Par Faya L. Millimouno
Comme on s’y attendait, l’élection du Professeur Alpha Conde comme Président de la République de Guinée, a transformé la Présidence en laboratoire de rumeurs. Depuis son investiture, on en compte beaucoup déjà : les dissensions au sein du cabinet du Président, les humeurs – déceptions et menaces de démissions au sein de l’arc-en-ciel, la saisie des gargarisons d’armes, la tenue de réunion secrète à Dakar par certains guinéens pour saboter le programme inexistant du Président Alpha Conde et de son gouvernement, etc.
Qu’on ne s’y trompe pas. Il n’en est rien. C’est juste une action habituelle de diversion qui vise, d’une part, à détourner l’attention des populations sur les difficultés du Président et de son gouvernement de faire preuve d’une simple compréhension des problèmes auxquels est confronté le pays et le comment les résoudre et, d’autre part, à tromper ses adversaires politiques. Autrement dit, l’idéologie d’Alliance naturelle est en pleine marche. C’est juste une question de stratégie.
Deux faits non moins importants permettent de savoir que l’arc-en-ciel est bel et bien en marche et en bonne posture : 1) l’interview accordée au media électronique Kibarou par le candidat malheureux du premier tour, M. Abraham Bourré ; 2) la publication de la lettre adressée au controversé Médiateur de la République par un groupe de réflexion sur l’avenir politique de la Basse Côte. En effet, dans l’interview accordée à Kibarou par M. Bourré, il apparait clairement que la naissance de la nouvelle alliance UDG n’est pas une rupture d’avec l’Alliance Naturelle. Elle en est même un renforcement de l’Alliance car, pour M. Bourre,
« … c’est une continuité. Nous continuons, le travail qu’on a commencé. On ne peut faire ce travail qu’à la base. On n’a pensé donc qu’il fallait se reculer, travailler sur le terrain. Ensuite, une fois à l’assemblée, nous formerons certainement une mouvance qui supportera les projets du Président de la République. » (cf. Kibarou, interview de M. Abraham Bourre)
Sur la lettre, son adresse au controversé Médiateur de la République, grand concepteur et réalisateur de l’idéologie d’Alliance Naturelle, montre clairement la marche programmée de l’arc-en-ciel qui, inversement, correspond à la descente en enfer de la « nation guinéenne ». En effet, dans cette lettre le médiateur de la république est invité à convoquer une réunion de tous les cadres et personnalités ciblées par une commission (laquelle ?) mise en place (par qui> ?) à cet effet. Quatre décisions ont même été suggérées à M. le médiateur :
« 1) designer une autorité morale pour la Basse Côte ainsi que ses collaborateurs que tous les fils de la Basse Côte seront obligés de reconnaitre et de respecter sous peine de sanction ;
2) fédérer tous les partis politiques (lesquels ??) en un seul avec une nouvelle appellation et un nouveau nom sans considération doctrinale et philosophique ;
3) à partir des critères « très objectifs », désigner le Président du nouveau parti ainsi que les titulaires des autres postes à pourvoir avec obligation d’intégration dans la Direction exécutive du parti de tous les autres leaders politiques (lesquels ??) et leurs principaux collaborateurs issus de la Basse Côte ; et
4) fixer des dates pour une sortie d’ensemble (Nouveaux dirigeants sociopolitiques et hauts cadres) en vue de présenter aux populations des préfectures et sous-préfectures ceux qui portent désormais le destin de la Basse Côte. »
Comme on le voit, c’est l’Alliance Naturelle en pleine marche, quoique la lettre soulève quelques questions chez les lecteurs non ressortissants de la Basse Côte. Une d’elle est de savoir si les partis dont réfère la lettre sont ceux dirigés par les ressortissants de la Basse Côte. Auquel cas, elle montre un certain mépris à l’égard des ressortissants d’autres régions qui appartiennent à ces partis. Une autre question est de savoir si les auteurs et commanditaires de la lettre veulent insinuer que les guinéens d’autres régions qui ont décidé, par alliance fondée sur les principes et les valeurs, de suivre un leader de la Basse Côte, sont bêtes de n’avoir pas suivi leurs « frères et sœurs » comme le prône la philosophie désormais officielle d’Alliance Naturelle ? Souhaitons que la lettre ne soit l’œuvre qu’une minorité qui ne représente pas la volonté de nos compatriotes de la Basse Côte.
Ces deux faits montrent clairement que les partis d’opposition doivent faire très attention en vue d’éviter d’avoir en leur sein les supposés déçus de l’arc-en-ciel qui ne seraient véritablement qu’en mission commandée pour empêcher toute initiative efficace de l’opposition face à la dictature naissante. Les leaders des partis d’opposition qui se connaissent, je l’espère, doivent reprendre l’initiative et travailler à maintenir l’unité en leur sein pour s’opposer efficacement et intelligemment aux dérives dictatoriales qui sont maintenant très perceptibles. La survie de la démocratie naissante et le maintien de l’espoir du peuple de voir émerger un état de droit en Guinée en dépendent.