Quand les Crapauds se Mettent à Coasser

Par Ani Touré

Depuis l’avènement de Monsieur Alpha Condé au pouvoir on observe urbi et orbi un battage médiatique qui sent a priori le roussi. Les sages diront que la patience est une vertu. Les dénigreurs du Président de la République diront qu’elle est une perdition. Ainsi soit-il! Certains esprits chagrins ont poussé le ridicule au point d’afficher une contradiction rien que pour s’inscrire à faux contre le Pr. Alpha. A la moindre incartade on le cloue au pilori. Quel scandale! Les méchants qualifient ce genre de comportement rétrograde de masturbation intellectuelle et politicienne. D’autres plus tolérants diront
tantôt: que les détracteurs exposent pernicieusement leurs prouesses d’écrivailleurs. A peine quatre mois après l’investiture, certains frères (réconciliation exige) s’attendent à des miracles de la part du M. Condé. Selon eux, il n’a pas droit à l’erreur. Il doit être parfait. Quel charivari assourdissant et intempestif! Je dois dire aux contempteurs du Pr. Condé que: l’art de pardonner n’est pas une faiblesse, mais plutôt un signe de maturité intellectuelle.

Pis, nombreux sont ceux qui n’ont jusqu’ici pas accepter ou digérer les résultats des dernières élections. Ces mauvais perdants se morfondent dans une logique affective de la victimisation à outrance qui parait surannée. Appelons un chat, un chat! Il est regrettable de constater qu’on parle constamment de démocratie, sans comprendre la culture de la démocratie. Quel drame!

Philippe Destouches disait pertinemment que: «La critique est aisée et l'art est difficile.» J’ajouterai, qu’il n’y a pas de mal à critiquer les manquements d’une personne, mais faisons le avec un esprit ouvert et apportons autant que possibles des solutions idoines. Je reviens du bercail, où j’ai constaté un pays (on ne peut pas parler d’un Etat en ce moment), abandonné à lui-même, où tout est à faire ou à refaire. La culture du lucre, le laisser-aller inimaginable, la gabegie gangreneuse érigée en un système étatique mafieux, et l’irresponsabilité galopante de certains cadres sont tant de facteurs qui posent un challenge énorme au Pr. Condé. De grâce, soyons patients! Le Pr. commettra des erreurs, car après tout, il est humain. Le paysage guinéen ne se transformera pas en un jour. Il faudra un travail herculéen pour que nous sortions de l’auberge. Il aura besoin du soutien de tous pour sortir le pays du guêpier. L’auto-marginalisation, c'est-à-dire, rester à l écart en augurant une fin apocalyptique au régime du Pr Alpha Condé est un comportement irresponsable et indigne.

Au Pr Alpha Condé. J’ai toujours apporté mes critiques en privé, mais je fais fi à cette règle pour vous rapporter ce qui suit. J’ai eu une discussion intéressante avec une compatriote guinéenne autrement raisonnable, qui m’a soufflé à l’oreille ( je jure sur tous les Saints que l’anecdote est authentique) que vous étiez de connivence avec l’ancien Président Dadis pour organiser les massacres du 28 septembre 2009. Malgré tous les efforts que je consens pour éclairer honnêtement certaines lanternes, on pense toujours que je demeure l’apologiste suprême de votre régime. J’ai donc besoin de votre aide.

Quand l’intoxication génère une aphasie chez certains, j’estime franchement que des recommandations pertinentes doivent suivre: De grâce Monsieur le Président, dites et répéter aux guinéens que vous n’êtes pas un ethno-stratège. Dites aux guinéens (excusez mon indiscrétion) que vous aviez, durant les années difficiles (réconciliation exige) donné l’ordre aux membres du RPG ici aux USA d’aider les militants du Parti de feu Ba Mamadou et de feu Siradiou Diallo (paix à leurs âmes) à obtenir l’asile politique aux Etats Unis. Plusieurs frères et sœurs qui vous combattent impitoyablement aujourd’hui ont eu l’asile politique ici aux USA grâce à vous. Dites aux guinéens que dans votre appartement de la Porte
d’Italie à Paris vous receviez volontiers tous les guinéens, toutes ethnies confondues. Finalement, dites aux guinéens que vous n’êtes ni de près ni de loin mêlé aux massacres du 28 septembre, que vous déplorez toutes les violences perpétrées contre les guinéens, et que la justice suivra son cours tôt ou tard. Ainsi soit-il!

Tempest Fugit!
Que Dieu aide la Guinée
Ani Touré – Washington DC