Par Amadou Saikou Diallo
Trouver des moyens innovants pour financer le développement national, éviter les tracasseries interminables des bailleurs traditionnels, développer l’investissement privé et financer les grands travaux publics exigent la définition d’une stratégie de financement du développement. Depuis plusieurs décennies, le pays fait face au difficile problème du financement du développement. Après l’échec de la plus part des grand projets, la politique gouvernementale a paralysé les actions tendant à trouver des moyens innovants pour financer le développement national. L’échec de ces dernières années doit servir de leçon aux nouvelles initiatives de financement du développement en République de Guinée.
À l’étranger, l’expérience des Banques de Développement se poursuit. Le Mali a déployé des efforts pour trouver des financements afin de relancer son économie. Il mobilise l’épargne intérieure et fait appel aux capitaux externes. Tenant compte de l’ampleur de ses besoins, la Banque de Développement du Mali (BDM-SA) et d’autres institutions de financement du développement ont été créées. L’Afrique du Sud a créé la Banque de Développement d'Afrique du Sud, institution de développement appartenant entièrement à l’État sud-africain. Elle se spécialise dans les investissements et la recherche des partenariats publics et privés dans le cadre du financement des projets de développement. Le président José Eduardo Dos Santos a créé, en 2006, la Banque de Développement Angolais (BDA) dont l’objectif est de stimuler les investissements et de soutenir le secteur productif en finançant les programmes, les projets, les travaux et les services. La BDA est un instrument financier d'exécution de la politique de développement et d'investissement du gouvernement. On ne saurait ne pas mentionner la «China Investment Bank» ayant joué un rôle formidable dans le miracle chinois.
Ailleurs, les banques de développement, instruments financiers de plus en plus innovants, font leur apparition comme outils efficaces de financement du développement. La mobilisation des ressources financières est une condition nécessaire à tout processus de développement économique et social. Elle implique, en premier lieu, la mobilisation des ressources intérieures, publiques ou privées, de chaque pays et de chaque région. Elle suppose tout à la fois l’existence de systèmes bancaires et de régimes fiscaux efficaces et équitables.
Un événement qui pousse à réfléchir autrement
Après la célébration des 50 ans d’indépendance de notre pays, dont le constat global a été un échec, la reconstruction du pays sur de nouvelles bases est une nécessité. Une fois pour toute, la Guinée doit réaliser des projets pour changer radicalement la cadence de la vitesse de son développement, laisser définitivement sa situation de croissance molle et faire émerger une économie environnementalement et socialement durable. Tenant compte des expériences du passé et du manque de crédibilité de l’État, il faut trouver des solutions innovantes et réalistes afin de créer une institution ayant la capacité de mobiliser des fonds pour le développement et la reconstruction du pays. Une structure à capitaux Guinéens exclusifs n’aura pas la capacité de répondre aux enjeux et aux défis du développement et de la reconstruction nationale. Pour y arriver, il faut faire appel aux capitaux étrangers et aux expériences des banques multilatérales de développement. Dans cette logique, la création d’une Banque Internationale de Développement et de la Construction de la Guinée (BIDCG) s’impose comme moyen pour pérenniser les effets de l’engagement de la communauté internationale en République de Guinée et financer les activités du développement.
Autre justification, les activités de construction même si elles peuvent faciliter l’entrée des fonds dans le pays, comportent le risque élevé de gestion crédibles. Deux raisons expliquent ce phénomène. D’abord, les entreprises nationales participant à hauteur de 50% du PIB ont été anéanties par la mauvaises gestions des projets antérieurs. Ensuite, la faiblesse des institutions nationales de formation professionnelle, aussi les efforts de recapitalisation des paysans et des producteurs locaux sont pratiquement faibles avec le train de la vie actuelle,…. Comment ne pas faire l’effort de trouver et de proposer une formule pour pérenniser les efforts consentis par la communauté internationale en Guinée. Y penser c’est mettre en place des mécanismes pour y arriver.
La Constitution d’une Banque mobilisant les ressources internes et externes pour accompagner le développement du pays s’impose comme la condition sine qua non du succès de l’entreprise de Construction et de développement de la Guinée après les 52 ans de notre indépendance.
Le débat est ouvert.
Amadou Saikou Diallo
depuis Washington
ahmedsdiallo@gmail.com