(Discours du Président de la Commisssion Centrale de Coordination Pottal Fii Bhantal USA à la rencontre du 27 Février 2011 à New York)
Par Lamine Diallo
Laissez-moi exprimer une plus de fois ma gratitude à la section de New York de Pottal Fii Bhantal pour avoir facilité ce rassemblement et aux responsables de la Commission Centrale de Pottal Fii Bhantal pour leur attachement au bien-être des guinéens en général et de la communauté peuhle en particulier.
Nous sommes réunis ce jour-ci à l'initiative de Mr Normand Siegel, un avocat renommé des droits de l’homme. Il a voulu rencontrer notre communauté. Pottal Fii Bhantal a employé ses services pour emmener en justice ces criminels, responsables des crimes odieux, crimes contre l’humanité, envers une population civile sans défense. Permettez-moi au nom de la communauté peuhle et au nom de toutes les personnes dont les droits humains sont violés de vous remercier d'avoir accepté de relever ce défi pour intenter un procès contre ces meurtriers et violeurs de femmes.
Sénateur Adams, les membres de Pottal Fii Bhantal vous remercient d'être ici avec nous.
Mes chers compatriotes, mes frères et amis de la Guinée ;
Nous sommes ici pour parler de l'initiative entreprise par Pottal Fii Bhantal. Dans la longue marche de notre peuple pour la liberté et la dignité, une chose a toujours été laissée de côté, l’impunité. Pottal Fii Bhantal ne tolérera plus l’utilisation par un gouvernement guinéen de la violence, de l’assassinat ciblé et du viol comme armes politiques. C'est pourquoi nous sommes ici et affirmons-le haut et fort : Nous emmènerons ces criminels devant la justice ! Ces crimes que la Commission des droits de l'homme des Nations Unies et les organismes humanitaires tels que « Human Rights Watch », « International Crisis Group » et « Amnesty International » ont qualifié de crimes contre l'humanité.
Nous parlons ici du massacre de civils, du viol des femmes, de la détention illégale et de la torture d’enfants et d’adolescents. Notre cause est juste et nous ne reculerons pas dans cette mission qui consiste à mettre un terme à l'impunité en Guinée une fois pour toute.
Depuis la fin des élections suivies de l'installation du nouveau gouvernement d’Alpha Condé, nous n'avons vu aucune indication de la volonté de sa part de réparer ces crimes. Au contraire, les responsables de ces crimes ont été rémunérés par des postes encore plus élevés dans son gouvernement.
Nous avons tellement de cas qu’il suffirait de citer quelques uns seulement. Nous pouvons citer le cas du Commandant de la Gendarmerie Thiegboro Camara. Non seulement, il a gardé son travail en tant que Tsar de la lutte contre la drogue, il a un rang de ministre d’état du gouvernement. Que diriez-vous du soldat Pivi Kourouma, surnommé Coplan ? Il a gardé son poste de Chef de la sécurité présidentielle avec en plus le rang de ministre. Qu’en est-il du Général Toto Camara ? Il est toujours le ministre de la sécurité.
La Commission des droits de l'homme de l'ONU qui a étudié les crimes du 28 septembre 2009 a cité ces individus, comme directement responsables de ce qui s'est produit ce jour fatidique dans le stade.
Et enfin, nous avons le Général Baldé, chef de la force de sécurité, l’infâme FOSSEPEL. La FOSSEPEL est responsable des actes de violence, des viols des femmes peuhles et massacres ciblés d’adolescents peuhls entre le premier et deuxième tour des élections présidentielles. Nous pouvons aller indéfiniment.
Chers amis de la Guinée, Cher sénateur Adams et Cher M. Siegel,
À la lumière de ces faits, nous NE POUVONS PAS faire confiance au gouvernement d’Alpha Condé. Nous ne croyons pas qu'il ferait quoique ce soit pour apporter la justice ou supprimer le règne de la terreur et de l'impunité en Guinée. Au contraire, Alpha Condé semble banaliser ces crimes en apaisant les criminels et en insistant à ce que les victimes pardonnent et oublient.
