Opinion de Mohamed Kaba
Nous commencerons par remercier tous nos compatriotes qui ont réagit à notre dernier article intitulé « *Guinée** : Du repli identitaire à l’irrédentisme territorial* ». Et surtout les nombreuses réactions par rapport à notre mouvement naissant « *TOUCHE **PAS** MON PAYS* ». Comme le disait Ahmadou Hampate Bâ « De la discussion sort la lumière ». Ceci dit, nous allons dans un premier temps essayer de lever un certain nombre d’équivoques. Nous rappelons encore une fois l’extrême sensibilité de la
notion d’ethnie ou de l’ethnicité dans un débat comme celui-ci. Nous sortons effectivement d’une situation politique minée par la violence ethnique.
Nous avions mentionné dans notre précédent article le silence
coupable des *INTELLECTUELS GUINEENS*, un silence qui nous apparaît comme
insidieux et donc coupable. Et qui laisse la place à toutes sortes
d’élucubrations moins intelligentes dans nos sites internets. Des insultes
vengeresses aux incitations de toutes natures, le tout, dans un vacarme aux
accents ethniques inouïs. La remarque faite par notre compatriote et grand
frère Ibrahima Kyle Diallo dans sont article « *Intellos du « Grand Mande »
ou étés-vous ?* » est quelque peu judicieux. Mais là encore, il nous
apparaît clair qu’il faille mettre de côté la notion d’ethnie.
Dans une situation comme la notre, il est sage d’arrêter de nous
cataloguer « Intellectuels peulhs », mandings, nalous, kissiens, badiarankes
ou de toutes autres natures. Dans un cadre national, un débat national, la
stigmatisation n’a pas sa place. Ici il s’agit de *GUINEENS* et de la *Nation
Guinéenne* (nous nous efforçons à la construire). Mr. Kyle devrait savoir
que la notion du « Grand Manding » n’existe pas, du moins dans le contexte
politique actuel. Culturellement le Grand Manding va de la Sierra
Léone, àla Guinée, en passant par la Cote D’ivoire, le Mali, le Sénégal et même la Mauritanie, jusqu’en Gambie. Cela veut dire que, politiquement, c’est un non sens.
En tout cas dans le cadre de la construction d’une *Nation* *Guinéenne*, nous
ne croyons pas que les « Intellos du Grand Mande » comme le cite M. Kyle, se
définiraient tels. Bien sur qu’ils seraient fiers de leurs origines comme
tout être humain, mais seraient surtout fiers d’être des Guinéens tout
simplement. Aujourd’hui, le jeune guinéen est à la recherche de modèles et
de repères dans un cadre national plutôt qu’ethnique. Il serait fier de
ressembler à Thierno Monenimbo, à Camara Laye, à William Sassine, à Alioum
Fan Touré, pour ne citer que ceux-là, pour la bonne raison qu’ils
représentent des valeurs de notre pays. Il ne va pas cataloguer ces
écrivains selon leurs ethnies. De grâce arrêtons la mesquinerie et
réfléchissons sur les vrais défis de la nation.
Il Faut se rendre à l’évidence, la question de la violence
politique contre les peulhs ou malinkés, dont il est le plus question, ne
peut se résoudre que dans un cadre national et légal. Il faudrait
entreprendre des démarches légales et porter devant les juridictions du pays
les forfaitaires, quels qu’ils soient. Cela ne peut se faire que dans le
renforcement de nos *Institutions*. Celles-ci doivent être solides, ceci est
une des conditions sine qua non à la bonne gouvernance et à la démocratie.
Alpha Condé, a beau être le président démocratiquement élu, reste un homme,
donc corruptible. Seules des *Institutions* *fortes* peuvent nous protéger
contre les éventuelles perversions de notre démocratie naissante. Le rôle
par excellence de l’intellectuel est moins dans la harangue ethnique que
dans un engagement social et humain. La construction d’une nation nécessite
de grandes actions de la part de son élite. Celle-ci a un devoir
d’information, d’explication, et d’éducation de son peuple. Suite à ces
élections, il est beaucoup question de haine interethnique et de ses
origines. Chacun s’emploie à faire une litanie des événements douloureux qui
soulèvent les rancœurs. Ne faudrait-il pas plutôt rappeler les faits qui
nous unissent que ceux qui nous divisent ? Des siècles durant nos
populations se sont côtoyées, ont collaboré et se sont brassées sans trop de
heurts. Il s’en est suivi une harmonie. Donc il vaut mieux pour les
Guinéens, d’être plus patriotes et de sortir de la prison de l’ethnie pour *
CONSTRUIRE* ensemble notre nation.
Ceci nous conduit à notre mouvement « *TOUCHE **PAS** MON PAYS* ».
Nous remercions encore une fois Mr. Kyle pour sa remarque assez pertinente,
par ailleurs, par rapport à la formulation du nom. Nous pourrions
effectivement garder toute la phrase *« NE TOUCHE **PAS** A MON PAYS* ».
Mais il faudra comprendre ici qu’il s’agit juste d’un slogan. Le slogan est
flexible du point de vu de la syntaxe, la phonétique étant l’effet recherché.
Les sociologues et les spécialistes en communication savent de quoi il
s’agit. Ceci dit, nous remercions tous les patriotes qui ont décidé de se
joindre à nous pour la mise sur pied d’un *mouvement* *citoyen* dont le but
essentiel sera la préservation de l’unité nationale, contre l’ethnicité, la
corruption, mais aussi le renforcement de la justice sociale, le tout dans
un cadre pacifique et légal. Nous réitérons notre appel : Citoyens et
patriotes guinéens, rejoignez « *TOUCHE **PAS** MON PAYS* » pour une *Guinée
* pour tous, *Unique* et *Indivisible*.
Mohamed Kaba
Historien et journaliste
Denver, Colorado, USA.
00170 690 8877