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Gabon: "Pourquoi faire deux poids deux mesures ?"

Sep 08, 2009

Pour les opposants à Ali Bongo, l'espoir n'aura que peu duré. Après quarante-deux ans de règne d'Omar Bongo, beaucoup de Gabonais pensaient que la première élection après la mort de l'ancien leader serait l'occasion d'une changement à la tête de l'Etat. Ils ont vécu l'annonce des résultats favorables à Ali Ben Bongo comme un choc. Après des émeutes à Libreville et à Port-Gentil, le calme semble revenu dans le pays.

Mardi, les concurrents d'Omar Bongo lors du scrutin ont tenu une conférence de presse commune pour demander un recompte des voix. Ils ont aussi prévu d'appeler à des "actions graduelles" pour contester l'élection d'Ali Ben Bongo. "Cela peut être des marches, des manifestations ou une opération ville-morte, explique l'un d'eux, Bruno Ben Moubamba. C'est aussi à chaque Gabonais se s'engager et de voir ce qu'il veut faire pour son pays. Mais il faudra rester prudent, car les violences et la répression de Port-Gentil sont dans tous les esprits."

Pour André Mba Obame, l'un des principaux opposants à Ali Bongo (après avoir été lui-même ministre sous Omar Bongo), la population reste mobilisée, et un recompte des voix aboutira "mathématiquement" à la défaite du candidat du pouvoir. Joint par Le Monde.fr, il se dit d'autant plus confiant qu'il s'agit là de la première fois que l'opposition arrive à faire front commun. Jugeant "prématurées" les félicitations de Nicolas Sarkozy, il dresse un parallèle entre l'élection au Gabon et celle de juin en Iran. "Pourquoi faire deux poids deux mesures ?" s'interroge-t-il.

"Comme en témoignaient l'engouement pour la campagne et le nombre d'inscriptions sur les listes électorales, il y avait de grosses attentes pour le scrutin", rappelle Yves N'Da, jeune Franco-Gabonais résidant en France et qui avait créé le site GabonElection pour suivre la campagne. Selon lui, beaucoup de Gabonais sont aujourd'hui "déboussolés" par le résultat de l'élection.

"ON A VU QUE TOUT ÉTAIT PLIÉ"

"Les rues sont tranquilles, mais beaucoup de frustration règne sur le visage des gens", raconte au Monde.fr un habitant de Libreville joint par mail. Mercredi 9 septembre, dans les rues de la capitale, quelques policiers étaient stationnés aux principaux carrefours, mais la vie a repris son cours. Le campus de l'université Omar Bongo a rouvert, et la plupart des commerces fonctionnent de nouveau.

"On n'y croit plus. Tout le monde se dit qu'en Afrique la politique ne peut pas aboutir à de réels changements", estime Gabriel Bouessi, étudiant dans la capitale gabonaise. Selon le jeune homme, "la plupart des habitants n'ont pas la tête aux recours portés par les opposants". Ces derniers disent pourtant y croire.

La reconnaissance des résultats du scrutin gabonais par Nicolas Sarkozy a fait l'effet d'un coup de massue chez les sympathisants de l'opposition. Le président français a été le premier dirigeant occidental à féliciter Ali Bongo après les dirigeants lybien, camerounais et marocain. "Là, on a vu que tout était plié", explique Yoni M., un habitant de Libreville joint par téléphone. "Vu comme les choses avancent, on ne voit pas comment le recours pourrait aboutir. Les personnes au pouvoir font partie du clan Bongo." Il paraît difficile, selon lui, d'imaginer qu'un recompte pourrait aboutir à un résultat différent de celui validé le 4 septembre par la commission électorale. – Le Monde

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