L'Afrique du Sud a exprimé mardi ses réserves face aux attaques par l'ONU et la France des derniers bastions du président ivoirien sortant Laurent Gbagbo à Abidjan, et insisté sur la nécessité de trouver "une solution pacifique" au conflit.
"Je ne me rappelle pas avoir donné un mandat à quiconque pour un bombardement aérien sur la Côte d'Ivoire", a déclaré la ministre des Affaires étrangères Maite Nkoana-Mashabane, dont le pays siège actuellement au Conseil de sécurité de l'ONU, lors d'un point de presse à Pretoria.
"Nous ne soutenons pas nécessairement ce que nous n'avons pas voté", a-t-elle ajouté.
Les forces d'Alassane Ouattara, président reconnu par la communauté internationale, ont lancé la semaine dernière une offensive éclair qui leur a permis de prendre le contrôle d'une grande partie du pays, mais se sont heurtées à la résistance des pro-Gbagbo à Abidjan.
La mission de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci) et la force française Licorne ont annoncé avoir tiré lundi depuis des hélicoptères sur des armes lourdes entreposées dans les camps militaires d'Agban et d'Akouédo, au palais et à la résidence présidentielle.
L'ONU et la France ont expliqué avoir agi en vertu de la résolution 1975 du Conseil de sécurité pour "neutraliser les armes lourdes utilisées contre les populations civiles".
Dans cette résolution votée à l'unanimité le 30 mars, le Conseil de sécurité apporte son "entier soutien" aux forces de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci) pour utiliser "toutes les mesures nécessaires" pour assurer leur mandat qui est de protéger les civils et d'empêcher l'utilisation d'armes lourdes contre les population civiles.
"L'Afrique du Sud est très inquiète de la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire en Côte d'Ivoire", a souligné la ministre, en appelant la Communauté économique des Etats d'Afrique du l'Ouest (Cédéao), l'Union africaine (UA) et l'ONU à "persévérer dans leur quête d'une solution pacifique".
L'Afrique du Sud avait accueilli la semaine dernière le chef d'Etat-major de l'armée ivoirienne, Philippe Mangou, qui s'était réfugié à la résidence officielle de l'ambassadeur sud-africain à Abidjan. La ministre a précisé que l'adjoint au chef de la police avait également trouvé refuge dans cette résidence.
Les deux hommes ont quitté les lieux dimanche. "Un matin, ils se sont levés, et ils ont dit qu'ils voulaient partir. Nous n'avions pas le droit de les en empêcher", a dit Mme Nkoana-Mashabane.
Elle a par ailleurs démenti des rumeurs selon lesquelles Laurent Gbagbo pourrait s'exiler en Afrique du Sud. "Nous n'avons jamais invité un citoyen d'un quelconque pays à s'exiler chez nous. Laurent Gbagbo n'a pas dit qu'il voulait l'asile politique en Afrique du Sud", a-t-elle déclaré.