Le Conseil National de la Transition (CNT) désapprouve « les velléités » du Premier ministre par rapport « à la co-gestion CENI-MATAP de la présidentielle »
Le Conseil National de la Transition (CNT) était réuni en plénière le vendredi, 20 août en session extraordinaire à son siège du palais du peuple de Conakry, salle du "2 octobre" pour une lecture de la situation socio-politique de la Guinée à quelques semaines du scrutin du 19 septembre pour le second tour de l’élection présidentielle.
Convoqué d’urgence, les Conseillers avaient ainsi à l’ordre du jour de la rencontre un seul point : appréciation de projets d’actes "non signés" dont la paternité est attribuée au Premier ministre Chef du gouvernement d’union nationale de transition pour une éventuelle « co-gestion du second tour de l’élection présidentielle du 19 septembre 2010 par la CENI et le MATAP.» à travers une modification de la Constitution et du Code électoral par décret du Président intérimaire de la République. Alors que, selon l’alinéa 2 de l’Article 156, « Le Président de la République par intérim assumant la transition ne peut, en aucune façon et sous quelque forme que ce soit, modifier la Constitution, le Code électoral, la loi relative aux Partis politiques et la loi fixant le régime des associations et de la presse. »
La Présidente du CNT, Hadja Rabiatou Serah Diallo étant malade, les travaux étaient placés sous la présidence de ses deux vice-présidents.
- El hadj Mamadou Saliou Sylla, deuxième vice-président du CNT : « Si le premier tour a connu quelques dysfonctionnements ou même quelques ratés, il n’est pas question que le second tour connaisse ces mêmes dysfonctionnements. C’est pourquoi, le CNT n’a pas hésité d’initier le comité ad hoc. Ce comité ad hoc a examiné la situation et est arrivé à identifier quelques 24 points. En plus, le CNT a estimé qu’il est absolument indispensable qu’un comité de suivi soit créé et installé afin de veiller à la correction de ces dysfonctionnements. Quant à la Constitution et le Code électoral, ces documents sont assez précis en ce qui concerne le processus électoral. »
- Mgr Albert David Guillaume Gomez, 1er vice-président du CNT: « Nous sommes tous aussi exposés aux rumeurs. Or, ces derniers temps, les rumeurs ont couru et le CNT a eu un certain nombre de documents, en tout cas, en sa possession. Authentiques ou pas, mais des documents en sa possession indiquant qu’il y avait une velléité ou tentative de modifier les attributions de la CENI telles qu’elles étaient jusqu’au premier tour. C’est-à-dire que dans l’entre-deux-tours, certaines règles du jeu en certaines des dispositions constitutionnelles et du Code électoral soient modifiées. Ça, je pense que tout le monde l’a appris. »
Après ces interventions, il a été demandé à Mohamed Aly Thiam, 2ème Secrétaire du bureau exécutif du CNT de présenter les différents documents : « 1- décret portant modification du Code électoral au second tour de l’élection présidentielle 2010, 2- Ordonnance portant modification de la Constitution et du Code électoral relative à l’organisation et la supervision des élections, 3- rapport du Conseiller juridiques sur l’opportunité de la modification de la Constitution par voie d’ordonnance.»
Des documents non datés et non signés (par qui de droit) ont été passés au crible par les Conseillers nationaux faisant office de députés pendant cette période de transition et ce, jusqu’à l’installation du futur parlement. Dans leur majorité, ils n’ont pas apprécié le fait que le Premier ministre propose de modifier la Constitution et le Code électoral. Toutes choses projetant une co-gestion du second tour de l’élection présidentielle du 19 septembre par le MATAP et la CENI.
En pointant un doigt accusateur sur le Chef du gouvernement, certains Conseillers l’ont accusé « de vouloir tripatouiller la Constitution et compromettre la tenue du second tour du scrutin présidentiel. »
Il faut souligner que ce ne sont pas tous les Conseillers qui ont partagé cette approche en invitant « le CNT à observer et garder sa neutralité en ne réagissant pas sur la base de rumeurs et de documents qui n’auraient aucune valeur juridique. »
Un autre groupe qui se dit avoir « confiance en ces différents documents et en les rumeurs qui les alimentent» estime qu’« il faut prendre le taureau par les cornes en saisissant le Président de la transition pour attirer son attention sur les dispositions de la Constitution et du Code électoral. » ce groupe est allé jusqu’à proposer la démission de Jean Marie Doré, le premier ministre chef du gouvernement d’union nationale de transition.
Après avoir écouté et apprécié les différents points de vue, le bureau exécutif a décidé de ce qui suit, par la voix du 1er vice-président du CNT : « il y a un certain nombre de démarches qui a été proposé au bureau exécutif. Le bureau va examiner ces propositions, en tirer la substance et voir comment on va se positionner.
Parmi ces démarches il ya : 1- des déclarations, 2- des points de presse, 3- aller vers le premier ministre qui semble incriminé, 4- s’assurer les sources de nos informations, 5- aller vers le président de la République, garant des institutions. Proposer une commission restreinte de juristes pour pouvoir faire un document qui va étayer la démarche qui serait faite au niveau de l’autorité suprême. » - AfricaLog