Quatre présidents africains du panel sur la crise ivoirienne s`apprêtaient à rencontrer mardi à Abidjan Alassane Ouattara, reconnu chef de l`Etat par la communauté internationale, au lendemain d'un entretien avec son rival, le sortant Laurent Gbagbo, sur fond de violences.
Au deuxième jour de leur visite, Idriss Deby Itno (Tchad), Jikaya Kikwete (Tanzanie), Jacob Zuma (Afrique du Sud) et Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie) devaient s`entretenir d`ici la mi-journée avec M. Ouattara au Golf hôtel où il est retranché avec son équipe, a indiqué son entourage.
Comme à M. Gbagbo lundi, le panel doit soumettre à M. Ouattara des propositions pour aboutir d`ici au 28 février à des solutions "contraignantes" pour les deux camps.
Selon un ministre sud-africain, les quatre chefs d`Etat délégués par l`Union africaine (UA) pour dénouer la crise post-électorale proposent un partage du pouvoir ou bien un gouvernement d`interim jusqu`à de nouvelles élections.
Le panel de médiateurs dont fait partie le président sud-africain Jacob Zuma, "tente de trouver une solution de compromis, qu'il s`agisse d`un partage de la présidence entre les deux présidents ou bien (...) un gouvernement d`interim jusqu'à de nouvelles élections", a déclaré mardi à l`AFP le ministre
sud-africain adjoint aux Affaires étrangères, Ibrahim Ibrahim.
"Je ne pense pas que le panel penche pour l`un ou l`autre, que ce soit Laurent Gbagbo ou Alassane Ouattara, parce que cela mènerait à une déstabilisation du pays", a ajouté M. Ibrahim, interrogé en marge de la session parlementaire au Cap.
La rencontre du panel avec M. Ouattara, initialement prévue lundi soir, n'a finalement pu avoir lieu. Dans l'entourage de M. Ouattara, on expliquait avoir voulu ainsi manifester son mécontentement devant l`absence de représentant de l`Afrique de l'Ouest au sein de la délégation.
Le président burkinabè Blaise Compaoré, membre du panel, a en effet renoncé à se rendre à Abidjan pour "raison de sécurité": plus d`un millier de jeunes pro-Gbagbo attendaient à l`aéroport l`ex-médiateur du processus de paix ivoirien (2007-2010) qu`ils accusent d`être un allié de M. Ouattara et de l`ex-puissance coloniale française.
La Communauté économique des Etats de l`Afrique de l`Ouest (Cédéao), qui a adopté une ligne plus dure que l`Union africaine en brandissant la menace de la force pour déloger M. Gbagbo, a d`ailleurs fermement critiqué le maintien de la visite du panel amputé d'un de ses membres.
"La Commission de la Cédéao s`est inquiétée de voir que le panel a malgré tout décidé d`effectuer immédiatement la visite, sans la participation d'un membre important dont les contributions au processus de paix en Côte d`Ivoire sont inestimables et méritent de meilleures appréciations et davantage de
respect", a-t-elle affirmé.
Pour elle, la situation sur le terrain n`était pas "propice à la tenue d`une mission d`une telle importance".
Le président de la Commission de la Cédéao, James Victor Gbeho, qui a jugé récemment avec sévérité les tentatives de compromis avec M. Gbagbo, a également annulé son déplacement à Abidjan.
La nouvelle médiation survient alors que la capitale ivoirienne connaît un regain de tension depuis ce week-end.
Après bientôt trois mois de crise, le camp Ouattara, inspiré par les révolutions en Tunisie et en Egypte, a appelé les siens à se mobiliser pour chasser le président sortant.
Selon des journaux locaux, au moins six personnes ont été tuées lundi dans des affrontements très violents entre partisans de M. Ouattara et Forces de défense et de sécurité (FDS) loyales à son rival, dans les quartiers populaires d`Abobo (nord), Koumassi et Treichville (sud).
Ces heurts ont donné lieu pendant plusieurs heures à des scènes de guérilla urbaine, ont rapporté des témoins.
Les violences post-électorales ont fait au moins 300 morts depuis mi-décembre, selon l'ONU. – AFP