Opinion de Lamine Sununu Kaba
En ce temps d’incertitude, l’après élection devrait être le moment d’auto violence de chacun des deux finalistes, ainsi que de leurs bases et alliés qui, pour des raisons de sécurité collective, doivent se soumettre au verdict des urnes, même au prix de la résolution judiciaire.
A ce niveau, il faudrait que les instances de décision que seront la Céni et la cour suprême soient suffisamment dignes de confiance et absolument différentes de leur image connue du public. Ce serait leur apport à une nation dont le statu quo présage le désordre qui cependant est surmontable, rien qu’en se plaçant du côté de la justice et de l’équité.
Si des vies de Guinéens ont déjà été sacrifiées pour une cause qui n’aura aucune raison d’être vaine avec une élection présidentielle bâclée, qu’est-ce qui doit empêcher la Céni organisatrice d’une élection si critique et riche en enjeux, d’être dotée d’éléments qui ne feraient que le consensus des deux parties ? Voici le moment où il faut réaliser que mieux vaut aller à des élections qui sont libres et absolument transparentes, avec un Président élu et porteur d’une ère de bénéfice commun, que de créer une situation où la violence, le tiraillement et le règne d’une armée à gestion exécrable qui ne serait surprise pour personne.
Il est vrai que la démocratie n’est pas toujours parfaite, mais les Guinéens cette fois-ci ne sont pas prêts de voir en la phase du deuxième tour une phase entachée par les irrégularités, des fraudes, la mauvaise foi des uns et des autres ou d’autres disfonctionnements habituels. C’est pourquoi les agents organisateurs doivent être ceux qui font le consensus de toutes les parties en présence.
D’autre part, ceux qui votent, malgré l’enjeu et le parti pris des différents participants au processus électoral, s’attendent à une épreuve où le gagnant ferait preuve de plus d’humilité et d’inclusion pour présenter la Guinée comme une famille à bâtir, avec une responsabilité à partager et des avantages à faire bénéficier de toutes les populations. Quant au “perdant”, pour sa part, il devrait faire preuve d’une haute conscience morale pour accepter et faire accepter les décisions des autorités électorales compétentes. Cela sera une preuve d’amour du pays et un sens de responsabilité citoyenne hors du commun. En vérité, du point de vue bénéfice national, personne ne gagnerait ou ne perdrait sur l’autre. Seulement il est temps pour la Guinée d’irréversiblement tourner certains cotes’ de son histoire pour pouvoir se libérer.
Sur le plan organisationnel, la Céni et les pouvoirs publics comme le Matap et les différents organismes publics capables d’influencer le cours de la présente élection, doivent complètement faire preuve de stricte neutralité et d’impartialité. La paix, la tranquillité et l’avenir prospère du pays dépendront essentiellement de leur attitude transparente. Du côté de l’armée, elle devrait se limiter a’ sa tache de défense de la République et la sécurité des frontières. En aucun cas les Guinéens ne doivent faillir à leur devoir vis-vis du pays, au risque de voir quelques-uns se donner des droits que la constitution du pays ne leur confère. Il est temps de faire comprendre à nos hommes en uniforme que le temps des abus et des comportements impunis est révolu. Nous vivons un monde ou’ tout est lié et personne ne peut durablement se soustraire des conséquences de certaines attitudes asociales. Les confiscations de biens ou leur gel, les prisons grandement ouvertes, l’isolement et les sanctions généralisées vont être le prix qui attend les éventuels récalcitrants au sommet de l’Etat.
L’unité d’action pour la démocratie, la paix et le développement économique et social de la Guinée doivent être le devoir sacré des Guinéens pour enfin élever un mur historique entre la Guinée nouvelle et celle dont les souvenirs des cinquante deux années n’ont pas du tout été un sujet souriant.
Lamine Sununu Kaba
Lskaba@consultant.com
Washington, Dc- USA