Pour la protéger, le président du Conseil italien aurait fait pression sur la police. Une nouvelle fois, sa fréquentation de jeunes filles mineures met Silvio Berlusconi en sérieuse difficulté. Après la publication d'articles l'accusant d'avoir fait pression sur la police pour obtenir la libération d'une jeune femme de 17 ans accusée de vol, le Parti démocrate d'opposition demande sa démission «s'il s'avère qu'il a abusé de ses pouvoirs». Les alliés du président du Conseil, à commencer par le populiste Umberto Bossi, sont atterrés. Gianfranco Fini juge ses frasques «embarrassantes pour l'Italie». L'hebdomadaire catholique Famiglia Cristiana l'enjoint à «se faire soigner».
L'histoire de ce nouveau scandale commence le 14 février dernier. Pour la Saint-Valentin, le président du Conseil organise une fête privée dans sa résidence milanaise d'Arcore. À table, une jeune femme à la beauté piquante prend place à sa droite : elle s'appelle Ruby et a été invitée par un impresario, Lele Mora, proche du président du Conseil.
Ruby fait plus que ses 17 ans (elle deviendra majeure lundi), et Berlusconi, apparemment, ignorait son âge. Elle est marocaine et a fui le domicile de son père, établi en Sicile, pour s'installer à Milan, chez une modèle brésilienne. Pendant la soirée, Berlusconi s'entretient avec elle en aparté, mais il n'y aurait eu aucune relation intime, affirme-t-elle.
Le 27 mai en fin d'après-midi, Ruby est arrêtée par la police après le vol de 3 000 euros chez sa colocataire. La sécurité du président du Conseil en est avisée. À 23 heures, Silvio Berlusconi se fait passer au téléphone le chef de cabinet du préfet de police de Milan. Il signale au fonctionnaire interloqué qu'il connaît la jeune personne placée en garde à vue et la présente étrangement comme «parente du président égyptien Hosni Moubarak» : «Je veux éviter qu'elle ne soit transférée dans un centre d'accueil (pour mineurs, NDLR).»
Enquête judiciaire
Aussi propose-t-il de la remettre à un adulte en qui il dit avoir toute confiance et qui, comme le prévoit la loi, en assumera la garde provisoire. Une demi-heure plus tard, la conseillère régionale de Milan, Nicole Minetti, se présente à la police en son nom et demande que Ruby lui soit confiée. Le magistrat de garde au tribunal pour enfants, après avoir vérifié qu'aucune place n'est disponible dans aucun foyer pénitentiaire, accepte.
Ruby est libérée à 2 heures du matin, mais refuse de suivre Minetti chez elle et regagne le domicile du mannequin brésilien. En juin, elle est de nouveau arrêtée à la suite d'une bagarre avec sa colocataire et elle est placée cette fois dans une structure pénitentiaire. Cinq mois plus tard, le nom de Ruby ressort dans une enquête judiciaire sur le manager Lele Mora, pour incitation à la prostitution.
La seconde épouse de Silvio Berlusconi, Veronica Lario, qui a engagé une procédure de divorce, garde, pour l'instant, le silence. En avril 2009, Veronica Lario avait publiquement dénoncé sa fréquentation de mineures. Juste avant qu'il ne fasse une irruption remarquée aux 18 ans d'une jeune Napolitaine, Noemi Letizia. Deux mois plus tard éclatait le récit de ses soirées pimentées avec une call-girl, Patrizia d'Addario. – Le Figaro