Par Faya L. Millimouno, Ph.D.
L’échec de la gestion publique de la Guinée depuis son indépendance a poussé bon nombre de guinéens au pessimisme. Nombreux sont ceux pour qui le mot politique renvoie aujourd’hui à tout ce qui est diabolique, trompeur, violence, etc. Le mot suscite une véritable méfiance chez certains guinéens. Ayant tous en commun la croyance que l’espoir n’est plus permis, les pessimistes guinéens peuvent être regroupés en deux grandes catégories.
La première catégorie est composée de ceux qui sont politiquement engagés. Pour cette catégorie, puisque l’espoir n’est pas permis, il faut détruire le système. D’où la tendance à détruire coûte que coûte tout ce qui est cher à la Guinée : la cohésion sociale, l’unité nationale, la paix, etc. Pour les membres de cette catégorie, l’action politique est plutôt réactionnaire et dichotomique (nous contre eux et vice versa).
L’action réactionnaire s’apparente à une rébellion et est dominée par la colère. S’inspirant des rébellions à travers le monde, les membres de cette catégorie de guinéens pessimistes veulent en déclencher une en Guinée. Ils pensent que la politique vise tout simplement à détruire la partie adverse. La victoire pour eux est la seule possibilité. Ils perçoivent l’échec comme la fin du monde, d’où la tendance à user de tous les moyens, y compris la violence, pour sortir victorieux. L’angoisse, le désir de gagner et de contrôler constituent la seule force interne qui les anime. Ils pensent que la confiance entre les guinéens n’existe pas ou ne devait pas exister. Chacun ne devrait porter confiance qu’en lui-même, pensent-ils. A la limite, ils n’ont confiance qu’en leur candidat, souvent de la même ethnie ou région qu’eux-mêmes, pour «résoudre» les problèmes du pays.
Ultimement, l’aboutissement de l’action politique dans laquelle les guinéens de cette catégorie s’engagent véritablement n’est pas de servir le pays, mais de se servir eux-mêmes. Ils veulent conquérir le pouvoir pour lutter contre celui qui ne l’a pas. Et celui qui ne l’a pas est souvent de l’autre ethnie ou de l’autre région.
Les guinéens de cette catégorie pensent aussi que la vérité n’a qu’une existence relative. Les leaders qu’ils suivent pensent d’ailleurs que la population guinéenne est incapable de supporter la vérité, d’où leur tendance à toujours la garder en dehors de son champ visuel.
Il convient de préciser que les guinéens de cette catégorie, comme ceux des catégories ci-après sont de toutes les régions et de tous les groupes ethniques. Ceci pour dire que, comme la bêtise, l’extrémisme - l’intelligence - l’ignorance, etc. sont des données normalement reparties au sein de la population guinéenne.
La seconde catégorie comprend ceux qui se considèrent eux-mêmes comme des «neutres» ou du moins apolitiques. Ceux-ci pensent que la politique n’a aucune importance dans leur vie. C’est probablement la catégorie la plus visible aujourd’hui. Comme la première catégorie, les membres de cette seconde catégorie perçoivent la politique comme n’offrant aucun espoir ; d’où leur tendance à la « neutralité », ou au « désengagement ». C’est très courant d’entendre dans les causeries entre cesguinéens des déclarations comme: « Moi, je n’appartiens à aucun parti… Moi je ne fais pas la politique, etc. »
En termes d’émotion, c’est la dépression et la résignation qui caractérisent les membres de cette catégorie. Mais derrière leur attitude de « neutralité » se cache la méfiance à l’égard des autres. Comme les membres de la première catégorie, pour ceux de cette catégorie, il ne faut porter confiance qu’en soi-même, en sa famille ou, à la rigueur, en sa communauté ethnique immédiate. L’objectif de l’action politique pour eux est ou doit être la satisfaction de soi, de sa famille ou de sa communauté ethnique.
