Trois militaires affectés à la protection rapprochée du leader de l'opposition guinéenne Cellou Dalein Diallo, ont été condamnés jeudi à Conakry à 2 ans de prison ferme pour participation à un rassemblement interdit et trouble à l'ordre public.
Cette condamnation, assortie d'une amende d'un million de francs guinéens (100 euros) chacun, a été prononcée en l'absence des avocats de la défense qui ont décidé de quitter les lieux, pour ne pas servir de faire valoir du fait que le procès était déjà pipé, a dit l'un d'eux à l'AFP.
Ces deux militaires avaient été affectés en janvier 2010 pour, selon eux, une durée illimitée à la protection de M. Diallo, alors candidat à l'élection présidentielle qu'il a perdue en novembre 2010 face à Alpha Condé.
C'est à ce titre qu'ils s'étaient rendus le 3 avril à l'aéroport de Conakry pour accueillir M. Diallo de retour en Guinée après près de 4 mois d'absence, car, ont-ils affirmé devant le tribunal, ils n'avaient pas été appelés à d'autres fonctions par leur hiérarchie.
Nous avons été affectés chez M. Diallo par une note de service de la hiérarchie militaire et nous sommes allés l'accueillir à l'aéroport de Conakry parce que c'est nous qui sommes chargés d'assurer sa sécurité depuis janvier 2010, a dit l'un des deux gardes, l'adjudant chef Abdoulaye Diallo.
Depuis que nous avons été affectés, personne ne nous a dit qu'il fallait quitter le poste, parce ce que la note de service n'était pas limitée dans le temps, a-t-il ajouté.
Boubacar Barry, l'un des avocats de la défense a expliqué à l'AFP avoir demandé au parquet de produire la note de service qui affectait les gardes auprès de M. Diallo, mais il a refusé sous prétexte que ce n'est pas important. Or, c'est sur la base de cette note qu'ils ont été affectés.
C'est la raison pour laquelle nous avons décidé de boycotter l'audience, a-t-il ajouté, car nous avons alors compris que le procès était un procès politique qu'il ne fallait pas cautionner.
Les avocats ont annoncé qu'ils feraient appel de ce jugement.
Selon le procureur de la République, Moundjour Chérif, la note de service affectant ces militaires prenait fin au lendemain du 2e tour de la présidentielle du 7 novembre 2010. Ils devaient comprendre qu'ils devaient regagner leur base une fois l'élection présidentielle terminée, a-t-il dit.
La police avait dispersé le rassemblement de milliers de partisans de M. Diallo venus l'accueillir le 3 avril, faisant au moins un mort et 27 blessés dont 8 par balles. L'opposition et des ONG ont fait état de quatre morts. Plusieurs dizaines de personnes avaient également été arrêtées.
La condamnation des gardes de Cellou Dalein Diallo survient deux jours après la fouille par des militaires de son domicile de Conakry, alors qu'il se trouvait à Dakar, à la recherche d'armes et de soldats cachés, selon des témoins. M. Diallo a dénoncé cette fouille comme étant une intimidation. - AFP