Un avocat français empêché de se rendre au Gabon pour défendre son client emprisonné après avoir porté plainte contre Omar Bongo a demandé aux autorités françaises de lever cette mesure qu'il juge illégale.
Me Thierry Lévy, qui avait obtenu un visa pour se rendre au Gabon afin de défendre un acteur-clé dans l'affaire qui porte sur le patrimoine immobilier détenu en France par le président gabonais, a été refoulé jeudi avant d'embarquer par la Police de l'air et des frontières (PAF). Cette dernière lui a fait savoir que son visa avait été annulé. Lors d'une conférence de presse vendredi à Paris, Thierry Lévy et son collègue William Bourdon ont demandé au ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, de lever ce blocage, estimant que les accords entre les deux pays étaient violés. Une convention bilatérale impose au Gabon qu'il accepte les avocats sur son territoire, dit Me Lévy, qui souhaite demander au ministre des Affaires étrangères "dans quelles conditions la France entend imposer le respect de cette convention". "Ce que les dictatures militaires d'Amérique latine n'avaient pas fait, le Gabon l'a fait", a ajouté Me Bourdon. Il pense que Paris et Libreville font obstacle de concert à l'action judiciaire sur le patrimoine d'Omar Bongo. Le client de Me Lévy emprisonné au Gabon depuis le 31 décembre est Grégory Gbwa Mintsa. Deux journalistes et deux dirigeants d'associations d'opposition ont aussi été emprisonnés. Grégory Gbwa a déposé en décembre à Paris avec deux organisations non gouvernementales, Transparence International France et Sherpa, une plainte avec constitution de partie civile pour "recel de détournement de fonds publics" visant le patrimoine détenu par les présidents du Gabon, du Congo-Brazzaville et de la Guinée équatoriale. Au pouvoir depuis 1967, Omar Bongo nie toute malversation et a déposé plainte à son tour pour diffamation. Le rapport d'une enquête de police française réalisée en 2007 a établi que lui et ses proches possédaient en France 39 appartements, hôtels particuliers et maisons, dans les beaux quartiers de Paris et d'autres villes, notamment sur la Côte d'Azur. Ont aussi été recensés par la police 70 comptes bancaires. Les plaignants estiment qu'ils ne peuvent avoir été acquis qu'avec de l'argent détourné des caisses de l'Etat. - Reuters