Une plénière de 17 membres de la CENI (Commission électorale nationale indépendante) sur 23, a élu M. Louncény Camara, jusque-là chargé des Finances de la CENI pour présider les destinées de cette institution à cette phase ultime du processus électoral devant marquer le début de la fin de la Transition guinéenne.
Rappelons que la CENI compte 25 membres dont un décédé et un démissionnaire. À l’élection de M. Camara, outre ces deux membres cités ci haut, il y avait un absent avec justification et deux absents sans justification. Mais cette élection ne fait pas l’unanimité, notamment au niveau des Alliances formées autour des deux candidats. L’Alliance CDP (Cellou Dalein Président) de M. Cellou Dalein Diallo de l’UFDG ne veut pas accepter cette élection alors que l’Alliance Arc-en-ciel de M. Alpha Condé du RPG l’approuve.
Hadja Aminata Mame Camara, présidente actuelle par intérim de la CENI dit également ne pas être prête à céder le fauteuil présidentiel qu’elle occupe à M. Louncény Camara, tant qu’un acte de l’autorité supérieure ne le justifie pas.
Or, selon M. Camara, il n’y a pas de loi qui confirme ou infirme le choix d’un Président de la CENI par ses membres. Selon lui, le Président de la CENI est reconnu comme tel, après un consensus de la majorité de ses membres réunis pour la circonstance.
Toutefois selon plusieurs des sources concordantes, mais non officielles, bien avant le décès du Président de la CENI à Paris le 14 septembre dernier, M. Camara a été proposé par le RPG pour présider aux destinées de la CENI. Celui-ci par contre dit ne pas être d’un quelconque parti politique. Il s’en est largement défendu cet après-midi, lors d’une conférence de presse qu’il a animé à Conakry qu’AfricaLog vous en livre de larges extraits.
Vous avez proposé à l’interne la date du 10 octobre pour la tenue du second tour. Est-ce que vous avez transmis une lettre à la Présidence pour confirmation?
Je ne voudrai pas répondre ici. Pour la simple raison que j’ai décidé, malgré mon élection à partir d’hier, que les instances soient évacuées par Mme la Présidente par intérim, notamment la transmission de toutes les décisions prises hier en plénière. Au moment où je vous parle, je ne puis vous dire si cette lettre qui porte la nouvelle proposition de date a été transmise à qui de droit ou pas.
Cellou Dalein a dit que vous êtes militant du camp adverse. Comment réagissez-vous à ses propos ?
Pour cette déclaration de M. Cellou Dalein Diallo contre ma personne, c’est de son droit en tant qu’acteur politique majeur, candidat au second tour de l’élection présidentielle de se prononcer sur ma personne. Mais ce que je n’admets pas, c’est que M. Cellou Dalein Diallo puisse déclarer que j’appartiens à un parti ou que je suis un militant d’un parti, ça je m’inscris en faux.
Tous ceux qui me connaissent depuis 21 ans que je travaille savent que je suis syndicaliste. D’abord de l’Union Guinéenne d’Assurance et de Réassurance (UGAR), ensuite de la Fédération Syndicale Autonome des Banques et micro finance, où j’assurais le poste de Secrétaire général adjoint de feu Dr Ibrahima Fofana, décédé le 16 avril 2010. Puis premier secrétaire exécutif national chargé des négociations et revendications de l’Union Syndicale des Travailleurs de Guinée (USTG), membre fondateur de l’inter-centrale syndicale, le 5 janvier 2006, à l’hôtel Camayenne. Si j’appartiens à un parti, voilà ces partis, et qui m’ont désigné pour les représenter au sein du Conseil National de la Société Civile de Guinée (CNSC-G) où je suis le secrétaire chargé de la communication qui m’a ensuite fait confiance pour figurer sur la liste des trois personnalités désignées en 2007, pour se faire représenter au sein de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI).
