Le président de la Guinée-Bissau, Malam Bacaï Sahna, a déclaré mercredi à Conakry qu’il avait discuté avec son homologue guinéen, Alpha Condé, des voies et moyens à mettre en place par les deux pays pour lutter «efficacement» contre le trafic de drogue devenu «un cancer» pour eux.
S’adressant à la presse à l'issue d'une visite de 48 heures, il a estimé que le combat des deux gouvernements devrait porter essentiellement sur le trafic de drogue qui a fini de faire de leurs pays des plaques tournantes du trafic de stupéfiants.
«J’entretiens des relations très fortes avec Alpha Condé que je connais depuis plusieurs années. Mon pays entretient des relations très spéciales avec la Guinée qui a lutté à ses côtés lors de sa guerre d’indépendance», a affirmé le président Sanha, le premier chef d’Etat à effectuer une visite en Guinée depuis l'investiture, le 21 décembre, de Alpha Condé.
Selon lui, les deux pays vont «très prochainement» mettre en place des équipes de surveillance mixte des côtes maritimes entre Conakry et Bissau pour traquer les trafiquants de drogue.
Pour sa part, le président Condé a souligné qu’il ne s’était pas gêné de révéler à ses hôtes, étonnés de voir «des voitures rutilantes» à Conakry lors de son investiture, que «c’est le fruit» du trafic de drogue qui «est resté impuni».
Il a rappelé avoir réhabilité dans ses fonctions le colonel Moussa Tiégboro Camara, ancien ministre chargé des services spéciaux, de la lutte contre le trafic de drogues et le grand banditisme dans le premier gouvernement de la junte, en 2008, qui relève désormais de la présidence de la République, en vue de traquer «tous les trafiquants, civils ou militaires» impliqués dans le trafic de drogue et les livrer à la justice.
«J’ai tenu à nommer trois avocats dans mon gouvernement en vue de mettre fin à une justice laxiste qui avait fini de s’installer dans notre pays», a-t-il dit.
Le nouveau Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Me Christian Sow, ancien bâtonnier de l’ordre des avocats, en 2000, avait récemment déclaré au moment de sa prise de fonction qu’il fallait redonner à la justice «sa crédibilité et sa noblesse» et avancer dans «un changement qualitatif» en vue de signer rapidement «un contrat social et moral» entre les citoyens et la justice.
«Il nous faut une justice forte et respectée pour résoudre les problèmes. Une justice de qualité est possible», avait dit Me Sow, annonçant ainsi la tenue des «états généraux de la justice» au cours du premier trimestre de l’année.
La majorité des trafiquants de drogue présumés, dont le colonel Ousmane Conté, fils aîné du défunt président, Lansana Conté, et plusieurs de ses co-accusés, arrêtés en 2009 par l’ancien chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, a été libérée pendant la transition dirigée par le général Sékouba Konaté. - Pana