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La sécurisation du processus électoral, remise en cause

Jul 22, 2013
La sécurisation du processus électoral, remise en cause

Ce 20 juillet, Yaya Kane, le directeur du département des opérations de la CENI (Commission électorale nationale indépendante), a animé une conférence de presse à Conakry, a suivi AfricaLog sur place. Le conférencier a parlé des activités de la CENI liées au respect du chronogramme électoral obtenu après l’accord politique du 3 juillet dernier. Si celui-ci est respecté, les élections législatives attendues depuis plus de deux ans devraient se tenir le 24 septembre prochain. Mais le problème financier risque de porter un coup dur au processus, du point de vue sécuritaire, notamment. Selon M. Kane, il y a des difficultés pour financer la FOSSEPEL (Force de sécurisation du processus électoral), mise en place à l’occasion de l’élection présidentielle de 2010, pour parer à toute éventualité pouvant affecter le processus électoral. Cette annonce a été faite devant plusieurs commissaires de la CENI, dont Pathé Dieng, le directeur de la planification, qui était resté longtemps malade.

Des préparatifs des législatives

Revenant sur les activités de la CENI, Yaya Kane, après avoir précisé que le délai du dépôt des listes des candidats expire ce 20 juillet à 00h, TUC, a révélé que ce sont deux partis politiques qui ont déposé la liste de leurs candidats : la Nouvelle Génération pour la République, NGR de Abe Sylla, et le BOC (Bloc de l’opposition constructive) regroupant de petits partis politiques se réclamant du centre. Selon M. Kane, le BOC n’a d’ailleurs fait que compléter sa liste. Avant le 30 juin passé, date à laquelle devait se tenir le scrutin législatif, le BOC avait déposé sa liste de candidats. Mais durant la conférence, les commissaires de la CENI, ont estimé que ce retard ne saurait remettre en cause la date du 24 septembre.

Dans sa dissertation sur les préparatifs devant conduire les Guinéens aux urnes le 24 septembre prochain, le directeur du département des opérations à la CENI a évoqué le déploiement des kits qui servent à la révision complémentaire du fichier électoral. Etienne Soropogui, son adjoint, a été un peu plus clair. Selon lui, suite à l’accord politique du 3 juillet entre pouvoir et opposition, la CENI vient de mettre «un dispositif pour gérer, au jour le jour, le processus électoral » afin d’être dans les délais.

Par exemple, dit-il, au niveau des CARLE (Commissions administratives de révision des listes électorales), 1775 sont actuellement fonctionnelles sur les 2000 prévues. Et que l’écart de 225, serait lié aux « pannes des kits » Et de souligner: «Mais les données de N’Zérékoré et de Beyla sont inchangées depuis le 15 juillet, à cause des émeutes enregistrées dans les deux préfectures.» S’agissant des pannes, elles seraient liées au mauvais entretien des groupes électrogènes, pendant la précédente période d’enrôlement. «Quand les gens sont venus, ils n’ont pas eu la présence d’esprit de les réparer. Ils ont mis le carburant et ont essayé de les mettre en marche. Et la plupart sont tombés en panne. Mais, quand nous avons été saisis de la question, nous avons aussitôt déployé sur le terrain, le montant qu’il fallait pour les réparer.» Et aujourd’hui, cela permet aux commissaires de la CENI, de dire que ces groupes sont fonctionnels à 90%, renchérit Yaya Kane.

Etienne Soropogui a aussi indiqué que sur les 4000 opérateurs de saisie prévus pour être déployés sur le terrain, 3774 sont effectivement présents. L’absence des 226 opérateurs dans les zones où ils sont affectés, serait liée à l’enclavement desdites localités. La pluviométrie actuellement abondante en Guinée serait aussi l’autre cause, à en croire Etienne Soropogui, qui ajoute que 61 des 200 superviseurs prévus n’ont pas encore rallié les localités qui leur sont destinées dans le cadre de la supervision. «Les préfectures de Mali, les Îles de Boké et Labé sont plus concernées. Les villes de N’Zérékoré et Beyla n’ont pas changé depuis le 15 juillet 2013, en raison des émeutes qu’elles ont enregistrées», a souligné Etienne Soropogui, le directeur adjoint du département des opérations au sein de la CENI.

De la révision complémentaire du fichier

La révision complémentaire du fichier électoral qui a démarré le 13 juillet se passerait tant bien que mal. Selon Etienne Soropogui, 32307 personnes se sont faites réviser ou enrôler au niveau des CARLE.

Et Yaya Kane, de préciser par ailleurs qu’il y a en moyenne, 10 à 14 représentants de partis politiques au niveau de chaque CARLE. Les partis politiques sont «plus ou moins satisfaits de cette opération, en dehors des problèmes qui ont été soulevés.» Il révèle que des constats attestent qu’il y a des enfants de moins de 18 ans qui ont été interpellés, parce que détenant de fausses cartes. Cela se passerait dans les 33 préfectures du pays. Des contrôles vont être effectués et des sanctions sont envisagées contre les coupables. Ces sanctions vont de 1 à 6 mois d’emprisonnement avec 1 million à 2 millions 500 mille francs guinéens d’amende, (environ 350 dollars américains) pour tous les contrevenants et leurs complices, a rappelé Yaya Kane, citant plus de cinq quartiers de Conakry, où les enfants détenteurs des fausses cartes d’identités ou scolaires pour se faire recenser, seraient plus nombreux. Mais, l’orateur a invité les acteurs politiques à prendre leur responsabilité. Car, dit-il, le recensement des enfants ne profitent à aucun d’eux.

Sauf que dans certains milieux, des gens font croire que si les enfants ne se recensent pas, ils n’auront pas de documents de voyage, dont le passeport. C’est pourquoi, Jacques Gbonimy, le directeur du département de la formation a invité les médias, les acteurs politiques, à dénoncer cette «propagande».

Pathé Dieng, le directeur du département de la planification au sein de la CENI, a par ailleurs rappelé que «toutes les violences pré-électorales ou post-électorales naissent à partir du fichier électoral. Soit parce que le fichier n’a pas été inclusif, soit parce qu’il a été tripatouillé ou autre». Il a invité à la responsabilité de chacun en disant : «Ce qu’il faut retenir, ce que le processus électoral, quel qu’il soit et où qu’il se situe, est une chaîne de responsabilité partagée.»

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