Je défie quiconque pour me prouver que j’appartiens à une instance de quelque parti que ce soit. Peut-être que je suis victime d’un délit de faciès. J’ai un nom à consonance mandingue, même si je viens de la Guinée Forestière, précisément de la préfecture de Macenta.
Je suis (de l’ethnie NDLR) Tomamanigna, mais je ne peux rien contre ça. Comme je ne peux retirer à M. Diallo son nom de Diallo. Dire que j’appartiens à un parti, je tombe des nues. Je suis un syndicaliste pur et dur. Ceux qui étaient-là lors des mouvements de janvier-février 2007, je suis un des lieutenants fidèles de Dr Ibrahima Fofana depuis longtemps, de Hadja Rabiatou Sérah Diallo et de Dr Yamodou Touré, actuellement ministre.
Si la CENI a décidé de porter à sa tête une personnalité comme moi… Ça pouvait être un autre. Quand tu es président de la CENI, tu ne peux qu’être juste et équitable. Vous n’avez pas d’autres choix. Vous êtes obligé de respecter la procédure. Et si vous n’êtes pas juste, ce que depuis le début du processus, on n’a pas été juste. Parce que le Président de la CENI ne reçoit que les procès verbaux de centralisation qui viennent des 56 circonscriptions électorales, il les totalise et il transmet. S’il y a des manières de tricher, je n’en connais pas…
Il revient à n’importe quel citoyen de récuser le Président de la CENI à plus forte raison un candidat, mais il revient à la CENI les droits d’élire à sa tête la personnalité qu’elle veut. Ce n’est pas un parti politique qui a mis en place la CENI. Un parti politique ne peut pas donner à la CENI des ordres à exécuter, fusse-t-il un candidat au second tour. La CENI est indépendante et restera indépendante tant que l’État lui renouvellera sa confiance.
Que feriez-vous pour restaurer l’image de marque de la CENI après que deux de ses membres aient été condamnés par une juridiction, portant ainsi sérieusement atteinte à sa crédibilité?
C’est une question très intéressante. Je vous rassure que je me battrai et ferai tout pour obtenir la Grâce de notre feu Président, Ben Sékou Sylla ainsi qu’El Hadj Boubacar Diallo, ce sera ma première mission, pour la simple raison que s’ils restent condamnés, nous nous sentirons tous à leur place. Parce que le travail qui a été fait, même s’il y a eu la découverte d’erreurs personnelles attribuées à El hadj Boubacar Diallo, c’est un travail collectif. Nous savons qu’El Hadj Boubacar Diallo est un bosseur. Certes, il y a eu une négligence, mais nous l’assumons entièrement en tant qu’institution. C’est pourquoi, j’ai dit que nous allons nous battre pour obtenir soit l’annulation, soit la grâce présidentielle pour nos deux collègues. C’est cela le premier combat que nous allons mener.
Certains pensent pourtant que votre élection n’a pas connu un consensus?
Il y a eu consensus à ma désignation comme président de la CENI, comme cela avait prévalu à ma désignation comme président par intérim, avant le décès de Ben Sékou Sylla. Mais ceux-là qui ont parlé de consensus ont empêché sa mise en application. Cette fois-ci, pour ne pas qu’on dise qu’il a été désigné par consensus, on a dit qu’on va voter. Et si c’était six personnes sur les dix et huit qui m’avaient choisi, je me sentirais affaibli. Mais je ne me sens pas du tout affaibli.
Pour moi, quand deux équipes sont en compétition, aucune d’elle ne choisit son arbitre. Si on devait choisir son arbitre, le match serait très facile à jouer. Pour le moment, je suis et reste le président de la Commission électorale nationale indépendante. Si on est élu, on est légitime. C’est pourquoi aujourd’hui, je me sens très fort.
Quelles sont les raisons qui ont poussé la plénière de la CENI qui vous a élu hier à sa tête, à choisir le 10 octobre pour l’organisation du second tour de la Présidentielle?
Vous me permettrez de ne pas prononcer la date que vous venez d’avancer, je ne suis pas autorisé.
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