A l’opposé de ces deux premières catégories se trouve heureusement une troisième qui, elle, est composée de guinéens plus ou moins engagés politiquement et qui restent optimistes face à l’avenir radieux de la Guinée, cela malgré le quotidien fait d’occasions manquées, de misère, de violence politique, de méfiance, etc. Ce qui distingue cette catégorie de guinéens des deux premières est d’abord et avant tout leur conception de l’homme. En effet, pour les partisans de cette catégorie, l’homme est un être libre et social aspirant au bien être, capable de décider par lui-même et pour lui-même; un être qui exige ou commande d'être traité avec justice, dans l'égalité et dans l'équité. Comme on le voit, cette conception de l’homme correspond à celle de Grozier et Frieberg dans « L’acteur et le système ».
Contrairement aux partisans des deux premières catégories qui, implicitement, pensent que les diversités ethniques et régionales sont un obstacle, les guinéens de cette troisième catégorie les trouvent plutôt comme une richesse jusque là mal exploitée. Pour ces derniers la vérité n’est pas une illusion, la liberté n’est pas une dépravation, le respect n’est pas une faiblesse, le dialogue n’est pas une perte de temps, la loi n’est pas un encombrement, l’honnêteté et l’intégrité ne sont pas une malédiction et le partage n’est pas une bêtise.
C’est à cette troisième catégorie de guinéens que s’identifient les militants et sympathisants de la Nouvelle Génération pour la République (NGR). Pour mieux traduire la vision des partisans de cette catégorie, nous essayerons de nous attarder dans ce message sur les deux questions importantes suivantes : qu’est ce que la politique ? Pourquoi fait-on la politique ? Les réponses que nous donnons à ces questions collent de très près avec les principes et valeurs chers à la NGR.
En effet, pour savoir ce qu’est la politique, il faut parler nécessairement de ce qu’est la personne humaine. Car la politique loin d’être une simple abstraction comme souvent définie par certains, se doit d’être au service de la personne humaine qui est sa seule essence.
La dignité de la personne humaine est une donnée naturelle, car toute personne naît pourvue de certains droits naturels dont: le droit à la vie, le droit à la liberté, le droit à la libre expression, le droit à la sécurité, le droit à l’égalité devant la loi, etc. Ces droits sont supposés être inaliénables et non négociables. Par exemple, le droit à la vie devait être inviolable. Il est par essence non négociable.
La politique comme science de la gouvernance est née pour protéger tout d’abord ces droits naturels. D’où une bonne politique n’est autre que celle qui protège le mieux possible les droits sacrés de la personne humaine.
La personne humaine est aussi naturellement mue par le désir du bien être, d’une vie heureuse. Donc l’essence même de la politique, c’est la poursuite du bien être des hommes. En tant que telle, faire la politique, c’est initier en vue de quelque chose de meilleur, pour emprunter l’expression de Hannah Arendt. Initier c’est commencer quelque chose de nouveau, quelque chose qui n’a pas encore existé, mais qui est de nature à améliorer la condition humaine. Ainsi, la politique n’est jamais figée ou stationnaire. Elle est dynamique. Son essence est le progrès, le recommencement perpétuel, le rêve constant avant le sommeil, l’initiation du nouveau, la domination de l’ancien,etc.
Par ailleurs, la poursuite du bien être présuppose la CREATIVITE, l’audace. La créativité, elle-même, n’est pas possible sans la LIBERTE ; comme la liberté ne peut se concevoir sans la RESPONSABILITE. L’Etat est l’une de ces créations au service du bien être des hommes. En conséquence, un Etat qui ne favorise pas l’ascension d’une majorité du peuple vers le bien être doit être amendé ou supprimé, parce qu’indigne de l’homme, parce qu’il devient ainsi contraire à la nature humaine qui l’a engendré.
L’Etat a été créé par l’homme pour jouer un rôle précis ; celui de servir en gouvernant bien. Par principe, la NGR croit que cette gouvernance doit rester minimale pour être efficace, car elle ne doit prendre la place de l’homme qui doit continuer de créer lui-même les richesses nécessaires à son bien être. La NGR croit d’ailleurs que les seuls principaux rôles d’un gouvernement sont d’assurer la sécurité des personnes et leurs biens, d’assurer la sécurité des frontières et l’intégrité du territoire, de promouvoir l’égalité des chances, de créer un environnement au sein duquel les individus peuvent prospérer dans une économique concurrentielle, et d’offrir aux populations les services qui ne peuvent encore être mieux offerts par le secteur privé.
