L'opposant historique Mahamadou Issoufou a remporté avec près de 58% des suffrages l'élection présidentielle au Niger, selon les résultats provisoires annoncés lundi par la commission électorale.
M. Issoufou a obtenu samedi quelque 1,8 million de voix, soit 57,95%, devançant l'ex-Premier ministre Seïni Oumarou (1,3 million de voix, 42,05%), a annoncé Gousmane Abdourahamane, président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), lors d'une cérémonie à Niamey.
Le taux de participation a atteint 48,17%, en-deçà des 51,56% du premier tour du 31 janvier.
Le second tour, dont le bon déroulement a été salué par les observateurs internationaux, était destiné à rétablir un régime civil après un an de junte militaire, à la suite du coup d'Etat de février 2010 contre Mamadou Tandja.
Ces résultats provisoires de la Céni doivent désormais être transmis au Conseil constitutionnel, qui a 15 jours pour proclamer les résultats définitifs.
L'investiture du nouveau président est prévue le 6 avril.
Lors de sa première déclaration à la presse, à son domicile après l'annonce de la Céni, M. Issoufou a "remercié" les Nigériens de l'avoir "désigné pour cinq ans pour (les) servir".
Le "peuple nigérien" a "arbitré avec beaucoup de sagesse dans le calme, dans la transparence, en faisant preuve d'une grande maturité politique, d'un sens élevé des responsabilités", a-t-il dit, vêtu d'un grand boubou blanc et coiffé d'un bonnet traditionnel rouge.
Entouré d'un important service de sécurité et de militants, il a également "salué et remercié" la junte au pouvoir dirigée par le général Salou Djibo, qui a "conduit ce processus (de transition) avec beaucoup de doigté et de responsabilité".
Il a enfin rendu hommage aux militants de son Parti nigérien pour la démocratie et la socialisme (PNDS), et à ceux du Mouvement démocratique nigérien (Moden) de son allié, l'ex-Premier ministre Hama Amadou.
Arrivé en tête (36%) au premier tour, M. Issoufou partait favori grâce au soutien de M. Amadou (19%). M. Oumarou (23%) bénéficiait pour sa part du ralliement de l'ex-chef de l'Etat Mahamane Ousmane (8%).
Les deux finalistes avaient des profils radicalement différents: le vainqueur a été l'éternel adversaire de Mamadou Tandja, alors que son rival malheureux est l'"héritier" autoproclamé du chef de l'Etat déchu et détenu depuis un an, dont il fut Premier ministre.
Quelque 6,7 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes dans ce pays sahélien, important producteur d'uranium mais classé parmi les plus pauvres du monde. Le pays doit faire face aussi à la menace croissante d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui multiplie les rapts d'Occidentaux.
Le bon déroulement du scrutin a été salué par les observateurs de l'Union africaine et de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ainsi que par la France.
L'ex-puissance coloniale a jugé "indispensable" l'acceptation du résultat.
Grand producteur d'uranium pourtant classé parmi les pays plus pauvres du monde et soumis à des crises alimentaires chroniques, le Niger doit faire face aussi à la menace grandissante d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui multiplie les rapts d'Occidentaux.
Fin février ont été libérés trois otages - un Togolais, un Malgache et une Française - enlevés en septembre 2010 sur le site minier d'Arlit (nord) avec quatre Français qui sont toujours aux mains des jihadistes. - AFP