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Au Caire, la rue appelle à la "chute du régime"

Jan 28, 2011

"Le peuple veut la chute du régime", criaient à pleins poumons des milliers d'Egyptiens en colère qui dévalaient comme un torrent dans les rues du Caire, quadrillées par la police après la traditionnelle prière du vendredi.

La fin de la prière a sonné comme le début d'une grande course contre le pouvoir, des milliers de personnes prenant d'assaut les rues sous les applaudissements nourris des passants pour exiger la fin du régime du président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 30 ans.

"Liberté! liberté! liberté", scandent les manifestants, majoritairement des hommes, sous les regards ahuris de policiers déployés avec boucliers et casques près de la célèbre mosquée al-Azhar dans le quartier historique de Khan al-Khalili.

"Moubarak est un dictateur, nous voulons sa chute. Ce n'est plus le temps des réformes. Les gens en ont marre. La situation économique devient intenable", souffle Ahmed, un jeune avocat qui marche avec les manifestants.

La police a fermé la rue qui traverse le coeur de la capitale égyptienne, littéralement prise d'assaut par les manifestants, jeunes et vieux, laïcs et islamistes confondus.

"Nous sommes ici réunis, les forces nationales et les Frères musulmans, pour dire au pouvoir que nous en avons assez", lance Mohammed al-Mansour, trentenaire aux yeux bleus.

Les manifestants jouaient au chat et à la souris avec les policiers qui semblaient sur le point d'intervenir, provoquant de brefs moments de panique dans la foule.

Des manifestants se sont massés sur les ponts autoroutiers enjambant l'artère principale de la capitale, alors que des commerçants avaient fermé boutique.

"Nous avons peur que la situation ne dérape", explique Hamzaoui, un marchand de tissus dans le souk de Khan al-Khalili.

Les Frères musulmans, principale force de l'opposition, et Mohamed ElBaradei, l'opposant le plus en vue, ont participé à ce "vendredi de la colère," point d'orgue de quatre jours de manifestations ayant fait huit morts et des dizaines de blessés. La police a fait usage de gaz lacrymogènes, balles caoutchoutées, voire canons à eau dans certains quartiers du Caire et à Alexandrie.

Près de la place de l'Opéra, dans le centre du Caire, des dizaines de manifestants revenaient sanguinolents du théâtre où se déroulaient des heurts avec la police. Un jeune homme marchant torse nu avait notamment le dos marqué d'impacts de balles en caoutchouc.

"Ils nous ont tiré dessus avec des balles en caoutchouc, j'ai été touché au niveau de la ceinture et de la jambe. Je saignais mais une personne m'a aidé à panser mes blessures", a déclaré Moustafa Sabagh, jeune dentiste cairote.

"Les policiers nous ont battus", a ajouté le jeune homme, le pantalon déchiré, du sang séché dépassant du pansement de fortune sur sa jambe.

En fin de journée, des milliers de personnes ont défilé dans le quartier Dokki, sur la rive occidentale du Nil, plusieurs d'entre elles enveloppées dans le drapeau égyptien.

Des manifestants le visage humecté de larmes étaient assis en bordure de la rue. Les policiers, eux, semblaient avoir perdu le contrôle de la situation dans ce quartier. - AFP
 

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