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Les migrants africains, victimes collatérales de la guerre en Libye

May 11, 2011

La guerre civile en Libye a pour victimes collatérales les migrants africains, contraints de quitter le pays à bord d'embarcations de fortune dont certaines sombrent avant d'atteindre les côtes européennes.

Un bateau transportant 600 personnes parti de Libye pour l'Italie a disparu et aurait fait naufrage vendredi au large des côtes de Tripoli.

Il s'agit du dernier d'une série de drames impliquant des bateaux surchargés de migrants rêvant d'un avenir meilleur en Europe.

Avant le conflit en Libye et les combats qui durent depuis bientôt trois mois entre forces loyales aux dirigeant Mouammar Kadhafi et rebelles, les autorités empêchaient le départ de ces migrants vers l'Europe.

"Avant, il n'y avait aucune possibilité. Il y avait des patrouilles partout sur la côte", explique, sous couvert de l'anonymat, une assistante sociale basée à Tripoli.

Aujourd'hui, ce sont les forces de sécurité libyennes "qui organisent tout cela", dit-elle parlant des dangereux voyages par bateau qui coûtent aux migrants des centaines voire des milliers de dollars.

"Des officiers de marine qui ont des bateaux les escortent même jusque dans les eaux internationales et donnent des instructions au capitaine" contre rétribution, ajoute-t-elle.
Mary-Anne, une Nigériane de 35 ans qui vit en Libye depuis 10 ans, connaît beaucoup de monde ayant tenté l'aventure.

Avant, les autorités bloquaient en général le départ des bateaux, mais aujourd'hui la police ferme les yeux en échange de quelques billets, dit-elle.

Elle a une amie, Ada, qui devait partir à bord d'une de ces embarcations de fortune mais elle en est descendue en raison de son état de délabrement extrême.

"Le bateau bougeait, bougeait, bougeait" alors même qu'il était encore amarré, lui a-t-elle raconté.
"Alors que le bateau quittait le port, il était toujours secoué par des a-coups". Ses passagers chantaient des chants à la gloire de Jésus juste avant qu'il ne sombre au large de Tripoli, ajoute-t-elle citant son amie qui n'a pas pu être contactée par l'AFP.

"Il n'y a plus de travail en raison du conflit", se désole Adam, un ouvrier du bâtiment nigérian de 31 ans venu avec sa femme pour faire quelques économies en Libye avant de retourner dans son pays et lancer sa propre affaire.

Mais selon l'assistante sociale, beaucoup de ces Africains "se servent de la Libye comme d'un pays de transit pour atteindre l'Europe". Seuls "25% d'entre-eux viennent pour travailler en Libye mais le reste a pour objectif final l'Europe", dit-elle.

Même si Mary-Anne et Adam rêvent l'un et l'autre de pouvoir quitter le pays en guerre, ils assurent qu'ils ne prendraient jamais le risque de monter à bord d'un de ces bateaux.

Pour Khaled Kaïm, le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, "tout le monde sait bien que l'armée est débordée, et la police aussi".

"Nous sommes toujours prêts et avons toujours la volonté de travailler à nouveau avec les pays européens concernant ce problème", explique-t-il, ajoutant que la Libye a besoin de l'aide de l'Europe pour cela.

Selon l'assistante sociale, deux autres embarcations chargées de migrants ont disparu.
"Le premier bateau avec 350 Erythréens et Ethiopiens" est parti aux alentours du 23 ou 24 février pour l'Italie et personne ne sait ce qu'il est devenu.

Un autre parti aux environs du 23 mars avec à son bord 72 Ethiopiens et Erythréens "s'est perdu, retrouvé à court de carburant, puis a dérivé vers la Libye trois semaines plus tard", selon elle. "Ils ont été abandonnés sans aucune aide", explique-t-elle. - AFP

 

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