Facinet Touré rompt le silence: «Le Président de la République nomme le Médiateur de la République; mais le Médiateur de la République ne peut pas être révoqué avant sept ans.»
Le vendredi, 20 mai 2011, le Médiateur de la République nommé a fait une sortie devant la presse nationale. En réalité, comme à l’accoutumée, chaque vendredi, une assemblée Générale de la Coordination de la Basse-Guinée se tient au domicile de l’homme politique. Au cours de cette rencontre, le Général Facinet Touré a laissé parler son cœur.
A l’entame, Facinet Touré fait une déclaration liminaire: «Vous êtes des Guinéens, vous êtes en Guinée comme nous, il n’y a pas ce que chacun de vous n’apprend pas. Nous nous sommes dits que quand l’eau est trouble, les poissons ne se voient plus. Il est temps de nous regarder face-à-face et de nous dire certaines vérités.
La Basse-Guinée, comme vous le savez, est l’une des quatre Régions naturelles de la République de Guinée. A l’instar des autres Régions, la Basse-Guinée aussi voudrait s’organiser, se structurer.
Ce travail, comme vous l’a dit tout à l’heure le modérateur, il y a des années que nous sommes là-dessus. Les élections présidentielles nous ont trouvés sur ce travail. Naturellement, nous sommes déterminés à poursuivre ce travail pour le bien de la Basse-Guinée. Et pour le bien de la Guinée. La Basse-Guinée est une composante de la Guinée.
Mais si chacun nettoie devant sa porte, tout le monde se portera bien. Donc, nous sommes en train de nettoyer devant notre porte, nous organiser. Malheureusement, ça ne semble pas plaire. Ça semble déranger.»
D’où cette boutade: «Nous, nous ne semblons pas être autorisés à nous organiser comme nous l’entendons. Il y a beaucoup de grincements de dents là où il ne devrait pas en avoir.»
Sur un autre chapitre, Facinet Touré enchaine: «Vous savez également que j’ai été nommé Médiateur de la République par le Président de la République. Qu’est-ce que c’est que le Médiateur ? Qu’est-ce qu’il doit faire ? Pourquoi jusqu’à présent je ne fais rien ? Il faut que nous en parlions, parce que nous sommes tous concernés.»
«On vous a dit également, que le torchon brûle entre le Médiateur et le Président de la République. Bon, ça, ça n’engage que ceux qui le disent, que ceux qui l’écrivent. Moi, je me dis, partout où il ya deux hommes, trois hommes, naissent des incompréhensions, des erreurs de comportement…»
Subitement le langage devient acerbe: « … des gens médiocres, des faucons de mauvais augure, ont vite fait de dramatiser. Donner des dimensions incommensurables à des choses qui n’en valent pas la peine. Moi, je ne pense pas que le torchon brûle entre le Président et le Médiateur. Mais, peut-être, vous avez vos sources d’information. En posant des questions, ça va être clair pour tout le monde.»
Revenant à son intronisation, le Général à la retraite souligne: «On vous a parlé de l’installation, d’aucuns vous diront d’intronisation, de la Haute Autorité morale et coutumière. J’ai lu des titres dans certains journaux. Ceux qui ont écrit ces articles, ne sont pas tout à fait, très bien informés. C’est l’occasion pour eux, justement de l’être. Je suis prêt à répondre aux questions relatives à cette installation de la Haute Autorité morale et coutumière de la Basse-Guinée.»
Après cette introduction, l’homme politique s’est soumis au "supplice de la presse" à travers ses questions.
- de l’emploi du qualificatif de "médiocres" utilisé dans l’introduction.
- Général Facinet Touré: «Moi, j’appelle médiocres, les gens qui s’emparent de rumeurs ou qui fabriquent des mensonges et qui les colportent. Ce sont ceux-là qui sont des médiocres pour moi. Qui, qu’ils soient maintenant.»
Il dira par ailleurs, n’avoir «aucune appréhension par rapport» à ceux-là qui voudraient lui ravir son poste: «Si nous sommes respectueux de la loi, la loi est claire en la matière : le Président de la République nomme le Médiateur de la République ; mais le Médiateur de la République ne peut pas être révoqué avant sept ans. C’est la loi que le dit, ce n’est pas moi. Donc, me piquer mon poste, je n’en ai pas peur.»
