Le Sénégal veut adopter une loi déclarant la traite des noirs et l'esclavage crimes contre l'humanité, a-t-on appris vendredi de source officielle, près de neuf ans après l'adoption d'une telle loi par la France.
"Abordant la question de la traite négrière, le Président de la République (Abdoulaye Wade) a exposé un projet de loi déclarant l'esclavage crime contre l'humanité", indique le conseil des ministres dans un communiqué transmis à l'AFP.
"Ce nouveau projet de loi adopté, laisse néanmoins la liberté au Parlement (sénégalais) d'en faire une déclaration solennelle ou une proclamation", est-il ajouté dans le texte.
Ce projet est rendu public après un entretien mardi entre le chef de l'Etat sénégalais et le Français d'origine sénégalaise Karfa Diallo, président de l'association DiversCités.
Cette association avait lancé l'été dernier une "campagne africaine pour faire déclarer la traite des noirs et l'esclavage crimes contre l'humanité".
"Il nous paru nécessaire de reprendre ce travail de mémoire qui est une action de justice et de réparation de la tragédie que l'Afrique et sa diaspora ont subie", a déclaré M. Touré à l'AFP, en annonçant qu'il allait également se rendre au Bénin et au Mali.
Selon M. Touré, la France est jusqu'ici le seul pays au monde à avoir déclaré l'esclavage crime contre l'humanité, après une loi votée le 10 mai 2001 à l'initiative de la députée d'origine guyanaise Christiane Taubira-Delannon.
Selon cette loi, "la République française reconnaît que la traite négrière transatlantique, ainsi que la traite dans l'océan Indien d'une part, et l'esclavage d'autre part, perpétrés à partir du XVe siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l'océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l'humanité".
La traite occidentale a déporté quelque 11 millions d'Africains vers les colonies européennes des Amériques et de locéan Indien en un peu moins de quatre siècles (de la fin du 15e siècle jusqu'aux années 1860).
En 1992, le pape Jean-Paul II s'était rendu au Sénégal et y avait demandé pardon à l'Afrique pour les crimes de l'esclavage. - AFP