La France a rappelé qu'elle ne reconnaissait pas Laurent Gbagbo comme le président légitime de la Côte d'Ivoire après qu'il eut déclaré samedi qu'il retirait l'accréditation de l'ambassadeur français à Abidjan Jean-Marc Simon.
Laurent Gbagbo a annoncé que le diplomate français "n'était plus accrédité" depuis ce samedi, a rapporté un porte-parole du quai d'Orsay. "Pour nous, ça ne change rien puisqu'on ne reconnaît pas Laurent Gbagbo comme le président légitime", a-t-il ajouté. "Ce n'est pas lui qui a ce pouvoir de retirer l'accréditation".
La communauté internationale reconnaît Alassane Ouattara comme vainqueur de la présidentielle ivoirienne du 28 novembre, mais le chef de l'Etat sortant Laurent Gbagbo refuse d'admettre sa défaite.
"Comme le reste de la communauté internationale, la France reconnaît sans réserve M. Ouattara comme président de la République de Côte d'Ivoire", réaffirme le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
"Les positions et déclarations prétendument faites au nom de la Côte d'Ivoire par ceux qui ne tirent pas les conséquences des résultats des élections présidentielles sont jugées illégales et illégitimes par la France", ajoute le quai d'Orsay. "En l'espèce, la déclaration de M. Laurent Gbagbo à l'endroit de l'ambassadeur de France, M. Jean-Marc Simon, est considérée par la République française comme nulle, non avenue et dépourvue de tout effet juridique".
Démission du gouverneur de la BCEAO jugé proche de Gbagbo
Les dirigeants ouest-africains ont accentué samedi la pression sur Laurent Gbagbo en écartant le gouverneur de la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BCEAO), un proche qui continuait à fournir au président sortant ivoirien l'accès aux comptes de la Côte d'Ivoire.
Réunie à Bamako, la conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union économique et monétaire ouest-africaine a "pris acte de la démission du gouverneur Philippe Henry Dacoury-Tabley".
Dans le cadre des sanctions internationales visant à obliger le président sortant à quitter le pouvoir, la BCEAO avait annoncé le mois dernier qu'elle n'accepterait plus la signature de Laurent Gbagbo, mais ce dernier avait toujours accès aux comptes.
"La conférence est préoccupée par l'impact de la non application de cette décision sur la stabilité du système économique, financier et monétaire de l'Union", ont déclaré les dirigeants à Bamako.
Gbagbo a été déclaré vainqueur de l'élection présidentielle du 28 novembre par un Conseil constitutionnel à sa main. Alassane Ouattara a été jugé vainqueur du scrutin par la commission électorale indépendante, une victoire reconnue par les Nations unies.
L'actuel vice-gouverneur de la banque prendra les fonctions de gouverneur jusqu'à la nomination d'un remplaçant. Alassane Ouattara a été invité à proposer un successeur à Dacoury-Tabley.
"Nous sommes satisfaits. C'est ce que nous demandions", a déclaré Patrick Achi, porte-parole d'Alassane Ouattara. "Cela réduira le montant d'argent qui sort du compte. Nous nous acheminons vers le contrôle des comptes mais cela se fera par étapes", a-t-il ajouté.
Patrick Achi a également demandé le remplacement du directeur de la BCEAO en Côte d'Ivoire, qui est selon lui aussi un partisan de Gbagbo.
Le camp du président sortant n'a pas réagi dans l'immédiat à ces mesures. – AfricaLog avec agences