Dix-neuf personnes dont 18 pirates ont été tuées lors d'un accrochage samedi entre pirates et soldats à Bakassi (sud-ouest du Cameroun) après le braquage d'une banque à Douala (sud), selon un nouveau bilan donné mardi par la présidence camerounaise.
Lundi, le bilan officiel faisait état de deux morts (un pirate, un soldat) lors de l'accrochage alors qu'une source de sécurité jointe par l'AFP établissait le bilan à 10 morts. Cet accrochage est survenu en mer à Bakassi après le braquage d'une banque à Douala qui a fait cinq morts.
"Dans la matinée du 19 mars, une patrouille maritime (de l'armée camerounaise) a intercepté deux embarcations suspectes dans les eaux territoriales camerounaises", a annoncé le secrétaire général à la présidence Laurent Esso, dans un communiqué lu sur les antennes de la radio d'Etat.
"Au cours de l'accrochage qui s'en est suivi, 18 pirates ont été tués et l'une des embarcations saisie", souligne le texte.
"Blessé au cours de cette intervention et promptement évacué à l'hôpital de Douala, le chef de la patrouille décédera au matin du 20 mars à la suite d'une intervention chirurgicale", selon le texte.
"Quatre autres militaires blessés et évacués en même temps reçoivent encore des soins appropriés dans la même formation hospitalière", conclut le communiqué de M. Esso.
Dimanche, le gouverneur de la province du littoral, Faï Yengo Francis, avait évoqué le même incident, parlant de deux morts dont un pirate et un soldat camerounais ayant succombé à leurs blessures.
"Il subsiste des questions sans réponses: où sont les corps des 18 bandits abattus et le matériel saisi?", s'interroge Le quotidien privé Le Jour, dans son édition de mardi. "Pour qui connaît le milieu, on ne se serait pas privés de montrer les +trophées+", remarque le journal.
Lundi soir, la télévision d'Etat a montré les images du ministre de la Défense rendant visite aux militaires blessés alors que M. Faï Yengo avait parlé de la saisie d'"un important stock de matériel", après l'accrochage.
L'affrontement s'est produit après le braquage dans la nuit de vendredi à samedi d'une banque à Douala alors que "les pirates retournaient à leur base arrière au Nigeria", selon la source proche des services de sécurité.
De même source, ces pirates font partie d'un groupe nouvellement constitué pour mener des attaques "plus violentes" à Bakassi et ailleurs au Cameroun.
Cinq personnes ont perdu la vie lors du braquage à Douala d'une agence de la banque panafricaine Ecobank, selon un bilan officiel. Les braqueurs ont emporté 200 millions de FCFA (305.000 euros), selon le quotidien privé Le Jour, et 170 millions (259.163 euros) d'après le quotidien d'Etat Cameroon Tribune.
Selon le communiqué de la présidence, "deux suspects" ont été interpellés. Plusieurs groupes armés, sont actifs dans la péninsule de Bakassi, région côtière et marécageuse de 1.000 km2, potentiellement riche en pétrole, en gaz et en ressources halieutiques. Les attaques y sont monnaie courante.
Entre le 6 et le 7 février, quatre gendarmes camerounais ont été tués dans deux attaques distinctes à Bakassi. Au cours d'une de ces attaques, 11 personnes avaient été enlevées puis libérées après dix jours de captivité.
La zone a été entièrement restituée par le Nigeria au Cameroun en août 2008 après un différend frontalier de 15 ans. Le Nigeria en avait évacué une partie en 2006, après la signature d'un accord mettant fin à ce conflit. - AFP