La fin de l'impunité en Guinée est la condition sine qua none pour engendrer la paix, la stabilité et la démocratie dans le pays et en Afrique. Si la culture de l'impunité n’est pas éradiquée, aux prochaines élections, qu’elles soient législatives ou même locales, ces mêmes crimes se reproduiront encore et encore. A cause de l'impunité, le pays le plus riche d'Afrique Occidentale, son château d’eau plongera dans le chaos, la haine entre les peuples et que Dieu nous en préserve la guerre civile.
Si la justice n'est pas servie ; ou si le gouvernement d’Alpha Condé poursuit sa politique de marginalisation et d’expropriation d’une communauté travailleuse, autosuffisante et entreprenante, la communauté peuhle ; alors nous risquons de voir les différents groupes ethniques que l'Histoire a liés ensemble, se livrer à une guerre fatale qui anéantirait toute la zone.
Chers amis de la Guinée ; mes chers frères,
Les peuples de Guinée désirent ardemment voir un jour, AU MOINS UNE FOIS, les gens qui les ont maltraités durant les 50 dernières années, depuis que l'indépendance, traduits en justice. Les 26 premières années, le monde été témoin, silencieusement, du massacre d'environ 50.000 prisonniers politiques et l'exode de plus de 2 millions de Guinéens à travers le monde. Pour survivre, ils durent sortir du pays de leurs ancêtres et nous, ici présents, en sommes la preuve vivante de cette tragédie. Sékou Toure est allé trop loin. Il accusa toute la communauté peuhle de comploter contre son régime et invita les autres groupes ethniques à attaquer et tuer les peuhls.
Avec le deuxième régime de Lansana Conté, nous avons également vu la répression sauvage des civils en 2006, 2007, et 2008. Des milliers de personnes ont été tués ou blessées mais aussi victimes de viols systématiques et de torture.
Avec Dadis Camara, à cause des nouvelles technologies de la communication (Internet), le monde a également été témoin en temps réel de ce qui s'est produit le 28 septembre 2009. Cette violence aveugle a continué avec le gouvernement transitoire du Général Sekouba Konaté et Jean Marie Doré. Le summum fut atteint avec les pogroms contre la communauté peuhle de Siguiri et Kouroussa, la séquestration et viols des femmes à Dalaba et à Labé et la torture et la disparition des adolescents de la communauté peuhle à Conakry.
Ainsi quelles sont les demandes de Pottal Fii Bhantal ?
1. Nous exigeons que les soldats qui ont commis les viols à Labé et Dalaba soient arrêtés et jugés.
2. Nous voulons que les personnes impliquées dans les pogroms contre les communautés peuhles de Siguiri, Kouroussa et d'autres localités ainsi que les fonctionnaires qui ont failli à la protection de la population civile mis aux arrêts et traduits devant la justice
3. Nous exigeons que les forces de sécurité qui ont tué ou torturé les jeunes à Conakry soient identifié et traduits devant la justice
4. Nous voulons que les commanditaires des atrocités commis le 28 du septembre 2009 arrêtés et traduits en justice, que ce soit en Guinée ou au Tribunal Pénal International.
5. Nous voulons que des investigations sérieuses sur les crimes commis en 2008, 2007, et 2006 et les personnes responsables de ces atrocités arrêtées et traduits en justice.
6. Nous voulons l'arrêt de l'assassinat ciblé et de l'expropriation des Peuhls ou de tout autre groupe ethnique en la matière.
7. Nous voulons l'identification des fosses communes et les personnes disparues répertoriées.
8. Nous voulons que la réforme des forces de sécurité prenne en compte de l'équilibre ethnique dans le pays.
9. Nous exigeons que les victimes de ces crimes soient dédommagées et que les orphelins et les veuves soient pris en charge par l'état
10. Et enfin, nous voulons un Etat de Droit et l'établissement d'une société démocratique et paisible.
Et pour la réalisation de ces revendications, nous croyons que «Oui, Nous Pouvons ».
Mes chères sœurs et frères, Cher Sénateur Adams, Cher M. Siegel, Je m'arrêterai ici maintenant et vous remercie de tout cœur d’être venus à cette rencontre.
Pottal Fii Bhantal demande l'appui de la communauté peuhle et des personnes de bonne volonté pour que se réalisent les objectifs de notre lutte.
Merci, que Dieu vous bénisse tous.