaux», rapporte un confrère de la place qui a joint un habitant de la sous-préfecture de Koulé.
Selon d’autres sources, les forces de maintien d'ordre ont tenté de rétablir le calme dans la localité à coup de gaz lacrymogène et de sommation. Mais, dans la journée, les violences ont contaminé la ville de N’Zérékoré, située un peu plus au sud de Koulé, à plus de 70 kilomètres. Des témoignages indiquent que c’est pour venger la mort du jeune apprenti konianké à Koulé que les koniankés de N’Zérékoré s’en sont pris à des biens matériels des guérzés, communautés autochtones de la ville. Ces derniers ont répliqué par des armes blanches et ont érigé des barrages au niveau des axes principaux de la ville, pour filtrer les passants. Les koniankés ont fait les frais de cette vindicte populaire.
Selon plusieurs témoins joints au téléphone, il y a eu des blessés à coup de machettes et autres armes blanches. Durant plusieurs heures, les forces de l’ordre n’avaient pu maintenir le calme entre les deux rivaux. Le bilan s’est alourdi, dit un habitant de la ville qui parle de trois morts. Un autre a parlé de quatre morts, avec au moins une vingtaine de blessés admis à l’hôpital régional de N’Zérékoré.
Au moment où nous mettions en ligne, la tension était encore perceptible dans les deux zones. Les autorités ont été même amenées à instaurer un couvre-feu pour faire baisser la colère.
Les affrontements intercommunautaires sont fréquents entre différentes communautés de la Guinée-Forestière, frontalière des pays de la sous-région qui ont connu la guerre civile. L’un des derniers cas les plus macabres remonte à début mai 2011 dans la localité de Galakpaye, préfecture de Yomou. Il y avait eu au moins 25 morts, plusieurs blessés et une vingtaine de bâtiments incendiés.
Les Guérzés ou Kpélès qui sont les autochtones de la région, vivent avec des malinkés (Koniankés) venus principalement de la Haute-Guinée depuis des siècles. Mais des conflits sont récurrents entre ces deux ethnies, au sujet des terres notamment.
Rappelons que Koulé-Centre, d’où a eu lieu cet incident macabre, est le village natal de capitaine Moussa Dadis Camara, ex-chef de la junte guinéenne qui s’est emparé du pouvoir le 23 décembre 2008, 24 heures après le décès du Général Lansana Conté.
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