Le ministre de l'Intérieur Désiré Tagro et le Premier ministre Guillaume Soro sont dans l’œil du cyclone, visés par une enquête ouverte dimanche 20 juin 2010 pour détournement de fonds.
Ces allégations sont « infondées », a répliqué ce lundi soir le porte-parole du chef du gouvernement ivoirien, demandant que toute la lumière soit faite dans cette affaire.
C'est une affaire très embarrassante pour deux membres du gouvernement ivoirien, visés par une enquête sur des détournements de fonds. Cette enquête a été ouverte, dimanche, à la demande du président Laurent Gbagbo. Le Premier ministre Guillaume Soro est donc concerné mais le premier visé dans cette affaire est son ministre de l'Intérieur.
Accusations de favoritisme dans des concours nationaux, accusations de détournement d'argent pour l'organisation du pèlerinage à la Mecque : le procureur de la République aura également à déterminer si Désiré Tagro a détourné à son avantage de fortes sommes d'argent concernant l'indemnisation des victimes des déchets toxiques dans le dossier Trafigura. Le procureur de la République devra enfin enquêter pour savoir si le ministre de l'Intérieur, mais aussi éventuellement le Premier ministre (cité dans la demande d'ouverture d'enquête par le président Gbagbo), donc si ces deux personnalités auraient perçu la somme de 10 milliards de francs CFA (15 millions d’euros) au titre de commissions de la part de la Sagem, la société française qui conduit techniquement le processus électoral ivoirien.
Du côté de la présidence, on affirme que le chef de l'Etat veut tout simplement faire la vérité sur ces accusations qui traînent depuis quelques semaines contre l'un de ses très proches qui est également la « cheville ouvrière » des accords politiques de Ouagadougou. Lundi matin dans le journal Fraternité Matin, Désiré Tagro a simplement indiqué qu'il s'agissait d'une épreuve de vérité. « J'attends que l'enquête livre ses secrets avant de me prononcer », a-t-il expliqué.
Quant à Guillaume Soro, il est jusqu'à lundi soir en Afrique du Sud pour suivre les « Eléphants » en Coupe du monde. Pour son porte-parole, Meïté Sindou, la démarche du président Gbagbo est salutaire et les Ivoiriens ont droit à la vérité : « Nous pensons qu’il est bon que l’opinion et singulièrement la presse considèrent cette requête d’information du chef de l’Etat comme une procédure normale. La Côte d’Ivoire est en train de rebâtir ses institutions et ce tournant s’est renforcé depuis la signature de l’accord de Ouagadougou. Et le Premier ministre partage avec le chef de l’Etat qu’il est nécessaire, en Côte d’Ivoire, de re-crédibiliser les institutions, de rebâtir l’Etat et notamment d’enraciner l’Etat de droit, en mettant fin à l’impunité ».
Dans cet entretien à RFI, le porte-parole du Premier ministre ivoirien a souligné que « l’opinion a droit à la vérité dans ce cadre que le chef de l’Etat a lancé. Une requête d’information, c’est une procédure dont le Premier ministre partage parfaitement le principe avec le chef de l’Etat, pour que, sur cette affaire, ces allégations que nous considérons comme totalement infondées, la lumière soit faite, que la vérité soit sue et que l’opinion tout simplement soit informée ». Meïté Sindou a tenu à réitérer : « Il est clair que ces allégations sont totalement infondées, fausses et fallacieuses. Le Premier ministre veut que son action, dans le cadre de la sortie de crise, soit bien comprise par l’opinion et que, de ce fait-là, la vérité se fasse jour et que nous soyons situés. Il n’y a pas longtemps à attendre. D’ici un mois nous saurons ».
Reste à savoir si cette affaire aura un impact sur le processus électoral en cours. Une nouvelle étape doit être franchie avec le lancement de la nouvelle« vérification » des quelques deux millions de personnes inscrites sur la liste électorale provisoire, en vue d'exclure les éventuels fraudeurs à la nationalité. - RFI