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La Guinée soulagée d'avoir vécu une présidentielle historique sans violence

Jun 28, 2010

La Guinée s'est réveillée soulagée et heureuse, lundi, d'avoir réussi la toute première élection présidentielle libre de son histoire, même si une phase critique reste à venir avec l'annonce des résultats provisoires mercredi.

Après un demi-siècle de dictatures, 4,2 millions de Guinéens avaient le choix entre 24 candidats, tous civils.

Et la foule des grands jours a été au rendez-vous.

D'une même voix, les chefs des missions d'observation électorale de la Cédéao, de l'Union européenne, de l'Union africaine et du Centre Carter (ONG américaine) ont salué "l'engagement des électeurs qui se sont rendus nombreux aux urnes pour déterminer dans la paix et la sérénité le futur" de ce pays pauvre d'Afrique de l'Ouest.

"Cette élection est un soulagement pour l'ensemble du peuple de Guinée qui voit enfin les principes démocratiques appliqués", a estimé lundi l'historien guinéen Boubacar Barry, sur les ondes de la radio privée Guinée FM.

"C'est une renaissance, un pas important dans la libération de la Guinée", a renchéri le journaliste guinéen Souleymane Diallo, interrogé par l'AFP.

"Après le 28 septembre 1958 (date du referendum rejetant la communauté franco-africaine proposée par le général de Gaulle, ndlr), c'est l'acte majeur de l'indépendance de la Guinée (ex-colonie française) et je ne blague pas", assure cet administrateur du journal satirique Le Lynx.
"C'est la première fois qu'à la veille du scrutin, il était impossible de connaître le nom du futur président!", relève-t-il.

A la commission électorale nationale indépendante (Céni), la satisfaction est réelle: "Il ne nous a pas été signalé d'incidents, ni aux abords des bureaux de vote ni dans les bureaux de vote", a assuré dimanche soir le directeur des opérations électorales de la Céni, Pathé Dieng.

Lundi matin, la Céni recevait "les premiers résultats des régions et des communes de Conakry". "C'est très lent parce que des bureaux de vote ont fermé tard hier soir, à cause des longues files d'attente d'électeurs", a assuré à l'AFP M. Dieng.

Ce scrutin doit clore plus d'un demi-siècle de dictatures civile et militaires, après la "présidence à vie" d'Ahmed Sékou Touré pendant 26 ans (1958-1984), les 24 années de règne du militaire Lansana Conté (1984-2008), puis une année de gestion catastrophique du pays par une junte dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara.

Victime d'une tentative d'assassinat en décembre, le chef de la junte avait été écarté du pouvoir. Depuis, c'est l'ex-général putschiste Sékouba Konaté qui préside la "transition", avec l'appui marqué de la communauté internationale.

Lundi, de nombreux Guinéens remerciaient ouvertement le général Konaté d'avoir pris ses responsabilités devant l'histoire, en menant le pays vers une élection, sans qu'aucun militaire ni dirigeant sortant ne se présente.

Les jeux sont ouverts mais trois candidats sont donnés favoris : les anciens Premiers ministres Cellou Dalein Diallo (2004-2006) et Sidya Touré (1996-1999), ainsi qu'un opposant à tous les régimes depuis l'indépendance, Alpha Condé.

La proclamation des résultats définitifs n'est pas prévue avant dimanche.

"Les jours et les heures qui viennent vont être la période la plus difficile. La Céni a une responsabilité historique. Tout brèche peut entraîner des contestations", a relevé le président de l'Observatoire national des droits de l'homme (ONDH), Mamadou Aliou Barry.

Les missions d'observation internationales ont appelé à "la plus grande vigilance" au moment de "la phase essentielle" et "critique" des "opérations de décompte, centralisation et annonce des résultats". - AFP

 

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