«La gouvernance de feu Lansana Conté est meilleure que celle de M. Alpha Condé, il n’y a qu’à la décortiquer pour savoir qui des deux, est démocrate», a déclaré Bah Oury de l’UFDG.
Le 20 mai, M. Facinet Touré, le Médiateur de la République, a déclaré au cours d’une conférence de presse: «Pour qu’il y ait la paix dans une société, il faut partager ce qui est partageable. Les peulhs, ce sont eux qui ont tout dans ce pays-là, personne ne peut nier cela. Ils ont le cordon de la bourse, ils ont le pouvoir économique mais ils l’ont cherché, ils l’ont mérité, je les en félicite. Mais pour la quiétude de la société, de la cité, ils n’ont qu’à se contenter de cela, laisser les autres ethnies se partager le reste. Si eux ils ont le pouvoir économique, nous nous partageons le pouvoir politique, il y aura la stabilité dans le pays, il y aura l’équilibre. Mais si on prend tout on met dans les mains de mes oncles (les Peulhs Ndlr), la paix c’est deux jours, le troisième jour, on va se bagarrer. Maintenant, si c’étaient les Soussous qui avaient le cordon de la bourse, j’aurai dit la même chose, si c’était les Malinkés, j’aurai dit la même chose, si c’étaient les Forestiers, j’aurai dit la même chose. Si on réuni tout dans les mains d’un seul, la paix c’est sera pour deux jours, le troisième jour, on va se bagarrer».
Le 27 mai, Bah Oury, un des quatre Vice-président de l’UFDG a réagi à ces propos, au cours d’une conférence de presse qu’il a tenue à Conakry. Il a qualifié la déclaration du médiateur de «scandaleuse».
Bah Oury a déclaré: « Cette déclaration scandaleuse viole le principe d’égalité des citoyens, remet en cause les fondements de la République et par conséquent, c’est l’ensemble de la société guinéenne qui est agressée, insultée. » La déclaration est même irresponsable, contraire aux principes « de la Constitution qui souligne que tous les citoyens sont égaux en droit et en devoir… Ce n’est pas parce que c’est une minorité blanche que l’apartheid a été condamnable, c’est parce que ça dénie à des hommes et des femmes de vivre leur citoyenneté de manière pleine et entière. Ce qui est valable pour l’Afrique du Sud l’est autant pour tous les autres pays surtout la Guinée. La déclaration du médiateur de la République est une agression contre les lois, contre la République. L’UFDG s’insurge non pas parce que certains d’entre nous, sont des peulhs, mais parce que cela remet en cause les fondements de la République.»
Le vice-président de l’UFDG a estimé que le Procureur de la République devrait se saisir du dossier et le traduire devant les tribunaux. Malheureusement, s’indigne-t-il, la Guinée n’est pas dans un Etat de droit.
Au lendemain de sa sortie, Facinet Touré s’est rétracté en soutenant que ses propos contre ses «Oncles», (sa maman est une peuhle de Dalaba NDLR), n’étaient qu’une boutade. Mais certains observateurs ont affirmé que la boutade, ne se fait pas entre oncle et neveu mais entre cousins.
Pour Bah Oury, les propos du médiateur sont loin d’être une boutade. «Cela est condamnable dans un pays voisin de la Côte d’Ivoire qui a sombré dans le chaos à la suite du concept de l’ivoirité. C’est une forme de foulanophobie que ces gens comme le médiateur de la République sont en train de développer. Ces politiques d’exclusions ne peuvent pas être des politiques qui peuvent constituer des fondements pour rassembler, créer la stabilité et la paix. Ce sont des politiques qui préparent la guerre. Et de ce point de vue, tout le monde est averti.» Et d’interpeller la société civile, les défenseurs des droits humains, les institutions de la République ainsi que le Président Alpha Condé.
Parlant en outre de la gouvernance économique actuelle, Bah Oury n’y est pas allé du dos de la cuillère. «On ne peut pas avoir une gouvernance politique boiteuse et avoir une bonne gouvernance économique qui puisse tenir la route. Il y a des principes fondamentaux qu’on viole dans ce secteur-là aussi.»
Il s’est montré remonté contre le décret du Président de la République qui a procédé à «la nationalisation d’une douzaine d’entreprises », même si certaines d’entre elles n’existent que de nom. Le fondement de la Constitution, souligne Bah Oury, reconnaît la liberté d’entreprendre et le droit de propriété. « Si par un simple décret, on peut revenir sur des procédures de cession d’actifs de l’Etat, ça rouvre sur des contentieux commerciaux, ça montre qu’en Guinée, un simple décret peut faire revenir sur des décisions qui datent de plus d’un quart de siècle. Cela n’est pas bon pour la crédibilité des décideurs, ni pour le climat d’investissement qui doit être serein, durable.»
Il a également insisté sur la descente récente des militaires au domicile du Président de l’UFDG à Dixinn. Il a affirmé que ces derniers sont bel et bien des militaires mais qui n’ont d’ailleurs pas « volé quoi que ce soit. Mais ils sont venus à midi. Et la déclaration officielle du ministre de l’information, (porte-parole du gouvernement NDLR) indiquait que c’était des malfrats qui étaient venus voler 600 000 Fg et un micro-ordinateur. Le Chef d’Etat-major particulier du Président de la République a dégagé la responsabilité de la garde présidentielle sans se prononcer sur le reste. M. Alpha Condé dit simplement que ce sont des militaires qui seraient venus, parce qu’El Hadj Cellou avait distribué de l’argent à des militaires et que dans le partage, certains n’auraient pas reçu leur dû, c’est la raison pour laquelle ils sont venus menacer. Trois déclarations contradictoires.»
Bah Oury de dire que la gouvernance d’Alpha Condé est une gouvernance hors la loi, à partir du moment où «elle ne respecte pas la Constitution, la loi. C’est une gouvernance hors la loi. On nationalise les entreprises qui ont été privatisées il y a plus de 25 ans, sans se préoccuper de leur réalité juridique, on chasse des investisseurs manu militari au profit d’autres qui sont des amis de M. Alpha Condé, on emprisonne des ges indépendamment du droit. La Gouvernance actuelle, est une gouvernance hors la loi. J’ai même été très poli en le disant ainsi.»
En conclusion dans sa déclaration, il a osé: «La gouvernance de feu Lansana Conté est meilleure que celle de M. Alpha Condé, il n’y a qu’à la décortiquer pour savoir qui des deux, est démocrate.»
Il faut aussi souligner que Bah Oury a réitéré la position de l’UFDG et de bien d’autres partis politiques quant à leur opposition à un nouveau recensement des électeurs, que le gouvernement veut imposer, avant la fin d’année en cours. Pour lui, ce serait anti-démocratique, anticonstitutionnelle.
Le Code électoral guinéen reconnaît la révision du fichier électoral chaque année, entre le 1er octobre et le 31 décembre.
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