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Les dangers de la finance chinoise

Aug 19, 2010

Par James Dorn

En Chine, l’important paquet de relance ainsi que l'expansion rapide du crédit ont maintenu en marche le moteur de la croissance, mais au détriment du secteur non étatique. L'allocation de crédit par l'intermédiaire des banques d'État a favorisé les entreprises publiques et les gouvernements locaux. Bien que les grandes banques ne soient pas en danger immédiat, des signes indiquent que le secteur bancaire est plus fragile que ce qu’il est communément admis.

Les politiciens locaux, sous la pression de développer les infrastructures,
ont utilisé des plates-formes d'investissement pour contourner les
restrictions sur les emprunts directs auprès des banques. Si de trop
nombreux projets à risque sont entrepris, les prêts bancaires peuvent se
gâter et des prêts défaillants pourraient pousser comme des champignons. Les
décisions d'investissement sont encore fortement politisées et l'évaluation
des risques est de faible qualité. Essayer de servir deux maîtres - le
marché et l'État - est une affaire délicate. Les prêts aux gouvernements
locaux représentent environ 20 % du crédit bancaire total, et 20 % de ces
prêts sont désormais considérés comme défaillants.

Le crédit a connu une expansion de 34 % l’an dernier. Bien que l’octroi de
nouveaux prêts bancaires a ralenti pour s'établir à environ 18 % cette
année, l'utilisation des prêts hors bilan se répand. Dans un récent rapport,
Fitch a noté que l'utilisation de la titrisation informelle conduit à une
sous-estimation « généralisée de la croissance du crédit et du risque de
crédit ». Ainsi, la croissance réelle des prêts pourrait avoir été
sous-estimée de 28 % au premier semestre de cette année.

Les banques d’État travaillent désormais en étroite collaboration avec les
sociétés de gestion de patrimoine financier à repackager les prêts pour les
revendre comme des « produits de gestion de patrimoine », qui offrent un
taux plus élevé d'intérêt que les dépôts bancaires. Ces produits sont livrés
avec une garantie de sorte que leur demande est élevée, et l'offre répond à
la demande. En mai, les banques, en liaison avec les sociétés de gestion de
patrimoine financier, ont émis environ 615 milliards de yuans (704 milliards
de dollars HK) de ces produits, soit presque autant que le montant des
nouveaux prêts bancaires.

Sans la structure transparente de propriété privée des banques et des autres
institutions financières, la Chine pourrait faire face à une recrudescence
de prêts défaillants, alors que les prêts sont consentis aux collectivités
locales et aux entreprises publiques pour des projets qui ne pourraient pas
même flotter dans le monde de l'entreprise privée. Les distorsions vont
s’accroître.

Si la Banque populaire de Chine ne ralentit pas suffisamment sa planche à
billets, l'inflation, aujourd'hui de +3%, pourrait facilement augmenter,
entraînant alors des contrôles des salaires et des prix, la perte de la
liberté économique, et une hausse du chômage et de la pauvreté.

« Le nettoyage en cours des « véhicules d'investissement » du gouvernement
local est essentiel pour contenir les risques budgétaires et les risques du
secteur bancaire à moyen terme », explique l'économiste d'UBS Tao Wang. La
Chine a besoin de davantage de liberté des capitaux et moins d'intervention
étatique. Greffer la titrisation sur une économie socialiste de marché est
la meilleure recette pour un désastre : l’effet de levier est augmenté et le
risque est socialisé.

La Chine doit prendre des mesures pour permettre que des vrais marchés de
capitaux se développent et que des fonds se dirigent vers le secteur privé
sur une base commerciale. Les taux d'intérêt doivent être davantage
libéralisés, et le compte de capital doit être encore ouvert. La récente
levée des restrictions à la libre circulation de yuans à Hong Kong est un
pas dans la bonne direction, comme l’est l'annonce que le taux de change
sera plus flexible.

Hu Xiaolian, la vice-gouverneur de la POBC, au parler franc, a reconnu le
risque d'inflation inhérent au système actuel de répression financière. Dans
sa récente déclaration, publiée sur le site de la banque, elle a cité
l’ouvrage de Milton Friedman « La liberté de choix », pour souligner que «
l'inflation est une maladie qui, si elle n'est pas maîtrisée dans le temps,
peut détruire la société ».

Pékin doit se pencher sur les idées qui ont marché et accélérer la
transition vers un marché libre des capitaux. Le problème de l'aléa moral se
pose lorsque l’État est trop gros et le marché trop petit.

Le processus de réforme de la Chine depuis la fin des années 1970 a
transformé la société et élargi la gamme des choix qui s'offrent aux gens.
Pourtant, la répression financière limite encore le choix des
investissements et favorise les entreprises et les banques d'État. Le
problème du « too big to fail » et l'aléa moral ne sont pas limités à
l'Occident.

James Dorn est analyste au Cato Institute à Washington DC.

Publié en collaboration avec UnMondeLibre.org

 

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