- de son installation en tant que Haute Autorité morale et coutumière de la Basse-Guinée et des rapports avec l’UDG de Mamadou Sylla
- Général Facinet Touré: «L’UDG, nous avons commencé ensemble ici, nous avons fait le chemin ensemble. Je vous dirais même que le leader de l’UDG ici, a contribué à la cérémonie d’installation de la Haute Autorité morale et coutumière de la Basse-Guinée. L’UDG a contribué. C’est vérifiable.»
- alors, que s’est-il passé au point que l’on frise la rupture?
- Général Facinet Touré: «Puisque l’on prétend qu’entre le Président [ndlr AfricaLog : de la République] et le Médiateur [ndlr AfricaLog : de la République] tout ne baigne pas, on dit "il faut reporter la cérémonie". Ce n’est pas le Président qui l’a dit, ce n’est pas quelqu’un dans l’entourage du Président qui l’a dit. C’est venu de nous-mêmes encore de la Basse-Guinée, qui avons dit qu’il faut attendre que tout ce passe bien entre le Général et le Président.»
«Donc, entre-temps, il y a eu une assemblée Générale ici comme tous les vendredis. Au cours de cette assemblée Générale, eux tous qui étaient ici, ont manifesté un ras-le-bol. Qu’ils ne peuvent pas admettre qu’il soit reporté sine die l’installation de la Haute Autorité morale et coutumière de la Basse-Guinée. Elle [ndlr AfricaLog : l’assemblée Générale] a décidé donc, que pour elle, j’étais déjà installé ; il ne restait que la cérémonie officielle. A cette assemblée Générale, naturellement les personnes auxquelles vous faites allusion, n’étaient pas là ! Mais, une assemblée Générale, je crois, une fois qu’elle a décidé quelque chose, eh bien, c’est la décision de tout le monde. Si nous sommes en tout cas en démocratie. Parce que ceux qui n’étaient pas là, étaient minoritaires par rapport à ceux qui étaient là. Alors, ceux qui étaient là, ont pris cette décision. Et c’est ce qui a fait l’objet d’un communiqué à la radio et dans les journaux. Et c’est par rapport à ça que, eux, ils ont réagi ; ils se sont démarqués par rapport à ça. »
- du limogeage de son prédécesseur au poste de Médiateur de la République et de sa nomination.
- Général Facinet Touré : «… je ne suis pas un homme de droit ; mais pour ceux qui en ont pris la responsabilité, j’ai entendu que le gouvernement de la transition n’était pas habilité à nommé un Médiateur. Un gouvernement qui avait une durée de vie de six mois, nommer un Médiateur de sept ans, ce n’était pas dans la feuille de route de Ouaga, ça été improvisé comme ça, et le Médiateur a été nommé. C’est pourquoi le Président, une fois élu légalement, légitimement, il a essayé de mettre de l’ordre dans la maison. Donc, par rapport à ça, je ne crois pas que la loi ait été violée.»
- de la légalité de sa désignation comme Haute Autorité morale et coutumière de la Basse-Guinée.
- Général Facinet Touré : «D’abord, il faut placer les choses dans leur contexte. Il faut dire clairement les choses. En Basse-Guinée, il y a une coordination des sages comme il y en a partout. Il ya le Président de la coordination de la Basse-Guinée et il y a les sages-mêmes de la Basse-Guinée. Mais, pour dynamiser notre organisation, pour dynamiser la Basse-Guinée, nous avons voulu y apporter un plus, en installant ce que nous avons bien voulu appeler la Haute Autorité morale et coutumière. C’est-à-dire la coordination des sages. C’est l’organe de la sagesse, de la réflexion. Et l’organe agissant justement, est la Haute Autorité morale et coutumière. Alors maintenant, ce que vous dites qu’il ya polémique autour de moi, que je ne dois pas occuper ce poste-là, bon, je ne sais pas pourquoi !»
- est-ce compatible avec ses charges de Médiateur de la République?
