Les bureaux de vote ont ouvert ce dimanche matin en Guinée pour un scrutin crucial, la première présidentielle libre depuis l'indépendance de l'ancienne colonie française en 1958.
Aucun membre de la junte, ni du gouvernement intérimaire, n'a eu le droit de se présenter à cette élection censée ouvrir une ère démocratique.
Samedi soir, le général Sékouba Konaté, qui a organisé le scrutin, a réuni 24 candidats au palais présidentiel pour leur rappeler leurs responsabilités. "Nous ne pouvons plus continuer à vivre comme dans une jungle, comme un Etat sans autorité", a-t-il sermonné. "Trop de Guinéens ont péri et ont souffert". L'alternative, a ajouté le général Konaté, est entre "la paix, la liberté et la démocratie ou le chaos et l'instabilité".
L'heure est à l'optimisme après des décennies de dictature militaire: d'abord celle, répressive et autarcique, de Sékou Touré, puis celle de Lansana Conté, aux commandes de 1984 à 2008 et sous lequel la Guinée instaura le multipartisme.
Malade depuis des années, Lansana Conté est décédé en décembre 2008. Quelques heures après, le capitaine Moussa "Dadis" Camara perpétrait un coup d'Etat, plongeant la Guinée dans le chaos et la peur.
L'épisode le plus terrible a été le massacre du stade de Conakry, en septembre 2009. Des opposants s'étaient rassemblés dans le stade pour exiger le départ du chef de la junte. L'armée a ouvert le feu sur la foule, tuant 156 manifestants pro-démocratie. Plus d'un millier de personnes ont été blessées et de nombreuses femmes ont été violées.
Moussa "Dadis" Camara a finalement été poussé vers la sortie: son aide de camp lui tiré une balle dans la tête, le blessant grièvement. Camara vit désormais en exil au Burkina Faso.
Un gouvernement de transition dirigé par le numéro deux de la junte, le général Sékouba Konaté, s'est ensuite chargé d'organiser le retour du pouvoir aux civils, via des élections libres, fixées à ce 27 juin.
Parmi la vingtaine de candidats en lice, petits et grands, on trouve cependant trois anciens alliés du capitaine Camara: Boubacar Barry, Papa Kolly Kourouma et Bouna Keita. Mais aucun n'est impliqué dans le massacre du stade, même s'ils font l'objet de sanctions de l'Union africaine et du reste de la communauté internationale.
Parmi les favoris du scrutin de dimanche se trouvent deux anciens Premiers ministres, Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré, et l'opposant de longue date Alpha Condé.
Environ quatre millions d'électeurs inscrits sont attendus dans les quelque 8.000 bureaux de vote, qui fermeront à 18h GMT. Les résultats préliminaires devraient être publiés dans les 72 heures suivantes. Si aucun candidat n'obtient la majorité simple au premier tour, les deux candidats arrivés en tête disputeront un second tour le 18 juillet. - AP