Un des leaders de l'opposition sénégalaise, l'ancien Premier ministre Macky Sall, a accusé vendredi le pouvoir du président Abdoulaye Wade de "recruter des mercenaires" venant notamment de Côte d'Ivoire pour s'en prendre à l'opposition.
Le pouvoir a fait "recruter des mercenaires aux mains tâchées de sang venus de Côte d'Ivoire", mais aussi "de Guinée et du Nigeria" dans le but de commettre "des rapts d'opposants et de membres de la société civile", a dit M. Sall lors d'une rencontre avec la presse étrangère à Dakar.
"Quatre cent sont entrés sur le territoire national en passant par la frontière du sud" du Sénégal qui le sépare de la Guinée et de la Guinée-Bissau, a-t-il ajouté en précisant qu'il était en train "d'approfondir" ses investigations.
"Le pouvoir n'a plus que la terreur pour se maintenir", a affirmé M. Sall, président de l'Alliance pour la République (APR) qui ne cache pas qu'il sera candidat à la prochaine présidentielle de 2012.
"On ne peut pas terroriser tout un peuple, on le paye fatalement", a-t-il ajouté.
Interrogé par l'AFP, Moustapha Guirassy, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, a catégoriquement démenti ces accusations.
"Ce sont des déclarations très irresponsables et très dangereuses venant d'un ancien chef du gouvernement et d'un responsable politique" qui "déshonorent les Sénégalais", a-t-il dit.
Il a affirmé que le président Wade a "connu un parcours exceptionnel d'opposant" au cours duquel il disait qu'il ne "marcherait pas sur des cadavres pour accéder au pouvoir". "Il ne saurait être question pour lui de recruter des mercenaires", selon M. Guirassy.
Macky Sall a par ailleurs affirmé que le gouvernement sénégalais "a fait appel à la France pour avoir des armes, du matériel de maintien de l'ordre". "C'est la panique" au sein du régime, selon lui.
Le président Wade, âgé de 85 ans, au pouvoir depuis 2000 et candidat à sa propre succession en 2012, a été confronté le 23 juin à de violentes manifestations contre son projet de loi visant à faire élire en même temps l'an prochain un président et un vice-président avec 25% des voix au premier tour.
Face à la pression de la rue, le projet de loi a été retiré, mais selon Macky Sall, cette affaire "a ridiculisé le Sénégal".
Il a affirmé que le chef de l'Etat "a fini son temps et son oeuvre" après "une vie bien remplie" dans l'opposition et au pouvoir et qu'il doit partir en 2012, sa candidature étant selon lui anticonstitutionnelle, puisqu'il a déjà effectué deux mandats.
Selon lui, les marches de protestation contre une nouvelle candidature de Wade, à l'initiative d'une soixantaine de partis d'opposition et d'organisations de la société civile regroupés au sein du Mouvement du 23 juin, ne vont "pas s'arrêter".
Le droit de manifester est "un droit fondamental", a-t-il rappelé. – avec AFP