Alors qu’il prétend mener une lutte sans merci contre le terrorisme, Paris a montré dans cette affaire de libération de son otage, détenu par Al-Qaïda au Sahel en échange de l’élargissement de quatre terroristes, que sa politique sécuritaire est tributaire de ses propres intérêts, ignorant totalement le danger que cela pourrait engendrer pour les autres pays.
L’affaire de l’otage français, Pierre Camatte, libéré hier par la branche Al-Qaïda au Maghreb islamique, a mis à nu les véritables intentions de la France dans le cadre de la guerre contre le terrorisme. Paris a montré qu’il ne recule devant rien pour atteindre ses objectifs comme le démontre toute la pression qu’elle a exercée sur Bamako pour l’élargissement de quatre terroristes, tel qu’exigé par Al-Qaïda, en contrepartie de la libération de son otage. L’Élysée a piétiné tous les principes pour parvenir à ses fins.
En effet, alors qu’elle ne cesse de clamer à l’occasion de tous les rendez-vous internationaux son engagement total dans la guerre contre le terrorisme, la France a cédé avec une facilité déconcertante devant les menaces terroristes. Pis, les responsables français ont usé de leur influence pour obliger un pays souverain, le Mali, à répondre favorablement aux exigences d’Al-Qaïda qui demeure l’ennemi numéro un des Occidentaux.
Le plus grave dans l’affaire est que les terroristes élargis sont recherchés dans d’autres pays, qui ont officiellement demandé leur extradition, à l’image de l’Algérie. Cela n’a pas empêché les autorités françaises de forcer la main au régime d’Amadou Toumani Touré pour les libérer. Reste à savoir également si une rançon n’a pas été versée à l’aqmi par Paris, comme cela a été fait auparavant par les Autrichiens, les Suisses et les Espagnols.
Par cette pratique, qui est en opposition avec les principes internationaux de lutte contre le terrorisme, que sont notamment le refus de négocier avec eux et de leur verser des rançons, la France casse la dynamique de la guerre contre ce fléau.
Dans ce cadre, elle n’a pas hésité à placer l’Algérie sur sa liste noire de pays sources de terrorisme, tout en sachant pertinemment que notre pays est un symbole de la lutte contre ce phénomène, pour avoir mené seule son combat malgré l’embargo qu’elle lui avait imposé durant la décennie noire. Aujourd’hui, Paris enfonce le clou en encourageant l’activité terroriste au Sahel à travers ses agissements inexplicables, qui vont à l’encontre des politiques en la matière d’autres pays occidentaux, à l’instar des États-Unis et de la Grande-Bretagne, qui refusent tout dialogue avec les terroristes.
D’ailleurs, Londres a désavoué cette manière de faire de la France en annonçant officiellement qu’elle n’avait aucune raison de mettre l’Algérie sur une liste de pays sources de terrorisme. En visite à Alger, le porte-parole régional du Foreign Office, Martin Day, a indiqué au sujet du paiement des rançons que “le gouvernement britannique refuse toutes formes de concessions, car, a-t-il expliqué, nous considérons que le paiement de rançons mènera à d’autres enlèvements et de prises d’otages à l’avenir”.
Voilà une politique qui a le mérite d’être claire, contrairement à celle de la France, laquelle outre son alignement aveugle sur Washington est souvent caractérisé par une versatilité pour le moins intrigante, comme l’indique la déclaration peu convaincante faite hier par le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero. “Notre mobilisation demeure totale aux côtés des États de la région qui sont tous confrontés à cette menace terroriste”, a-t-il affirmé. Difficile de croire en la sincérité de Paris, quand cela vient juste après la terrible pression sur les Maliens qui ont fini par remettre dans la nature de dangereux terroristes. - Liberté