Les forces de l'ordre ont ouvert le feu samedi sur une manifestation de l'opposition près du palais présidentiel à Antananarivo, la capitale malgache, tuant une trentaine de personnes, ont annoncé plusieurs radios.
Aucun bilan officiel des victimes n'a été fourni par les autorités, mais la radio publique et une radio indépendante privée avançaient ce chiffre. Un journaliste d'Associated Press a vu les soldats ouvrir le feu et des manifestants tomber à terre, sans savoir s'ils étaient blessés ou tués. Dans la soirée, le président Marc Ravalomanana, 59 ans, est intervenu à la télévision pour dire que les pertes de vies étaient "difficiles" mais imputables à son rival, Andry Rajoelina, ancien maire de la capitale et chef de l'opposition. Le chef de l'Etat n'a pas donné de bilan. "La semaine dernière, (Andry Rajoelina) affirmait qu'il avait pris le pouvoir. Aujourd'hui, il a ordonné à une foule immense de prendre le palais (présidentiel)", a déclaré M. Ravalomanana dans son allocution télévisée, appelant ses compatriotes à l'aider à rétablir l'ordre et à coopérer avec les forces chargées de rétablir la paix et la sécurité. Depuis des semaines, l'opposition au régime du président Marc Ravalomanana multiplie les manifestations, qui avaient déclenché des violences meurtrières fin janvier. Elle est dirigée par l'ancien maire d'Antananarivo, Andry Rajoelina, démis de ses fonctions par le président après avoir tenté de lancer une procédure de destitution contre lui. Samedi, Andry Rajoelina s'est exprimé sur les ondes de la radio indépendante "Viva", appelant les forces armées à "défendre le peuple et stopper les soldats qui tirent sur les gens". Selon des journalistes présents sur les lieux, la manifestation de samedi a débuté sur une place d'Antananarivo où Andry Rajoelina s'adresse régulièrement à ses partisans. Les manifestants, qui étaient plusieurs milliers avec à leur tête Monja Roindefo, intronisé "Premier ministre de transition" par Andry Rajoelina, se sont ensuite dirigés vers le palais présidentiel. M. Rajoelina a affirmé récemment que le palais présidentiel appartenait à la ville d'Antananarivo, mais samedi il a quitté la place de la capitale avant que la manifestation ne s'ébranle. Le 3 février, le jeune et ambitieux Andry Rajoelina, 34 ans, destitué de son poste de maire d'Antananarivo, a été remplacé par un fonctionnaire nommé par le ministre de l'Intérieur. - AP