Dominique Strauss-Kahn comparaît à nouveau lundi devant les juges à New York, une audience cruciale pour l'ancien patron du FMI qui doit dire s'il plaide ou non coupable des crimes sexuels dont l'accuse une femme de chambre d'hôtel.
Cette audience est la première où l'on entendra la voix de M. Strauss-Kahn depuis son arrestation le 14 mai dernier.
S'il plaide coupable, il n'y aura pas de procès. L'ancien ministre français, sous le coup de sept chefs d'inculpation prononcés par un «Grand Jury» -une chambre d'accusation- sur la base des témoignages d'une jeune Guinéenne de 32 ans, ira en prison pour un nombre d'années à négocier avec le juge.
S'il plaide non-coupable -l'hypothèse la plus probable selon les experts- un procès se tiendra dans quelques mois, et M. Strauss-Kahn devra alors faire face à sa victime présumée, dont les autorités américaines n'ont pas révélé l'identité.
L'ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI), 62 ans, encourt théoriquement jusqu'à 74 années de prison s'il est reconnu coupable des crimes dont il est accusé, notamment agression sexuelle, tentative de viol et séquestration de personne. Il a toujours nié tous les faits présumés.
Le procès, s'il a lieu, verra s'affronter d'un côté des ténors du barreau, dont le redoutable Benjamin Brafman, avocat connu pour avoir évité la prison à plus d'une célébrité sortie innocente du tribunal, de l'autre une accusation renforcée ces derniers jours.
Deux femmes procureures adjointes de gros calibre, Joan Illuzzi-Orbon et Ann Prunty, sont venues rejoindre l'équipe de l'accusation, selon une source au bureau du procureur ayant requis l'anonymat, citée par le New York Times.
Mme Illuzzi-Orbon a été récemment nommée par le procureur général Cyrus Vance à la tête de l'unité spéciale anticrime racial, et a remporté dans sa carrière des victoires dans des cas de viol ou de crime.
Mme Prunty, de son côté, a aussi plusieurs importantes batailles à son actif, dont la condamnation à 422 ans de prison en 2008 d'un homme accusé d'avoir violé et torturé pendant près de 20 heures une étudiante de l'université Columbia.
Mme Prunty est connue notamment pour son parler cru aux audiences, et pour n'éviter à la victime aucune question qui aide à convaincre les douze jurés de la culpabilité de l'accusé.
Dominique Strauss-Kahn, appréhendé le samedi 14 mai à bord d'un avion Air France en partance pour Paris, est en résidence surveillée dans une maison luxueuse de TriBeCa, un quartier huppé bohème du sud de Manhattan où il vit avec son épouse Anne Sinclair depuis que le juge a accepté sa libération sous caution.
Avant de vivre dans cette somptueuse résidence de plus de 600 mètres carrés où il a fait porter meubles et tableaux ces derniers jours, il a passé quatre nuits dans la redoutable prison de Rikers Island, au nord-est de Manhattan, puis cinq nuits dans un logement temporaire mis à sa disposition par la société chargée de sa surveillance.
Équipé d'un bracelet électronique à la cheville, le socialiste dont la candidature à la présidentielle française de 2012 était attendue a une liberté de mouvement très limitée.
Il a remis tous ses documents de voyage aux autorités américaines, et ne peut se déplacer sous escorte que pour se rendre au tribunal, chez le médecin, chez son avocat ou à des offices religieux.
Les journalistes, surtout français, qui sont postés en permanence devant la maison du 153 Franklin street, traquent tout mouvement, et des photos de lui se rendant chez Benjamin Brafman, ou d'Anne Sinclair allant faire des courses, sont publiées quotidiennement.
Après avoir fait la Une des tabloïdes new-yorkais qui l'ont baptisé «Le Perv», abréviation de pervers, DSK, qui a démissionné du FMI et écrit à ses anciens collègues qu'il vivait «un cauchemar» a laissé la place dans les médias américains à d'autres scandales politico-sexuels ou affaires de viols. – avec AFP