La cheffe de la diplomatie suisse Micheline Calmy-Rey et son homologue libyen Moussa Koussa se sont retrouvés à Madrid jeudi pour tenter de mettre fin à leur querelle des visas, dans laquelle ont été entraînés les autres pays européens de l'espace Schengen.
Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, qui assistait à l'entretien en tant que représentant de la présidence espagnole de l'Union européenne, a affirmé qu'il y avait "une volonté visible des deux côtés de trouver une solution définitive". "Nous avons bien travaillé", a déclaré au terme de l'entretien Mme Calmy-Rey, selon un communiqué diffusé par ses services.
L'affaire des visas découle de l'arrestation en juillet 2008 à Genève de l'un des fils du dirigeant libyen Moammar Kadhafi, Hannibal, accusé avec sa femme Aline d'avoir maltraité des domestiques. Le couple avait été détenu pendant trois jours avant de regagner la Libye, la plainte ayant été retirée contre un dédommagement.
Mais Tripoli n'a pas voulu en rester là . Le colonel Kadhafi a retiré la plupart des fonds libyens des coffres helvètes et deux ressortissants suisses ont été arrêtés le 19 juillet 2008, officiellement pour activités commerciales et séjour illégaux.
Malgré les excuses finalement présentées par la Suisse, Rachid Hamdami et Max Göldi, qui se trouvent actuellement à l'ambassade de Suisse à Tripoli, ont été jugés, dans le cadre de procédures dénoncées par les Nations unies et Amnesty International comme un chantage politique. M. Göldi a été condamné à quatre mois de prison pour séjour illégal jeudi dernier mais Rachid Hamdani a été acquitté le 7 février et attend son visa pour quitter le pays.
La guérilla diplomatique n'a pas pour autant cessé entre la Suisse et la Libye. La Suisse a en effet dressé une "liste noire" de Libyens, parmi lesquels le colonel Kadhafi et sa famille, auxquels elle refuse un visa, ce qui s'applique automatiquement aussi dans les autre pays de l'espace de libre circulation de Schengen (22 pays de l'Union européenne et trois associés, dont la Suisse).
Tripoli a répliqué en refusant les visas et l'entrée en Libye aux ressortissants de l'espace Schengen. Le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini a accusé la Suisse d'avoir "pris en otages" ses partenaires de l'espace Schengen.
Par ailleurs, le procureur général de Genève, Daniel Zapelli, a réaffirmé jeudi sa "détermination" à identifier la fuite à l'origine de la publication des photos d'identité judiciaire d'Hannibal Kadhafi dans la "Tribune de Genève" le 4 septembre 2009. Il avait alors ordonné l'ouverture d'une enquête pour violation du secret judiciaire. AP