Le président zimbabwéen Robert Mugabe a défendu samedi une loi qui oblige les entreprises étrangères à transférer 51% de leur capital à des locaux, lors d'une faste célébration de ses 86 ans malgré la crise économique.
"Cette politique vise à permettre à notre peuple de participer plus activement au développement de notre économie", a-t-il lancé devant des milliers de partisans réunis à Bulawayo, la seconde ville du pays (sud-ouest).
Elle est destinée à lutter contre les "vautours néo-impérialistes (...) qui veulent notre or, notre platine, nos diamants, notre uranium et notre terre", a poursuivi le chef de l'Etat qui a eu 86 ans dimanche dernier.
Le gouvernement a publié il y a deux semaines la controversée "loi d'indigénisation", qui suscite l'inquiétude des investisseurs étrangers depuis son introduction en 2007.
Elle a été comparée à la réforme agraire de 2000, qui a débouché sur le départ précipité de plus de 4.000 fermiers blancs et la désorganisation du secteur agricole.
Le président Mugabe a lui-même dressé le parallèle. "Notre politique d'indigénisation, comme la réforme agraire, a pour but de corriger les inégalités historiques dans la propriété de nos ressources", a-t-il dit sous les vivats de la foule.
Comme chaque année, ses partisans avaient déployé les grands moyens pour lui assurer un anniversaire somptueux. Pour cette édition, ils disent avoir récolté 300.000 dollars lors d'un appel aux dons.
Ils ont ainsi pu affréter des bus pour des enfants venus de tout le pays, financer une nuit de concert, une fanfare, des majorettes et un énorme buffet pour les délégués du parti présidentiel.
Cette débauche de moyens contraste avec les difficultés budgétaires de l'Etat, qui n'arrive pas à payer correctement ses fonctionnaires, en grève depuis trois semaines pour obtenir des revalorisations salariales.
Plus globalement, le pays peine à se relever de dix ans de marasme économique, qui se caractérisait fin 2008 par une hyperinflation en milliards de pour cent.
Pour mettre un terme à la crise, le président Mugabe - qui dirige le Zimbabwe depuis son indépendance en 1980 - avait été contraint de former en février 2009 un gouvernement d'union avec son rival historique, Morgan Tsvangirai, devenu Premier ministre.
Leur coalition, couplée à une dollarisation de l'économie, a permis de stabiliser les prix, de faire revenir les donateurs internationaux et de renouer avec la croissance, à 4,7% en 2009.
Mais elle fonctionne de manière conflictuelle, comme l'a encore prouvé l'adoption de la loi d'indigénisation. Morgan Tsvangirai a accusé le camp présidentiel d'avoir publié le décret d'application dans son dos, sans respecter les procédures.
La fragilité du pacte rend encore frileux les investisseurs et empêche un réel redémarrage économique. Une grande partie de la population est au chômage et, selon les Nations unies, 15% des Zimbabwéens auront encore besoin d'une aide alimentaire en 2010.
Officiellement, Morgan Tsvangirai n'a pas fait le voyage samedi à Bulawayo parce qu'il est en convalescence après avoir subi une opération bénigne. – AFP