- Général Facinet Touré : «Je vous dirais que ce sont deux choses absolument différentes. Et ce sont deux choses qui ne sont pas incompatibles. Par anticipation, je vais en parler. Le Médiateur, c’est quoi ? Le Médiateur est un recours pour l’administré, pour le citoyen et un conseil pour l’administration. Je suis allé faire cinq pays : Bamako, Dakar, Ouaga, Bénin, Paris. Cinq pays ! je suis allé me mettre à l’école du Médiateur. Ce n’est pas ce que vous croyez. Pour votre gouverne, apprenez que le rôle du Médiateur n’est pas de réconcilier des Guinéens. Il y en a qui m’attendent, arc-boutés dans un coin : "ah, il ne va être notre Médiateur parce qu’il est de Alpha Condé, il n’est pas neutre. Ça n’a rien à voir. Rien.»
- autre précision du Médiateur de la République
- Général Facinet Touré: «Maintenant, le Président de la République peut me demander de m’impliquer dans la réconciliation des Guinéens ou de pays tiers. Il peut me demander. Mais, avant ça, la loi dit que je suis in-dé-pen-dant. Je ne reçois d’instruction de personne. Justement, pour être neutre. Pour défendre la loi. Je suis absolument neutre. Indépendant.»
- et le Général d’expliquer le rôle du Médiateur
- Général Facinet Touré: «On prend un décret ou un arrêté contre vous. Vos intérêts y sont lésés. Vous portez plainte au Médiateur. Le Médiateur engage les enquêtes et aboutit au fait que vous avez raison, vous avez été lésés. Il appartient au Médiateur d’aller trouver l’auteur de l’acte qui vous sanctionne pour vous rétablir dans vos droits. C’est aussi simple que du Médiateur ça. L’administration du Médiateur comporte quarante-six (46) personnes. Et j’ai mes démembrements dans les départements ministériels, dans les chefs-lieux de Région, dans les Préfectures et dans les sous-préfectures. Mais, je suis complètement indépendant.»
- y a-t-il une catégorie particulière de personne qui doit saisir le Médiateur?
- Général Facinet Touré: «Tout citoyen lésé dans ses droits, dans ses intérêts peut me saisir. Si la position dans laquelle il se trouve, là, il n’est pas écouté. Parce que si vous êtes dans l’administration, il faut épuiser votre hiérarchie d’abord, complètement. Vous ne pouvez pas laisser votre hiérarchie, dire "ah, je vais me plaindre au Médiateur". Non. Là, en ce moment, la plainte n’est pas recevable. Donc, voilà ! Mais, on en fait un amalgame terrible : "il doit réconcilier les guinéens, il ne peut pas être Médiateur". Pourquoi ?»
- le Médiateur de la République nommé de hausser subitement le ton
- Général Facinet Touré: «Dites-moi, maintenant que je vous ai défini le rôle du Médiateur, qu’est-ce que cela a d’incompatible avec le fait d’être à la tête de ma communauté. Je n’en vois pas. Voilà ce que je peux dire.»
- sa désignation comme Haute Autorité morale et coutumière de la Basse-Guinée provoquerait des grincements de dents. Qui cette organisation gênerait-elle?
- Général Facinet Touré: «Les grincements de dents et qui ça dérange ? Ça, je ne peux pas vous citer des noms. Mais, je constate seulement que depuis que la volonté s’est exprimée, eh bien, on va de blocage en blocage. Voilà, ce que je peux dire à ce sujet.»
- des relations avec le Président de la République : y a-t-il incompréhension?
- Général Facinet Touré: «Incompréhension ? Oui ! Je qualifie ça d’incompréhension. Ce que certains appellent "torchon brûle", "rien ne va plus", moi je dis ça, c’est dans la nature humaine. Je qualifie ça seulement d’incompréhension. C’est tout. Pour le moment, il y a incompréhension, effectivement.»
- a-t-il commencé à travailler?
- Général Facinet Touré: «Je ne peux pas commencer à travailler, justement. Pourquoi, je ne peux pas commencer à travailler ? Quand on m’a nommé Médiateur, j’ai dit "Bon Dieu, qu’est-ce-que c’est que le Médiateur ?" Je suis allé chercher. Il ne faut pas réinventer la roue du moment où elle existe. Je suis allé. J’ai appris. Je suis venu très bien outillé. Je sais ce que c’est que le rôle du Médiateur. Je connais sa dimension en ressources humaines, en locaux, en équipements, et tout.»
