Les forces de sécurité ont tiré à balles réelles pour disperser des dizaines de milliers d'adversaires du régime de Camara qui s'étaient réunis lundi dans le stade du 28-Septembre, où la junte avait interdit un meeting de l'opposition.
Les manifestants soupçonnent Camara de vouloir renoncer à sa promesse et de se présenter aux élections présidentielles prévues le 31 janvier. "Selon des sources hospitalières auxquelles nous avons parlé, 157 morts et 1.253 blessés ont été recensés", a dit Thierno Maadjou Sow, président de l'organisation guinéenne des droits de l'homme. Il a précisé à Reuters que ce bilan ne tenait pas compte des victimes tuées dans le stade du 28-Septembre. "Les soldats ont ouvert le feu sur les gens et ceux qui tentaient de s'enfuir (du stade) ont été attrapés et achevés à la baïonnette", a témoigné Souleymane Bah, militant des droits de l'homme. Il dit avoir vu des dizaines de corps sans vie gisant dans le stade après que les soldats aient dispersé la foule. Il a confirmé de nombreux témoignages relatant les abus commis par les soldats. "J'ai vu des soldats déshabiller des femmes, leur écarter les jambes et les frapper à coups de botte dans leurs parties intimes", a-t-il raconté. AVERTISSEMENT DE L'UNION AFRICAINE Ces violences sont les plus sanglantes depuis la prise du pouvoir par Camara lors d'un coup d'Etat le 24 décembre 2008 après le décès du président Lansana Conté. Elles font suite à plusieurs mois de contentieux entre le chef de la junte et ses opposants. L'opposition guinéenne et l'Union africaine (UA) souhaitent que Camara honore sa promesse et ne soit pas candidat lors des élections présidentielles. Camara n'a pas officiellement fait connaître sa décision mais des diplomates ont indiqué que, lors de conversations privées, le capitaine a exprimé son intention de se présenter. "Face à cette situation, la commission (de l'UA) prépare un rapport sur les événements en Guinée et les possibles actions qui peuvent être prises, y compris des sanctions", annonce l'organisation dans un communiqué qui ne fournit pas de détails sur les mesures envisagées. L'Union africaine a donné à Camara jusqu'à la mi-octobre pour annoncer son absence de la course à la présidentielle. - Reuters