Nicolas Sarkozy a plaidé mardi pour le devoir de mémoire de la France sur la traite négrière et l'esclavage dans ses territoires d'outre-mer, qu'il a qualifiés de "premiers crimes contre l'Humanité".
"Pas plus que la mémoire humaine ne doit oublier la Shoah, elle ne doit oublier l'esclavage, parce que l'une et l'autre expriment une leçon universelle", a dit le président de la République, qui s'exprimait à l'occasion de la journée nationale de la traite, de l'esclavage et de leurs abolitions.
"Ce qui rend la traite et l'esclavage comparable à l'entreprise d'extermination totalitaire c'est qu'ils ont trouvé leur justification intellectuelle et morale dans l'idée de race inférieure", a-t-il ajouté lors d'une cérémonie organisée au jardin du Luxembourg, à Paris.
"Il ne faut pas oublier (...) Car si nous ne sommes pas responsables des fautes de nos aïeux, nous ne pouvons pas nous exonérer de la responsabilité de celles que nous pourrions commettre en invoquant la terrible excuse des lâches : 'nous ne savions pas !'", a-t-il encore dit.
Nicolas Sarkozy s'était fait présenter auparavant des documents historiques liés à la traite des Noirs et à l'esclavage, comme le journal de bord d'un bateau négrier ou des petites annonces de ventes d'esclaves.
Le chef de l'Etat n'avait pas participé aux deux dernières éditions de la journée nationales sur l'esclavage et sa présence, à un an de la présidentielle 2012, a fait suite à l'hommage national au poète martiniquais Aimé Césaire, qu'il a présidé le mois dernier.
CALCUL POLITIQUE
La députée PRG de Guyane Christiane Taubira, à l'origine de la loi de 2001 assimilant la traite et l'esclavage à un crime contre l'Humanité, a mis en garde Nicolas Sarkozy contre tout calcul politique.
"Les gens vont faire la part des choses. Et s'il y a une tentation d'instrumentalisation, je pense qu'il y aura un boomerang certain", a-t-elle déclaré dans une interview au quotidien France Antilles.
Christiane Taubira s'inquiète d'autre part d'"inhibitions (qui) sont en train de disparaître", estimant que "la vigilance est en train de tomber et des choses qu'on n'aurait pas osé dire il y a quelques années, remontent".
Elle fait notamment allusion à la polémique sur l'affaire des quotas ethniques évoqués lors d'une réunion de la Fédération française de football en présence du sélectionneur de l'équipe de France Laurent Blanc.
"Ca ne veut pas dire que Laurent Blanc est raciste mais ça devrait l'interpeller et il devrait reconnaître qu'il a dit là quelque chose de raciste parce qu'il se réfère à des représentations raciales. Il devrait dire qu'il n'adhère pas à cela et qu'il regrette d'avoir pu le penser et l'exprimer", a-t-elle déclaré. – Reuters