Ce 30 mai, aux environs de 14h, une dizaine d’hommes en uniformes militaires, avec armes au poing ont investi la rédaction du groupe de presse «L’Indépendant-Le Démocrate». Selon un journaliste dudit groupe de presse, les agents sont venus à deux reprises.
La première fois, ils sont venus en civils et ont demandé à voir le Directeur de publication, Mamadou Dian Baldé. «Nous avons des questions à lui poser et des comptes à lui régler», auraient lancé les visiteurs aux journalistes et aux secrétaires, trouvés dans la salle de rédaction.
Mais ces derniers ont dit que le Directeur n’y était pas. Joint au téléphone par Mamady Kaba, ancien président de la RADDHO (Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme) section Guinée et actuel président de la Commission nationale des droits de l’homme s’y est immédiatement rendu.
Il a expliqué aux agents qu’ils ne doivent pas arrêter un journaliste sans en aviser au CNC (Conseil National de la Communication), par une plainte. C’est la nouvelle loi sur la Liberté de la presse en Guinée qui le mentionne ainsi, leur a-t-il déclaré. Et que s’ils le faisaient, il est prêt à se présenter ce mardi avec le Directeur de publication devant celui qui demande à le voir. «C’est après cela que ce groupe de trois gendarmes est parti», nous a confié notre source qui a requis l’anonymat. La même source a poursuivi que le deuxième groupe de trois gendarmes, cette fois-ci en tenue de la gendarmerie, est venu à bord d’un Pick-up. Ce groupe conduit par «un colonel et un commandant. Ils parlaient au téléphone avec un certain colonel Kongo, qui leur aurait dit d’envoyer tout le monde au camp. Mais on a appelé encore M. Kaba qui est venu les convaincre de repartir, en leur disant ce n’est pas comme ça qu’on arrête un journaliste. Il est pour le respect de tous les droits», nous a ajouté notre source.
«Mais ces gendarmes avaient l’air menaçant. Ils ont promis de remettre ça le lendemain pour nous amener tous à l’Etat major de la gendarmerie nationale… » a dit un autre journaliste de l’Indépendant que nous avons joint au téléphone.
Les agents seraient remontés contre un article paru à la page 4 de l’Indépendant no 935, du jeudi 26 mai, intitulé : « Hausse des salaires: Les militaires se frottent les mains.»
Au moment où nous mettions en ligne, les militaires avaient quitté les locaux de l’Indépendant. Mais selon une secrétaire dudit groupe de presse, ils ont menacé de revenir mardi pour «embarquer tout le monde et amener au camp».
Par ailleurs d’autres sources ont précisé que ces agents ont assiégé la rédaction du groupe de presse l’Indépendant-Le Démocrate et qu’il a fallu l’intervention du Conseil national de la Communication pour qu’ils lèvent le siège.
Voici l’article publié dans la dernière parution de l’Indépendant du 26 mai 2011.
« Hausse des Salaires
Les militaires se frottent les mains
Le Président guinéen a annoncé ce mardi au cours d’une visite au Camp Alpha Yaya Diallo, la garnison des bérets rouges, le corps d’élite de l’armée guinéenne que son gouvernement va payer les pour cent d’augmentation de salaire promise aux forces armées, à la fin de ce mois de mai.
Alpha Condé a fait ces déclarations à la veille de son départ pour la France où il doit prendre part au sommet du G8 prévu à Deauville.
Alpha Condé promet également de donner les autres 50 pour cent aux militaires, après les élections législatives.
Cela va faire 100 pour cent d’augmentation.
Cette promesse électorale avait été faite aux forces armées, lors de la campagne du deuxième tour de la présidentielle.
Ces derniers temps, le mécontentement était palpable dans les casernes de la capitale, à cause du non respect de cette promesse, disaient-ils.
Une source diplomatique nous avait alors confiés ses inquiétudes de voir les militaires se mutiner comme c’est le cas au Burkina Faso, où le gouvernement peine à rétablir le calme dans les camps.
Cette augmentation de salaires accordée aux militaires ne sera pas du goût des fonctionnaires de l’administration publique. Il n’est pas exclu que des mouvements de grève éclatent dans le secteur de l’enseignement par exemple, à la veille des examens prévus au mois de juillet.
Le gouvernement Alpha Condé a du mal à apporter des réformes au sein de l’armée guinéenne, où beaucoup reste à faire en termes de discipline.»
AfricaLog.com