Héroïne au début du quinquennat, la cadette du gouvernement est devenue une cible privilégiée de l'Elysée.
"Comment va la cour? Vous en êtes, vous les journalistes politiques, alors donnez-moi les dernières nouvelles!" Rama Yade a l'ironie de ceux qui n'en font pas, ou plus, partie. Héroïne du début du quinquennat – "Il y aura deux femmes noires sur la scène internationale, Condoleeza Rice [alors secrétaire d'Etat de George Bush, l'équivalent de son ministre des Affaires étrangères] et elle", avait osé ¬Nicolas Sarkozy en privé, dans la foulée de sa victoire – elle est ¬désormais l'une des cibles privilégiées de l'Elysée. Le 15 octobre, lors de la réunion hebdomadaire sur la communication gouvernementale, avec une poignée de ministres et de responsables UMP, le secrétaire général, Claude Guéant, s'en prend à la secrétaire d'Etat aux Sports pendant dix ¬minutes. La veille, à la télévision, elle a mis en garde contre une "coupure entre les élites et les petits". Deux jours plus tard, montrée du doigt par toute la galaxie sarkozyste, elle fera le tour des rédactions pour expliquer qu'elle a été mal comprise. Il y a deux ans, omniprésente lors des déplacements du chef de l'Etat, elle était indispensable sur la photo. Aujourd'hui, c'est son parti, l'UMP, qui la rappelle à l'ordre et la somme de "jouer collectif". "On se bat pour s'émanciper, ce n'est pas pour se retrouver avec les fers aux pieds", prévient-elle. Certains amis de Sarkozy voudraient profiter des élections régionales de 2010 pour exfiltrer la conseillère municipale de Colombes des Hauts-de-Seine. N'aurait-elle même plus sa place dans le fief de la famille présidentielle? – L’Express