Lorsque l’élu guinéen du 7 novembre 2010 dit qu’il a «hérité d’un pays et non d’un Etat», cette déclaration dérange certains compatriotes. Et pourtant, elle n’est pas une de trop. Et le fait de la ressasser n’est pas non plus, pour se dédouaner ou une fuite de ses responsabilités. C’est une autre façon d’inviter les Guinéens à accepter d’ouvrir les yeux sur la réalité du travail à accomplir.
Tenez ! Comment comprendre par exemple, que le centre national de transfusion sanguine (CNTS) du CHU de Donka, manque de sang ? En effet, depuis le 29 mai dernier, le CNTS est en RUP-TURE TO-TALE de pochettes de collecte de sang. Il a fallu qu’un agent de l’hôpital Donka meure de manque de sang pour que les journalistes soient entrepris par certains collègues de la défunte pour que cette pénurie soit ébruitée. On constatera, par la suite, qu’elle n’est pas la seule victime de cette incurie.
Une structure privée viendra au secours du centre. Les téléspectateurs n’avaient pas compris l’ampleur du désastre en voyant le Président Alpha Condé lui-même présider la cérémonie de remise des pochettes de collecte de sang. «Une situation inexplicable pour un pays de 53 ans d’indépendance», s’indignaient certains.
Du coup, le Chef de l’Etat entreprend de faire importer deux millions de pochettes de certains pays amis. Des pays qui, eux, n’ont négligé aucun paramètre dans la mise en place d’un Etat moderne et sa gestion correcte.
Les différents constats de la presse feront ainsi prendre conscience, par les uns et les autres, de l’ampleur de la calamité.
Et les arguments du directeur du centre de transfusion ne sont pas pour rassurer. Pour Dr André Loua, «les moyens financiers, notamment, dont dispose le CNTS sont considérablement réduits. Ce qui empêche de faire un stock important pour faire face à l’ensemble des besoins.»
Raison invoquée par le directeur : «Depuis le début de l’année, on n’a pas reçu encore de la part de l’Etat, mais aussi de la part des partenaires traditionnels qui soutiennent ce secteur.»
André Loua se défend d’autre part, de n’avoir pas pris les devants pour parer à cette grave crise : «Nous avons informé les autorités du ministère de la santé. La liste des besoins a été transmise aux différents partenaires techniques et financiers du ministère de la santé. Mais, la plus part ont répondu qu’ils n’avaient pas les moyens de pouvoir mettre à disposition ces produits. D’autres ont promis…»
Les proches des malades ont ainsi été obligés de se rendre dans l’un des grands marchés de la capitale, Madina, pour se procurer pochettes et mêmes outils qui entrent dans la collecte et la transfusion du sang. Le comble.
Face à cet état de fait, le Président de la République vient d’élever le ton. Le Professeur Alpha Condé commence par dénoncer ce grave dysfonctionnement du CNTS : «Je suis vraiment choqué de cette situation. Il est inadmissible que le service qui est chargé de faire des transfusions soit en manque de poches. C’est réellement une irresponsabilité de ce service. Les gens sont morts parce qu’ils n’ont pas été transfusés. J’ai été obligé donc, d’appeler Dakar et Ouaga pour qu’on nous envoie ça en urgence.»
Pour le Chef de l’Etat, le constat est clair : «Je constate que les services ne font pas leur travail. Or, la santé est une priorité. On ne peut pas attendre que l’on soit en manque pour demander. C’est une honte pour la Guinée. Donc, sincèrement, je suis très choqué.»
Conséquence attendue: «Nous allons réellement mettre de l’ordre comme nous allons mettre de l’ordre dans beaucoup de services. Parce qu’il y a beaucoup de cadres qui sabotent l’action du gouvernement. Et on va vérifier service par service. Des cadres qui ne viennent pas à l’heure, des hauts cadres qui viennent à 10 heures ou à 11 heures ou qui sabotent, nous allons désormais, mettre des pointages. Et nous allons surveiller tous les services, quiconque sabote, on l’enlève de sa place pour que cela ne se reproduise plus.»
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