- l’orateur de révéler:
- Général Facinet Touré : «Bon, le Président de la République qui m’a laissé faire cette mission, à mon retour, c’est à lui que je dois rendre compte. Mais, depuis, jusqu’à présent, je monte et je descends avec mon rapport de mission. Je ne suis pas encore reçu pour faire mon compte-rendu et demander les moyens qu’il me faut. Je les installe et je viens dire au Président "ça y est, je suis prêt". Il fixe le jour de ma prestation de serment. Parce que la loi dit : "le Médiateur de la République, avant d’entrer en fonction, prête serment devant le Président de la République. Et les collaborateurs du Médiateur, avant d’entrer en fonction, prêtent serment devant la cour d’appel de leur ressort." La loi est très claire là-dessus. Alors, moi qui dois venir défendre la loi, vous voulez que je commence mon travail en la violant ? Je ne peux pas !»
- il se fera plus explicite par rapport à ses relations avec le Professeur Alpha Condé
- Général Facinet Touré : «Chacun qualifie ça comme il l’entend. Vous, vous dites "le torchon brûle", moi je dis que c’est une incompréhension. Et c’est dans la nature de l’humain, ça.»
- qu’entend-il par incompréhension?
- Général Facinet Touré : «Mais, je suis allé en mission nous étions d’accord. Je suis revenu, je n’arrive pas à le voir. Donc, il y a incompréhension !»
- quelle relation y a-t-il entre la Haute Autorité morale et coutumière et la Coordination de la Basse-Guinée?
- Général Facinet Touré : «La Coordination, je l’ai dit, c’est l’organe des sages, de la sagesse. Chaque fois que nous sommes embarrassés par un problème, c’est vers les sages que nous venons. Eux, ils ont leurs cellules partout à travers la Basse-Guinée. Ça, c’est la coordination des sages.»
«Mais, l’organe qui agit maintenant, qu’on fait agir, que l’on envoie en mission, qui écrit, qui fait tout, c’est la Haute Autorité morale et coutumière. Voilà tout ! Donc, c’est un instrument de travail, si vous voulez.»
- de la réconciliation nationale?
- Général Facinet Touré : «La réconciliation ? Je suis un fervent défenseur de la réconciliation. Pour la raison bien simple que moi-même, je suis un rescapé du camp Boiro deux fois. Les atrocités que j’y ai vues, je ne souhaite pas qu’on les passe sous silence. Je ne souhaite pas qu’on se venge. Mais, je souhaite qu’on fasse une bonne lecture de cette page de notre histoire. Et que l’on demande pardon à qui il faut demander pardon. J’en parle tous les jours. Chaque jour que fait Dieu, je pense de la réconciliation. »
«Maintenant, les approches ? Chacun a sa façon de voir ça. D’aucuns vous diront "faisons ça à la sud-africaine". Mais je leur dis, les problèmes ne sont pas pareils ! Il n’y a pas eu l’apartheid ici, que je sache. On vous dira "on va faire ça comme en côte d’Ivoire". On n’a pas pris les armes les uns contre les autres ici pour nous entre-tuer. Je dis ça aussi, c’est un autre schéma qui ne correspond pas à nos réalités.»
- quel comité ou quelle structure faut-il mettre alors en place?
- Général Facinet Touré : «Comment, il faut constituer ce comité-là ? Comité-Vérité-Justice-Réconciliation. Je crois, à mon humble avis, c’est la jeunesse qui doit constituer cette commission-là. Pourquoi la jeunesse ? Parce que c’est elle qui est censée avoir les mains propres. Tous les autres ont les mains sales ou bien éclaboussées. Donc, c’est la jeunesse qui doit composer le comité.»
«Mais avant de composer le comité, c’est la jeunesse qui doit accuser. Parce que j’entends souvent "La Grogne" [ndlr AfricaLog : une émission d’une radio libre] du matin : "on est bien en Guinée. Qui et qui vont se réconcilier ?". Il y en a qui veulent galvauder ce pan de l’histoire. Et tant que nous ne lirons pas correctement cette page-là, faire ce qu’il faut faire, Dieu ne nous lâchera pas.»
«Hier, c’était Sékouba [ndlr AfricaLog : général Sékouba Konaté, Président de la transition], aujourd’hui, c’est Alpha [ndlr AfricaLog : Professeur Alpha Condé, Président de la République], demain, ce sera Tartempion. Chaque fois que l’on voudra immerger, il y a les péchés-là qui nous tirent par le bas. C’est attaché à nos chevilles comme un boulet qui nous tire par le bas. Donc, il faut que l’on se dise la vérité, que l’on demande pardon à qui il faut demander pardon, que l’on fasse des sacrifices et une journée de prière à organiser sur toute l’étendue du territoire. C’est à partir de ça seulement, que Dieu aussi voudra nous pardonner. Et je vous assure, je ne suis ni Dieu, ni prophète, mais si on fait ce que je dis-là, le lendemain, même si on met un cancrelat à la au-dessus de la Guinée, ça va marcher.»
