Ce 25 janvier, les enfants des victimes du Camp Boiro, venus en nombre au pont 8 novembre, porte d’entrée de Kaloum, pour commémorer l’an 40 de la journée des pendaisons publiques du 25 janvier 1971.
Dès 9h, femmes, jeunes et hommes, tous émus, ont rallié le cinéma Liberté, tout près du pont 8 novembre,l’un des endroits choisis pour la célébration de la triste journée.
Les membres de l’Association des Enfants Victimes du Camp Boiro (AGVCB) se sont recueillis sur le pont du 8 novembre en y déposant des gerbes de fleurs, dans une grande émotion, avec le slogan « Plus jamais ça !» scandé par les jeunes.
Docteur Maréga Fodé, président de l’AGVCG, a rappelé : « Voilà 40 ans que cet acte ignominieux, la pendaison de quatre Hommes Baldé Ousmane, Barry III, Magassouba Moriba et Kéita Kara de Soufiane au pont de Tombo à Conakry. Et au moins deux pendus dans chaque préfecture sur toute l’étendue du territoire national. Ils font partie de ces milliers de Guinéens que Sékou Touré a tué par pendaison, fusillade, noyade, bastonnade, diète noire sans les avoir jugés et après les avoir torturés, avilis et contraints à des aveux fallacieux, mensongers et sans fondement. 50.000 morts, chiffre d’Amnesty International, c’est 160 victimes par mois, pendant 26 ans de régime sanguinaire du PDG. »
Pour Dr Maréga, la commémoration de cette année a pour objectif essentiel d’honorer les morts, mais aussi, «prévenir de pareilles atrocités dans le futur» avec le slogan «Plus jamais ça !», pour «la démocratie que nous ambitionnons durablement pour notre pays et pour le peuple de Guinée. Plus jamais ça s’applique aussi à toutes les dérives dictatoriales passées et présentes qui continuent à s’abattre sur notre peuple dans une culture d’impunité totale. Voilà dit-il, pourquoi notre association a salué la déclaration du Président Alpha Condé en faveur de notre commission Vérité-justice-réconciliation, saluant ainsi la volonté du nouveau régime d’en finir avec les pratiques anciennes ».
Docteur Maréga a rappelé que son association se bat entre autres pour la défense des droits de l’Homme et souhaite ardemment la mise en place de la commission «vérité et réconciliation». Mais il estime qu’il faut impérativement identifier et restituer de nombreux charniers disséminés à travers le territoire national, afin d’y ériger des stèles à la mémoire des disparus. Il souhaite également la restitution totale du Camp Boiro qui sera construit à l’identique et transformé en musée du souvenir avec l’érection d’un monument à la mémoire des victimes du régime de la Première République. Dr Maréga demande également «la restitution de tous les biens spoliés, car leurs ayant droits sont encore vivants, et l’exigence d’une réhabilitation totale des martyrs injustement exécutés».
Après ce discours et le recueillement, les membres de l’AGVCB se sont rendus au Camp Boiro, entièrement rénové. Mme Touré Kadiatou Diallo, veuve et victime a déploré que «toutes les traces des souvenirs de ce camp tristement célèbre soient malheureusement disparues ».
A 12h, le recueillement a commencé au bloc carcéral du camp, marqué par une lecture du saint Coran, par des prières à la mémoire des disparus. Un boeuf a aussi été immolé.
Quoique le Camp Boiro a été entièrement rénové, il existe un espace réservé pour la réhabilitation des cellules, notamment. Il est prévu la construction des cellules à l’identique, une bibliothèque et une salle de conférence pour l’histoire.
Parmi les rescapés qui restent encore en vie, il y a l’ancien ministre de la Justice de Lansana Conté, M. Alsény Réné Gomez (sur la photo), qui a témoigné ses huit ans de bagne, au camp Boiro.
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