Les forces du président ivoirien reconnu par la communauté internationale Alassane Ouattara étaient mercredi, au troisième jour de leur offensive, aux portes de la capitale politique Yamoussoukro et avançaient vers San Pedro, plus important port d'exportation de cacao au monde.
Ces combats, quatre mois après le début d'une crise post-électorale ayant fait, selon l'ONU, au moins 460 morts et déplacé près d'un million de personnes, provoquent de nouveaux mouvements de population, comme à Duékoué (ouest) où 10.000 civils ont trouvé refuge à la mission catholique.
Les Forces républicaines de M. Ouattara, regroupant essentiellement les ex-rebelles qui tiennent le Nord depuis 2002, ont poursuivi mercredi leur avancée en prenant Tiébissou, à 40 km au nord de la capitale, et Soubré, à 130 km au nord de San Pedro (sud-ouest).
Elles avaient remporté d'importantes victoires mardi, en entrant à Duékoué, Daloa (centre-ouest) et Bondoukou (est), mais aussi Abengourou (sud-est), à seulement 220 km de la capitale économique Abidjan.
L'ambassadeur de Côte d'Ivoire en France nommé par Alassane Ouattara, Ally Coulibaly, a assuré que les forces de son camp contrôlaient "les trois quarts" du pays.
Mercredi, les affrontements ont notamment eu lieu au centre du pays autour de la ville symbolique de Yamoussoukro, village natal du "père de la Nation" Félix Houphouët-Boigny (1960-93) devenu capitale politique du premier exportateur mondial de cacao.
Venus de leur fief de Bouaké (centre), les combattants pro-Ouattara, souvent à bord de pick-ups armés de mitrailleuses, ont attaqué à l'arme lourde dans la nuit la ville de Tiébissou, point stratégique pour accéder à la capitale politique située 40 km plus au sud, avant de prendre son contrôle.
"Ce sont les Forces républicaines qui contrôlent Tiébissou. Le commandant Ousmane Chérif (un de leurs chefs) est entré à Tiebissou sous la clameur des populations", a indiqué un habitant de la localité.
Dans leur offensive, les forces pro-Ouattara, équipées de mortiers et de lance-roquettes notamment, progressent, non seulement vers le centre, mais vers l'est et l'ouest.
Sur le front est, ils avancent rapidement, sans rencontrer de fortes résistances, s'approchant toujours un peu plus d'Abidjan, coeur du régime Gbagbo, où de nouvelles recrues commençaient mercredi à se faire enrôler dans l'armée du président sortant.
Sur le front ouest, de violents combats ont eu lieu, en particulier à Duékoué - où au moins 10.000 civils se sont réfugiés dans la mission catholique, selon Amnesty International - mais les combattants visent San Pedro.
Plus de 400.000 tonnes de cacao sont bloquées depuis l'appel du camp Ouattara à cesser les exportations. Cette mesure a encore été renforcée par des sanctions occidentales.
Isolé diplomatiquement, de plus en plus asphyxié économiquement, sur la défensive militairement, le camp Gbagbo a appelé mardi soir à un "cessez-le-feu immédiat", se déclarant prêt à des négociations avec le camp rival sous l'égide de l'Union africaine début avril à Addis Abeba.
Mais avant même cette demande de cessation des hostilités, M. Ouattara et ses alliés avaient tranché: "toutes les voies pacifiques pour amener Laurent Gbagbo à reconnaître sa défaite (à la présidentielle de novembre) sont épuisées".
Et mercredi, Anne Ouloto, porte-parole de M. Ouattara, a confirmé cette ligne, demandant aux partisans de M. Gbagbo de "déposer les armes" en estimant que l'appel au cessez-le-feu était une "diversion".
Tout en se disant prêt au dialogue, le camp Gbagbo se prépare en effet aux affrontements à venir, notamment la très redoutée bataille d'Abidjan, dense métropole comptant avant la crise 5 millions d'habitants et jadis eldorado pour toute l'Afrique de l'Ouest. – AFP