Comme on le voit, le gouvernement tel qu’envisagé par la NGR sera limité, pour la raison bien simple que l’homme public partout dans le monde ne produit pas, comme l’a dit Rousseau dans son Contrat social. Il consomme. Il consomme le superflu du peuple qui devient le nécessaire du public. Dans le contexte guinéen actuel, il convient-il de rappeler que le nécessaire des particuliers n’existe même pas, à plus forte raison le superflu.
En dépit des défaillances inhérentes à toute action humaine, la démocratie émerge aujourd’hui comme le système politique du moindre mal par excellence qui favorise le mieux l’ascension d’une majorité de personnes vers le bien être. L’Etat démocratique est un meilleur chemin vers le bien être humain. C’est l’Etat démocratique qui garantit le mieux la LIBERTE nécessaire à la CREATIVITE. C’est pourquoi un des principes qui guident l’action politique de la NGR est celui qui dit que l’homme est capable de créer par lui-même les richesses nécessaires à son bien être, par le travail dur et honnête. La NGR croit aussi qu’il est de la RESPONSABILITE de chaque individu de subvenir à ses besoins, à ceux de sa famille et à ceux de sa communauté.
Une politique qui vise le bien être d’une majorité, si ce n’est de tous, est proprement une politique de service, par opposition à la politique de self-service, actuellement en vigueur en République de Guinée depuis l’accession du pays à l’indépendance. Ce service, loin d’être gratuit, devra être très bien rémunéré, selon la NGR. En effet, la NGR croit que le meilleur moyen de garantir la prospérité et le bien-être des guinéens et guinéennes est de donner à chacun la liberté de défendre ses intérêts légitimes dans une économie de marché, et la possibilité de jouir, en tout temps, des fruits de son travail.
Un gouvernement NGR ne fera donc pas semblant de payer les fonctionnaires comme c’est le cas aujourd’hui. Toutes les étapes de la carrière des fonctionnaires, de la sélection à la retraite en passant par les avancements, etc., bénéficieront de l’attention particulière d’un gouvernement NGR.
D’un point de vue spirituel, le service rendu à son semblable fait partie de ce dont l’homme a besoin pour se réaliser lui-même et permettre aux autres de se réaliser. Pour mieux comprendre cela, il faut prendre l’exemple sur le dictateur qui, sans être au service de personne, soumet par la violence tout le monde à son service. C’est pourquoi les dictateurs ne sont jamais heureux et pire, ils finissent très mal. En général, ils sont obligés de prendre des tranquillisants ou de s’imbiber d’alcool ou de drogues pour trouver le sommeil ou affronter les medias. S’il y a une joie, la plus profonde, c’est celle qui provient du service rendu, du dévouement à une cause juste. Et qu’est-ce qui est plus juste que de se dévouer à la promotion du bien être de ses semblables ? C’est cela la politique telle que l’envisage la NGR.
L’ESPOIR est véritablement NGR. C’est ce qui fait la différence entre les deux premières catégories de guinéens décrites plus haut et nous. En effet, pour nous à la NGR, la possibilité d’une Guinée prospère, harmonieuse, responsable et respectueuse des valeurs humaines existe. Nous percevons la politique comme un véhicule pour créer des alliances avec d’autres pour le bien être de tous. Nous sommes convaincus que partout où il y a intégrité, respect mutuel et intégration, il y a nécessairement de l’espoir.
L’action politique pour le militant de la NGR repose sur la collaboration et l’inspiration. L’amour, le respect et la confiance mutuelle caractérisent nos relations d’avec les autres acteurs politiques. Nous faisons confiance aux institutions fortes, à la sagesse collective des guinéens pour la promotion des politiques équitables. Plutôt que de servir l’ego personnel, le service public pour nous vise à servir les générations présentes et futures.
Le leader de la NGR, consciemment, perçoit son rôle comme celui de contribution ou de participation à une œuvre commune. Le pouvoir NGR sera donc partagé de manière à donner le sentiment à chaque guinéen, selon son effort, la possibilité de gagner plutôt que de perdre.
Nous à la NGR, nous percevons la vérité comme une nature authentiquement humaine. Et nous la défendrons toujours ! Ceci n’est pas une promesse, mais un engagement.