La dernière conférence de presse du Premier ministre a été édifiante. On ne peut pas fixer la date du second tour de la présidentielle sans que toutes les conditions techniques ne soient réunies pour le bon déroulement du scrutin. Jean Marie Doré se fonde sur l’évidence selon laquelle «des élections mal organisées conduiraient le pays à la dérive.»
Le Chef du gouvernement de transition estime que la légitimité du Président qui sera élu à l’issue du scrutin ne devrait pas être contestée. Et pour cause. Selon JMD «s’il y a des faits qui montrent qu’il y a eu des insuffisances notables ou notoires, ça va donner matière au vaincu d’ameuter le quartier. Et au lieu que la Guinée applaudisse le Président et se mette à sa disposition pour appliquer son programme, nous allons entrer dans un cycle inutile de violences destructrices. Et ça, il faut éviter.»
C’est pour éviter "ça", que le report de la tenue du second tour a été obtenu suite à un acte de la Cour suprême. Mais, selon des informations concordantes, cette décision de l’instance judiciaire est intervenue « suite à des pressions. » De la part de qui ? That is the question.
Qui a posé le problème à qui et qui a décidé de son report? On ne saurait y répondre. Certains diront qu’on ne saurait également parler de report car la date n’était pas fixée officiellement. Soit. Mais le principe était déjà obtenu : « Le projet de décret pour la date du second tour avait même été introduit à la présidence de la République et parvenu sur le bureau du Président de la transition. », confie à AfricaLog un cadre bien introduit dans les rouages de la haute administration.
Comme quoi, ce n’est pas fortuit si le candidat de l’UFDG répétait depuis plus d’une semaine que le second tour devrait intervenir à partir du 22 août. Même si le Premier ministre a récemment pris le contre-pied de l’obsession de certains à voir la date du second tour, fixée.
Jean Marie Doré raisonnant que «Les gens font l’affaire de date un fétiche. Il ne s’agit pas de fixer la date des élections. Il s’agit d’accomplir tous les actes qui doivent concourir à la clarté, à la crédibilité des élections.»
Il est finalement apparu que c’était en réalité la bonne date que Cellou Dalein Diallo distillait à chacune de ses sorties publiques.
D’ailleurs, quel ne sera pas la surprise de notre source – haut placée de l’Etat – quand il a appris que ledit projet d’acte présidentiel a été retiré cette semaine par une personnalité de premier ordre de la CENI, en l’occurrence le vice-président assumant l’intérim du président titulaire en séjour médical à Paris : « Impensable, incroyable, inacceptable comme ce qui vient de se passer. Si ce n’est pas encore un scandale, parce que pas ébruité, ça pourrait bien en être un. Comment El hadj Amadou Oury Baldé peut faire ça ? Non, non, non… », a lâché cet interlocuteur très remonté. Calcul politique ou réalisme de la part de la CENI, les prochains jours nous édifieront.
En attendant d’être situé sur les complicités qui ont favorisé ce retrait, l’heure est à des activités d’appréciation de la part du Ministère de l’administration du territoire et des Affaires politiques (MATAP) face au nouveau découpage électoral opéré par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI).
D’après Jean Marie Doré, « La CENI a fait un projet, qu’elle a déjà créé 500 nouveaux bureaux de vote. Mais il reste au MATAP qui a les préfets, les sous-préfets, les présidents de districts et les présidents de CRD, le travail de contrôle. Le MATAP contrôle si ces découpages-là répondent aux normes de la loi ? » Et si la réponse est à l’affirmative, pour JMD, « même s’ils disent qu’i faut faire les élections le 12 août mais, nous sommes prêts pour aller au 12 août. S’ils disent le 18 août, on va le 18 août. Mais ça sera le résultat du constat de la faisabilité du scrutin dans les conditions légales et transparentes. Il n’y a pas un problème particulier.»
Le seul problème, pardon, la seule certitude est que la date ne sera pas fixée. Donc, le second tour n’aura pas lieu en ce mois d’août.
L’information sûre de dernière minute est que le second tour de l’élection présidentielle aura lieu finalement après la fête de ramadan. C’est-à-dire dans la seconde quinzaine du mois de septembre. L’argument avancé est que « les dépouillements risquent de se dérouler seulement après la rupture du jeûne le soir du scrutin. Donc, pendant la nuit. Ajoutée à cela la fatigue du jeûne.» Les Q.G doivent se préparer ainsi pour l’après-fête de la korité. - AfricaLog