La junte militaire de Guinée savait comment empêcher les manifestants ayant entamé une grève de la faim, pour protester contre le massacre du mois dernier, de poursuivre leur action: ils ont été emmenés dans un restaurant et forcés à manger, faute de quoi ils seraient tués, ont affirmé vendredi ces manifestants.
Les dix grévistes de la faim ont été libérés vendredi, deux jours après avoir été arrêtés par la junte militaire. "La nuit dernière, l'armée nous a envoyés dans un restaurant près du siège de la junte. Ils nous ont demandés de mettre fin à la grève de la faim, faute de quoi ils nous tueraient", a déclaré Souleymane Baldé à l'Associated Press. Un autre manifestant, Christophe Koné, a assuré que des militaires les avaient "tabassés" pendant leur détention. "Ils ont pris tout notre argent, nos téléphones. Ils nous ont ensuite forcés à entrer dans un container. C'est Dieu qui nous a sauvés", a-t-il affirmé. Des dizaines de milliers de Guinéens ont répondu mercredi à un appel à la grève générale, un mois après le massacre du 28 septembre à Conakry, la capitale. Ce jour-là , l'armée avait violemment réprimé une manifestation pacifique pour la démocratie à laquelle participaient environ 50.000 personnes dans un stade de Conakry. Le bilan officiel est de 57 morts mais une organisation guinéenne de défense des droits de l'Homme affirme que les soldats ont tué au moins 157 personnes et violé des femmes. La communauté internationale a unanimement condamné la junte militaire de Dadis Moussa Camara, qui a pris le pouvoir en décembre 2008 après la mort du dictateur Lansana Conté. - AP