Des femmes ont été violées lundi lors de la répression d'une manifestation de l'opposition par des forces de sécurité, dans un stade de Conakry puis dans des casernes et des commissariats, a assuré mardi le responsable d'une organisation des droits de l'Homme.
"Les viols ont commencé au stade. Des militaires ont violé des femmes", a déclaré Mamadi Kaba, président de la branche guinéenne de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'Homme (Raddho), une ONG basée à Dakar. Des dizaines de milliers de personnes hostiles à la junte s'étaient rassemblées dans le plus grand stade de la capitale avant que les forces de sécurité ne leur tirent dessus, faisant des dizaines de morts. "Nous avons des informations très inquiétantes de femmes détenues dans des camps militaires et des commissariats qui sont violées", a-t-il ajouté depuis Conakry lors d'une conversation téléphonique avec l'AFP à Dakar. Selon lui, les exactions se sont poursuivies mardi. "Les militaires entrent aussi dans les quartiers, pillent les biens et violent les femmes. Nous avons ces informations de sources concordantes, de sources policières et proches des militaires", a-t-il dit, ajoutant: "Beaucoup de militaires et de policiers ne sont pas d'accord avec cela". "La peur règne aujourd'hui en Guinée. C'était simplement un rassemblement. personne ne pouvait imaginer qu'il y aurait de la violence. Le message des militaires, c'est: +nous n'acceptons pas de contradiction+", a-t-il poursuivi. "Nous avons très peur, les prochaines semaines vont être difficiles, les positions vont se radicaliser. A l'hôpital de Donka, le bilan est catastrophique, c'est un carnage, une boucherie, une scène d'horreur", a-t-il ajouté. "Beaucoup de blessés ont succombé à leur blessure, l'hôpital est démuni. Des blessés ne peuvent pas recevoir de soins", a-t-il assuré. Un responsable d'une organisation humanitaire internationale a estimé, sous couvert d'anonymat, "à peu près 300 le nombre de personnes arrivées au CHU de Donka, choquées ou blessées, avec des contusions, des traces de coups de matraque, parfois des blessures par balles". "Des femmes venaient visiblement traumatisées par des agressions, y compris des viols ou tentatives", a-t-il dit, alors que des témoignages dans le même sens s'accumulaient mardi. - AFP