«Mais c’est un exercice de longue haleine. La façon dont les gens sont pressés, si l’on se presse comme ça, on va rater le coach. Il faut le préparer. Ça parait banal, quand on dit "réconciliation nationale", pour mettre ça en route, atteindre l’objectif que nous nous fixons, il faut y aller patiemment et prudemment.»
- pour quelle raison?
- Général Facinet Touré : «Parce que même ceux qui demandent à connaitre la vérité aujourd’hui, demandent à être préparés. Parce que ce n’est pas évident que je vienne demain m’agenouiller à tes pieds dire "oui, c’est moi qui ai tué ton père, pardonne-moi". Tu veux connaitre cette vérité, mais est-ce que tu y es préparé ? Il faut te préparer. Il faut que l’on te prépare. Et il faut que l’on prépare les coupables aussi, qu’ils comprennent que l’on ne va pas les conduire à l’échafaud. On ne va pas les mettre devant un peloton d’exécution. Mais c’est pour se parler franchement. Et celui à qui on parle, qui a perdu un père, une mère, un frère, eh bien, qu’il pardonne, sincèrement. Si nous nous précipitons, nous allons obtenir l’effet contraire.»
- pense-t-il qu’il y a des gens qui œuvrent à l’éloigner du Chef de l’Etat?
- Général Facinet Touré : «Bien sûr. Bien sûr. Il y a des gens qui se plaisent dans ça. Je ne vais pas trahir un secret en vous disant qu’avant les élections, je me voyais régulièrement avec le Président [ndlr AfricaLog : de la République] et que je suis parti d’ici pour ma mission d’un mois, on était "tout sucre, tout miel". A mon retour, je frappe à toutes les portes, elles ne s’ouvrent pas ! Donc, c’est sûr, il y a des gens qui travaillent à ça. Il y a des gens qui ne veulent pas que je sois proche du Président. Ça, c’est sûr ! Pourquoi ? Eux-seuls le savent. Moi, je ne le sais pas. Et c’est comme ça que ça se passe. Mais je suis habitué ! J’étais comme ça avec le Général Lansana Conté [ndlr AfricaLog : l’ex-Président de la République] aussi. On dit qu’en Afrique, les faiseurs de roi, sont les premières cibles du roi. Toujours. Toujours, il y a des gens qui viennent, qui pêchent en eau trouble, qui racontent des histoires, qui mentent de façon éhontée. Il n’y a pas ce qu’ils ne vont pas dire au Président aujourd’hui : "Facinet a fait ceci, Facinet a fait cela…"»
Il abordera un autre sujet apparemment très sensible. Le Général Facinet Touré dira qu’il «ne souhaite pas que les peulhs accèdent au pouvoir politique en Guinée vu qu’ils ont déjà le pouvoir économique. Ils doivent donner la chance aux autres ethnies de se partager le pouvoir politique. Je n’ai rien contre l’ethnie.»
Il se défendra en ces termes : «ce n’est pas méchant ce que je dis. D’abord, je vous mets à l’aise, je suis issu d’une femme peule. Une Diallo de la Préfecture de Dalaba. Les peulhs sont donc mes oncles.»
Pour lui, dire ce souhait participe du souci du maintien de l’équilibre social et de la quiétude dans le pays. Et le Médiateur de la République de renchérir : «C’est ma vision vis-à-vis de chacune des quatre Régions naturelles de la Guinée. Il ne faudrait pas qu’une seule ethnie ait entre ses mains tous les pouvoirs. Sinon, ça fragilise l’équilibre social. Il faut donc dire ces vérités à mes oncles pour que le pays connaisse la paix et la quiétude. Même si c’étaient les soussous, les malinkés ou les forestiers qui étaient dans la même situation que mes oncles peulhs, je leur aurais dit les mêmes vérités.»
Ces phrases ont suscité moult commentaires et interprétations dans le pays.
Propos recueillis et transcrits par AfricaLog.com