Les victimes de la répression militaire du 4 juillet 1985 récusent, dans une lettre, la nomination de Facinet Touré au poste de Médiateur de la République, au motif qu’elle constitue ‘’une atteinte et même une souillure à leur mémoire’’.
Selon cette lettre, le Général Facinet Touré est récusé, ainsi que d’autres officiers, du fait qu’ils se sont rendus ‘’coupables d’exécutions sommaires et extrajudiciaires’’ d’officiers, sous le régime de feu Lansana Conté, le second Président de la Guinée.
Beaucoup d’officiers militaires, insistent les signataires de la lettre, ont été ‘’froidement assassinés’’ par le groupe auquel appartient le nouveau médiateur Facinet Touré, en ‘’raison de leur appartenance ethnique ou régionale’’.
Le 4 juillet 1985, l’ancien Premier ministre d’alors, le colonel Diarra Traoré avait été accusé d’avoir fomenté un coup d’Etat militaire contre le Président Lansana Conté. Et peu après, des officiers de l’ethnie malinké, comme Diarra Traoré et ses proches, furent exécutés.
Pourtant, Diarra Traoré avait aux côtés notamment de Facinet Touré, orchestré le coup d’Etat militaire ayant porté Lansana Conté au pouvoir, le 3 avril 1984, peu après le décès du premier Président guinéen, Ahmed Sékou Touré.
Après avoir été porte- parole de la junte militaire qui prit le pouvoir en 1984, puis ministre des Affaires étrangères, Facinet Touré s’était brouillé avec le Président Conté. Ainsi, lors de la première présidentielle multipartite de 1993, il crée son propre parti politique et se porte candidat.
Lors de la première présidentielle démocratique de la Guinée du 27 juin 2010, Facinet Touré apporte son soutien au candidat Alpha Condé qui, au lendemain de sa victoire, le nomme Médiateur de la République, à la place de Sékou Koureissy Condé, qui était pourtant irrévocable à ce poste pendant sept ans, selon la constitution.
Mais cette nomination sera fortement critiquée à Conakry, au point où la presse locale a parlé de ‘’relent de règlement de comptes et de violations de la constitution’’. La levée de boucliers fut telle que le Président Alpha Condé et le médiateur révoqué furent obligés d’aller s’expliquer auprès des sages de leur communauté, car tous deux étant issus de la même région.
A Conakry, certains leaders politiques ont récemment estimé que Mr Touré ne devrait pas être nommé à ce poste de Médiateur de la république, car, soutiennent- ils, ce dernier avait ouvertement milité pour un candidat, lors de la précédente présidentielle. - APA